La situation reste alarmante pour les très petites entreprises françaises. Le dernier baromètre trimestriel du Syndicat des Indépendants et des TPE (SDI), réalisé fin juin 2025 auprès de plus de 1600 dirigeants, confirme la profonde détresse d’un tissu entrepreneurial essentiel, mais oublié. Malgré quelques signes d’amélioration, les voyants restent au rouge.
86 % des dirigeants ont un moral négatif
Ils se disent inquiets (41 %) ou désabusés (27 %), et près de la moitié (48 %) ont envisagé de tout arrêter pour des raisons psychologiques. Le chiffre est glaçant : 80 % des dirigeants se sentent isolés dans leur activité.
Cette santé mentale dégradée est le reflet d’un contexte économique pesant. Le SDI évoque une “usure mentale grandissante” qui s’explique notamment par la faiblesse des revenus : 51 % des dirigeants ne se versent pas un salaire supérieur au SMIC, malgré des semaines de travail dépassant les 48 heures. À l’heure où la “santé mentale au travail” est sur toutes les lèvres, les artisans, commerçants et indépendants ne sont, eux, que très rarement pris en compte.
Si le taux de TPE en difficulté de trésorerie recule légèrement à 54 % (contre 59 % au T1), la situation reste tendue. Les causes sont connues : charges trop lourdes, marges faibles, fiscalité étouffante. Près d’un quart des demandes de crédits de trésorerie sont toujours refusées, et 81 % des demandes d’étalement des PGE (Prêts Garantis par l’État) sont rejetées par les banques, qui maintiennent une ligne dure.
Un tiers des TPE remboursent encore un PGE, et près de 6 sur 10 rencontrent des difficultés à respecter les échéances. Ce passif hérité du Covid continue de plomber la capacité d’investissement et la sérénité des dirigeants.
L’activité reste en berne
Même si la situation s’améliore légèrement par rapport à un premier trimestre catastrophique, 54 % des dirigeants constatent une baisse de leur chiffre d’affaires au T2 2025. Cette baisse s’explique par une diminution du panier moyen (81 %) et du volume de commandes (78 %). Le redressement est trop timide pour compenser les effets de la crise. Les entreprises rurales et artisanales, déjà fragilisées, sont particulièrement touchées.
Seules 14 % des TPE cherchent à recruter, un chiffre en légère hausse, mais les freins restent massifs : manque de trésorerie, charges élevées, absence de candidats compétents. Pire : 96 % des dirigeants rencontrent des difficultés à recruter, dénonçant un manque de motivation, de savoir-être, et de compétences des postulants.
Le baromètre du SDI tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme. L’absence de perspectives claires, les contradictions fiscales et sociales, et l’isolement croissant des chefs de petites entreprises laissent présager d’un écosystème entrepreneurial en voie de fracture. Les décideurs politiques semblent sourds à ces signaux d’alerte répétés.
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