Après le drame survenu dans une école de Graz, les autorités autrichiennes souhaitent durcir l’encadrement de l’accès aux plateformes numériques pour les mineurs. Le vice-chancelier Andreas Babler (SPÖ) plaide pour une interdiction des réseaux sociaux jusqu’à l’âge de 15 ans, une proposition directement inspirée des positions défendues par Emmanuel Macron au niveau européen. Le ministre de l’Intérieur Christian Stocker (ÖVP) a confirmé que plusieurs pistes sont à l’étude, dont celle d’une limite d’âge obligatoire pour accéder à des services comme Instagram, TikTok ou Snapchat. Pour l’heure, aucune décision concrète n’a été arrêtée, mais un tour de vis semble inévitable.
En novembre 2024, l’Australie avait déjà interdit l’usage des réseaux sociaux aux moins de 16 ans, confiant aux plateformes la responsabilité du contrôle d’âge. L’Autriche pourrait s’inspirer de ce modèle, dans un contexte où l’interdiction des téléphones portables à l’école est déjà actée depuis mai 2025, après des premières mises en œuvre locales en Styrie et en Carinthie dès février.
Une pression croissante contre les algorithmes étrangers
Le gouvernement autrichien s’appuie sur un constat inquiétant : les jeunes, de plus en plus connectés, sont exposés à des contenus violents, extrémistes ou fallacieux sans que les grandes plateformes, souvent basées hors d’Europe, ne rendent réellement de comptes. « Nous devons protéger nos enfants des algorithmes des groupes en ligne », a déclaré Andreas Babler cité le 20 juin par le quotidien autrichien Die Presse, dénonçant un environnement numérique saturé de « fausses nouvelles, de véritables représentations de la violence et de contenus extrémistes » transmis sans contrôle par des « groupes privés extra-européens ».
Les Verts, partenaires de coalition, soutiennent cette approche. Leur porte-parole Barbara Neßler exige l’instauration d’un âge minimum légal, des contrôles d’âge obligatoires, ainsi que des sanctions financières pour les entreprises qui ne respecteraient pas ces règles. Elle demande aussi que l’éducation à l’usage des réseaux sociaux soit renforcée à l’école, afin d’offrir aux élèves les repères nécessaires pour faire face aux dérives du numérique.
Andreas Babler. Source : parlament.gv.at
Une stratégie nationale ou européenne ?
Si le SPÖ appelle à inscrire cette réforme dans une démarche européenne coordonnée, Andreas Babler n’exclut pas des mesures autrichiennes unilatérales en cas d’inaction à Bruxelles. Il souhaite inscrire ce débat à l’ordre du jour de la présidence danoise du Conseil de l’Union européenne à partir de juillet, et appelle à une application renforcée du Digital Services Act. Le ministre Alexander Pröll (ÖVP) a évoqué de son côté une possible base juridique nationale fondée sur le RGPD, qui interdit le traitement des données personnelles des enfants de moins de 14 ans sans autorisation parentale.
Faute d’une action concertée à l’échelle de l’UE, l’Autriche pourrait ainsi imposer un cadre strict, obligeant les géants du numérique à revoir en profondeur leurs pratiques. Pour Vienne, il s’agit d’une question de souveraineté éducative autant que de protection de l’enfance.
Crédit photo : capture YouTube (photo d’illustration)
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