Il est des habits de lumière qui ne brillent qu’au soleil de l’effort, des drapeaux de guerre qui ne flottent que dans le vent des sommets. Le maillot à pois du Tour de France, ce veston blanc constellé de rouge, semble taillé dans le panache et cousu d’épopée. À l’heure où les champions calibrés pour les watts et les plans d’entraînement par satellite hantent les routes, il reste, ce maillot, l’emblème de la bravoure à l’ancienne. Celui qui ne se gagne pas sur les watts mais au souffle court, dans le halètement du col, là où l’homme redevient poussière mais peut aussi devenir légende.
Le 1er juillet prochain, sur les routes sinueuses du Tour, il fêtera ses 50 ans d’existence textile. 1975-2025 : un demi-siècle que les pois rouges font battre les cœurs. Avant cela, il n’y avait que des chiffres, des points et quelques lignes dans L’Équipe pour désigner le roi des montagnes. Puis un certain Félix Lévitan, directeur du Tour au panache presque aussi flamboyant que les mollets de ses coureurs, décida de donner un corps, une peau, un symbole à ces grimpeurs de l’extrême. Et comme souvent dans le cyclisme, c’est l’élégance d’un détail qui accouche d’un mythe : l’idée lui vint de reprendre le motif de la tenue d’Henri Lemoine, pistard des années 30 surnommé « P’tits pois ». Le sponsor Chocolat Poulain fit le reste.
Depuis, le maillot à pois n’a pas pris une ride – même si son sponsor, lui, a changé au gré des enseignes de la grande distribution. Aujourd’hui, c’est E.Leclerc qui s’y colle, comme pour rappeler que le sommet est aussi une affaire populaire, un combat de tous les jours. Car dans ce monde qui nivelle tout par le bas, le maillot à pois rappelle que la noblesse se conquiert encore par le haut.
Mais ce vêtement singulier n’est pas seulement une récompense. Il est un appel à l’attaque, un totem de la bravoure, un drapeau hissé par les audacieux. Il dit : « Je ne gagnerai peut-être pas le Tour, mais j’aurai allumé tous les feux de la montagne. » Il sacre les poètes du pédalier, les romantiques du braquet, ceux qui sortent du peloton comme on se jette dans la bataille, pour le panache plus que pour la gloire.
Et parmi ces chevaliers, un nom résonne plus fort que les autres : Richard Virenque. Sept fois maillot à pois, sept fois dompteur de cimes, sept fois héros d’un peuple qui, dans ses ascensions, lisait autre chose que des données. Il y avait du tragique, du combat, des larmes et des sourires, des envolées comme des chutes. Il était celui qui faisait vibrer les foules au sommet de l’Izoard ou du Tourmalet, et même quand il tombait, c’était avec style. Richard, c’était l’incarnation du mot « grimper », dans ce qu’il a de plus beau : s’arracher, s’élever, croire encore.
Ce n’est donc pas un hasard si c’est lui qui signe la préface de « 50 ans de maillot à pois », livre-événement signé Serge Laget à paraître pour l’anniversaire du mythique bout de tissu. Il y rend hommage à ses prédécesseurs – Bahamontes, Van Impe, Bartali – et à ses héritiers – Bardet, Barguil, Pogacar. Car oui, même à l’heure des coureurs polygames qui veulent tout gagner en même temps, le maillot à pois conserve sa noblesse unique : celle de ne couronner qu’un seul roi, celui qui dompte les cols sans filet.
Au final, ce maillot à pois, c’est un peu comme une métaphore du cyclisme à la française : élégant, un brin décalé, mais fondamentalement courageux. Il ne récompense pas seulement la puissance, mais l’élan, le feu intérieur, la beauté du geste. Il est ce qu’on ne programmera jamais sur un capteur.
Alors quand débutera ce nouveau Tour, surveillez-le comme on regarde un ciel d’été percé d’étoiles : il vous dira, bien plus que n’importe quel tableau Excel, qui est encore capable, à l’heure du cyclisme rationnel, de transformer la souffrance en poésie. Et si, au sommet de l’Aubisque ou du Galibier, un maillot à pois se lève sur les pédales, tenez bon : la légende est encore en train de s’écrire.
YV
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Une réponse à “50 ans de maillot à pois sur le Tour de France. Le panache en pointillé : éloge du meilleur grimpeur, roi des cimes et des cœurs”
« les liens entre les médecins et les sportifs comme Richard Virenque « dopé à son insu » évoqueront les recherches de performances de certains sportifs. » fin de l’article sur France Soir du 14 juin 2025 à 10 heures : source : « https://www.francesoir.fr/societe-sante-culture-celebrites/les-docteurs-des-puissants-joe-biden-et-le-mystere-de-son-etat » ; j’attends avec impatience ce qu’il en est vraiment dans le prochain article de ce média indépendant à soutenir aussi. Richard était, certes, un super champion cycliste qui m’a fait vibrer lors des anciens tours de France dans les années 90.