Joyau patrimonial de la rade de Lorient, la citadelle de Port-Louis est aujourd’hui menacée dans sa structure comme dans son avenir. Fragilisée par les tempêtes successives, puis brutalement privée du soutien financier de l’État, elle se trouve dans une impasse. Le retrait sans préavis de la citadelle du protocole Culture-Défense a provoqué une onde de choc chez les élus, les habitants et les défenseurs du patrimoine. Un désengagement marquant le début d’un lent abandon ?
Abandon brutal et colère locale
C’est le 24 juin 2025, lors d’une réunion à Brest de la commission interministérielle des citadelles, que le maire de Port-Louis, Daniel Martin, apprend avec stupeur que la citadelle a été « rayée d’un coup de plume » du protocole Culture-Défense, comme l’expliquait France 3 Bretagne le 19 juillet. Aucun avertissement, aucune justification n’a été fournie. Dans une lettre ouverte adressée au Premier ministre le 1er juillet, le maire dénonce une décision prise « sans aucune information préalable ». Et d’ajouter, amer, auprès du quotidien le Télégramme le 2 juillet : « J’ai l’impression de voir des enfants qui jouent dans un jeu de quilles. »
Ce retrait administratif signifie la fin du cofinancement, jusque-là assuré à parts égales par les ministères des Armées et de la Culture, pour les travaux d’entretien. Or, la citadelle a subi d’importants dégâts lors de la tempête Herminia, fin janvier 2025. En 72 heures, une faille de 50 cm dans les remparts s’est transformée en brèche de 6 mètres sur 7, sous l’effet des vagues et du vent. Les toitures des deux musées (celui de la Compagnie des Indes et celui de la Marine) ont également été endommagées. Leur réparation est estimée à quatre millions d’euros. Faute de moyens, l’accès au public a dû être fermé pendant un mois. À cela s’ajoutent 250 000 euros de travaux d’urgence sur les remparts, que la commune doit, pour l’heure, assumer seule.
La Citadelle de Port-Louis. Source : lorientbretagnesudtourisme.fr
Une mémoire bretonne en péril
Construite en 1649 par l’amiral de La Meilleraye, la citadelle de Port-Louis fut conçue pour résister aux canons, pas aux assauts répétés de l’océan. « Ce sont des remparts faits pour protéger contre des agressions extérieures, pas contre la mer », rappelle le maire. Face au recul du trait de côte et à l’augmentation de la violence des tempêtes, l’entretien de cet édifice classé est un défi constant. Et pourtant, avec le retrait du protocole, la commune perd non seulement les financements, mais aussi l’appui technique de la DRAC, dont les experts guidaient jusqu’ici les interventions.
Propriétaire du site, l’armée ne semble pas en mesure d’assumer seule le financement. « Cela m’étonnerait fort », reconnaît Daniel Martin. « Ce serait même intolérable de la laisser gérer ce problème seule. » Le ministre porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, en visite sur place le 18 juillet, a reconnu que « très peu de personnes étaient au courant de cette décision administrative », tout en promettant de « trouver une solution » en lien avec Sébastien Lecornu et Rachida Dati. Mais aucune réintégration au protocole n’a encore été annoncée à ce jour.
La citadelle de Port-Louis accueille chaque année 80 000 visiteurs. Elle incarne un pan entier de l’histoire bretonne, de la Compagnie des Indes aux fortifications maritimes. Son déclassement soudain, alors que d’autres citadelles comme celle de Brest restent financées, interroge sur la logique de l’administration. À travers cette affaire, c’est une fois encore la culture qui paie le prix d’arbitrages opaques, et la Bretagne qui voit son patrimoine relégué. Si l’État entend encore parler de décentralisation ou de valorisation des territoires, il lui faudra d’abord prouver qu’il ne laisse pas sombrer, pierre après pierre, les témoins de son propre passé.
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
[cc] Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
6 réponses à “Port-Louis (Morbihan) : l’État abandonne la citadelle face aux tempêtes”
Là comme partout les hauts fonctionnaires ignares incultes incapables de gérer le pays n’ont même pas conscience des champs de ruines qu’ils créent sans vergogne
il arrivera à ce monument la même chose que celle qui arrive en sourdine à l’hôtel de la Marine à Paris devant la place de la concorde : un émir s’est engagé à y faire des travaux pendant 30 ans à raison d’un million par an ; il a déjà installé une partie de ses collections d’objets d’art : qui se souviendra de ce deal dans 30 ans ? ce bâtiment vaut certainement bien plus que 30 millions, cet Emir était le propriétaire de l’hôtel de Lambert dans l’ile de la Cité.
Il finira en mosquée ?
4 millions d’euros pour les reparations??? Ca me parait excessive..Peut etre faut-il demander l’aide des copmagnons du devoir, ca coutera moins cher.
@Rudi : Ou en prison Islamique.
Pourquoi une directive etatique parisienne est-elle necessaire pour restaurer ce batiment a Lorient ?
Si l armee ne peut en assumer la restoration, qu elle le cede a la ville de Lorient.
Il faut des macons, des charpentiers traditionnels, ils sont encore presents en Bretagne.
Lorient, Rennes, Brest ont des budgets sans fin de logements sociaux.