Sous couvert d’engagement humanitaire, certains voyages solidaires financés par des jeunes Occidentaux alimentent une économie douteuse et nuisent parfois aux populations locales. Un phénomène en pleine expansion, souvent loin des promesses initiales.
Une formule séduisante, mais trompeuse
Dans un mélange de bonne conscience et de recherche de sens, le « volontourisme » séduit chaque année des milliers de jeunes Occidentaux en quête d’engagement à l’étranger. Contraction de « volontariat » et de « tourisme », cette formule consiste à payer pour participer à des missions humanitaires ou solidaires à l’international. Comme l’expliquait déjà Le Figaro en 2022, des organismes privés, parfois lucratifs, proposent ces séjours en échange de sommes pouvant aller jusqu’à 3 000 euros pour deux semaines, hors billet d’avion.
Mais derrière les intentions généreuses, la réalité est souvent tout autre. En novembre 2024, le magazine L’Étudiant rapportait le témoignage d’Emma, partie au Togo en 2021 : « Je me sentais immature et impatiente, mon sentiment d’imposture était énorme ». Elle avait aussi expliqué que l’argent versé devait financer les soins des enfants, mais aucun fonds n’a été débloqué. L’association sur place, sans site internet, se contentait d’appâter les volontaires avec des photos d’enfants sur les réseaux sociaux.
Un marché mondial aux effets pervers
Le volontourisme est aujourd’hui un marché estimé à 2 milliards de dollars par an, selon France Volontaires. Dans certains cas, les conséquences sont délétères : enseignants locaux remplacés par des volontaires non qualifiés, fournitures revendues sur le marché noir, ou même création d’orphelinats de façade. Auprès du Figaro, Clarisse Bourjon, de France Volontaires, précisait en 2022 : « Au Cambodge, leur nombre a explosé pour répondre à la demande du bénévolat. Des orphelinats se sont montés près des sites touristiques où 80 % des enfants placés n’étaient pas orphelins ».
Plus grave encore : des enfants sont parfois arrachés à leur famille pour être présentés comme orphelins à des touristes en quête d’émotion. Le documentaire « Tourisme humanitaire, le business de la honte », diffusé en 2021 sur la chaîne de télévision suisse RTS, avait déjà montré des bénévoles sans diplôme soigner des patients dans un hôpital tanzanien.
L’illusion d’un engagement utile
Loin d’être marginal, le phénomène touche aussi les ONG dites « humanitaires », notamment aux frontières de l’Europe, où des jeunes idéalistes sont parfois mobilisés dans des missions servant indirectement à l’acheminement de migrants illégaux. Ces actions, sous couvert de solidarité, posent des questions politiques, économiques et morales.
Le même article du magazine L’Étudiant évoquait aussi le témoignage malaisant de Céline, partie au Burkina Faso : « On est arrivé avec notre vision des choses, sans chercher à comprendre leur culture ». Une autocritique partagée par de nombreux anciens volontaires. En effet, les bonnes intentions ne suffisent pas toujours.
Face à ce constat, des structures comme France Volontaires ou les dispositifs encadrés de service civique offrent des alternatives plus responsables. À condition toutefois d’abandonner toute posture de sauveur et de se confronter à une question essentielle : suis-je vraiment utile, ou juste en quête de sens personnel au détriment des autres ?
Crédit photo : capture YouTube (photo d’illustration)
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2 réponses à “Volontourisme : quand l’idéalisme devient une industrie à dérives [Vidéo]”
l’enfer est pavé de bonnes intentions
Ca rappelle l’affaire de l’Arche de Zoé en 2007 https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Arche_de_Zo%C3%A9
ils se sont bien défendus allant d’appels en relaxes,
oubliés le déguisement en uniforme de pompier français,
les faux bandages sur les enfants, etc.
gros délire paranoiaque à qui la justice donne raison finalement ?