Graphisme, design, illustration : l’IA devient-elle l’alliée des créateurs bretons ?

L’intelligence artificielle s’installe progressivement dans les usages professionnels de divers secteurs, jusque chez les créateurs visuels. En Bretagne, plusieurs initiatives locales montrent que ce virage technologique ne s’oppose pas à la création mais peut, au contraire, en prolonger les intentions.

Entre tradition bretonne et outils numériques

À Morlaix, Sébastien K. a créé un personnage pas comme les autres : Anne Kerdi, une influenceuse virtuelle qui parle de la Bretagne avec fraîcheur, images à l’appui. Entièrement générée par intelligence artificielle, elle incarne une région jeune et connectée. Son visage, ses mots, ses paysages : tout est produit par des outils numériques. Et pourtant, elle raconte la Bretagne comme le ferait une conteuse d’autrefois.

Derrière ce projet, c’est toute une génération de créateurs bretons qui commence à tester de nouveaux logiciels, non pas pour produire plus, mais pour chercher autrement. Dessinateurs, photographes, graphistes… beaucoup s’en servent comme d’un carnet de croquis numérique, un terrain d’expérimentation rapide et sans contraintes. Ceux qui veulent aller encore plus loin se tournent aussi vers les formations en ligne. Pour les créatifs, une formation Midjourney, par exemple, donne des repères concrets pour apprivoiser l’outil sans perdre leur patte.

Dans les faits, ces technologies peuvent intervenir à différents niveaux du processus créatif :

  • Générer des ambiances visuelles rapidement ;
  • Tester des compositions graphiques en amont d’un projet ;
  • Explorer des styles artistiques variés sans contraintes logicielles ;
  • Proposer des variations d’un même visuel en quelques secondes ;
  • Décliner des éléments pour différents supports numériques ou imprimés ;
  • Gagner du temps sur des tâches répétitives sans sacrifier la qualité.

Créer, sans se faire avaler par la machine

Ce qui ressort des retours de terrain, c’est une envie de garder la main. L’IA ne remplace ni le coup de crayon, ni l’inspiration, ni la connaissance des symboles bretons. En revanche, elle peut accélérer un processus, aider à poser une ambiance, tester des couleurs, ou tout simplement sortir d’une impasse créative. On l’utilise comme on feuilletterait un livre d’images ou qu’on ferait un brainstorming entre collègues : pour faire émerger des idées, pas pour suivre des recettes.

Cette manière d’utiliser l’IA avec parcimonie et recul se retrouve aussi dans le projet Breizh IA, lancé par le média NHU Bretagne. Ce chatbot, intégré directement sur leur site, permet aux lecteurs de poser des questions sur la langue bretonne, l’histoire ou la culture, et d’obtenir des réponses formulées avec justesse. Là encore, l’intelligence artificielle ne se veut pas remplaçante des savoirs humains, mais un outil de transmission, ancré dans une logique locale.

Redonner du souffle à la création indépendante

Pour les indépendants, souvent seuls face à leurs projets, l’IA peut aussi être un levier. Pas forcément pour aller plus vite, mais pour aller plus loin. En explorant de nouveaux styles, en testant des compositions inédites, en visualisant des idées avant de passer à la phase de production. Elle peut aussi aider à sortir des schémas répétitifs, à s’amuser, à se surprendre soi-même.

Certains y voient même une forme de liberté retrouvée : celle de ne pas dépendre d’un gros studio, d’un logiciel hors de prix ou d’un temps qu’on n’a pas. Quand elle est bien utilisée, l’IA devient une boussole plutôt qu’un GPS.

Une expérimentation qui prend racine

La Bretagne n’a pas attendu d’avoir des budgets colossaux pour se lancer dans cette aventure numérique. Ce sont des passionnés, des curieux, des créateurs souvent discrets mais exigeants, qui tracent aujourd’hui leur propre route. Pas question ici de suivre les tendances mondiales sans réfléchir. Ce qui compte, c’est de rester fidèle à ce qu’on veut raconter, avec ou sans machine.

Et c’est peut-être là que réside la force de ces initiatives bretonnes : dans leur capacité à marier l’ancien et le nouveau, la technologie et le sens, l’algorithme et la main. Une nouvelle façon de créer, à l’écoute du territoire, sans renoncer à ce qui fait l’âme de la Bretagne.

Article non rédigé par la rédaction de breizh-info.com

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