Éducation nationale : une jeunesse désarmée, des savoirs en déroute

On pourrait croire à une mauvaise plaisanterie, à une farce de fin d’année scolaire. Mais les chiffres tombés ce 9 juillet 2025, en provenance directe des services statistiques du ministère de l’Éducation nationale, n’ont rien d’un gag potache : moins d’un collégien de 3e sur deux maîtrise correctement le français et les mathématiques. Le socle commun est devenu terrain vague. Et dans ce marasme éducatif, les écarts de genre et de classe sociale tracent des frontières invisibles mais béantes, qui segmentent déjà la jeunesse comme une société de castes.

L’effondrement par les chiffres

46,6 % des élèves de 3e seulement atteignent le niveau jugé « satisfaisant » en français. À peine 45,7 % en mathématiques. Et encore : ces moyennes nationales masquent des réalités bien plus contrastées. Dans les quartiers dits « prioritaires », on chute à des niveaux dignes d’un pays sans école obligatoire. Tandis que les établissements « hors REP » (hors éducation prioritaire) affichent des résultats presque deux fois supérieurs.

Et il faudrait s’en satisfaire ? S’en remettre à des « plans ministériels » saupoudrés de slogans ? Pendant ce temps, les lycées professionnels deviennent des zones de relégation. Le bac est nivelé par le bas. Et les enseignants, eux-mêmes en proie à la perte de sens, désertent par centaines.

Quand le genre devient une barrière

Les filles, elles, sauvent les apparences… en français. 54,7 % d’entre elles atteignent le niveau attendu, contre seulement 38,7 % des garçons. Mais en mathématiques, les rôles s’inversent : 53 % des garçons s’en sortent contre à peine 40 % des filles. Des écarts que le ministère attribue à des « stéréotypes de genre » – ce qui revient à dire que l’on sait ce qui ne va pas, sans avoir jamais su corriger quoi que ce soit.

Faut-il y voir l’énième échec de la pédagogie égalitariste ? De l’absence de filières, de redoublement, de discipline et d’exigence ? Quand l’excellence est soupçonnée d’élitisme, il ne reste plus que la médiocrité comme horizon commun.

L’origine sociale, cette condamnation silencieuse

Plus inquiétant encore : le poids écrasant du déterminisme social. En classe de 5e déjà, les écarts entre les enfants d’ouvriers et ceux des classes favorisées doublent. La République, censée instruire pour libérer, semble désormais assigner à résidence. Et l’Éducation nationale, jadis matrice de l’ascenseur social, devient l’écho d’un monde figé où l’avenir se joue dès l’entrée au CP.

Lire un texte, comprendre une consigne, poser une division, structurer une pensée : autant d’aptitudes élémentaires qui s’effondrent. 16,8 % des élèves de 3e lisent moins bien qu’un écolier de CM2. C’est un signal d’alarme, un SOS éducatif. Et dans un monde de plus en plus technologique, complexe, instable, une jeunesse sans base solide devient une jeunesse vulnérable, livrée aux idéologies les plus simplistes ou aux écrans les plus abrutissants.

Et maintenant ?

La ministre Elisabeth Borne a lancé un « plan filles et maths ». Une mesure de communication, sans souffle ni ambition. Car le problème est plus vaste : c’est l’École dans son ensemble qui est malade. De sa déconstruction. De son abandon par les élites. De sa soumission aux dogmes pédagogiques les plus stériles.

Dans un pays où l’on réécrit les fables pour ne pas choquer, où l’on gomme la grammaire pour ne pas exclure, où l’on remplace les dictées par des devinettes de groupe, il n’est pas étonnant que la langue et la logique s’effacent.

Il est temps d’oser l’inverse : retrouver le goût de la rigueur, de la transmission, du mérite. Loin des lubies idéologiques, des injonctions victimaires, et des usines à gaz administratives. C’est cela, ou laisser la France devenir un pays de seconde zone – non pas par manque de ressources, mais par refus d’exigence.

L’urgence est là, palpable, vérifiable. La question n’est plus de savoir s’il faut agir. La vraie question, c’est : qu’est-ce qu’on attend ?

Crédit photo : DR
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8 réponses à “Éducation nationale : une jeunesse désarmée, des savoirs en déroute”

  1. Yann dit :

    La sainte carte des QI explique beaucoup de choses. Il eût été préférable de le mentionner également

  2. Rycart dit :

    Que dire de certains enseignants au primaire qui n’écrivent pas correctement en français et qui sortent des aberrations en mathématiques ?
    Le niveau de certains est pitoyable, désolant, dans le public comme dans le privé…

  3. Dédou dit :

    Il y a 25 ans, Brighelli publiait  » La fabrique du crétin  » et depuis ça n’a fait que dégringoler. Contestation de l’autorité, de la sélection, des règles de grammaire ou d’orthographe etc…le nivellement égalitaire par la médiocrité est la pépite de la gauche qui valide 95 % de réussite au BAC… à mourir de rire….au delà des chiffres pensez à la volonté politique d’ abêtir le peuple pour le rendre facilement manipulable grâce aux propagandes des chaînes publiques et à l’addiction du téléphone mobile. Leurs lardons sont dans les écoles privées, le public c’est pour les gueux et les sans dents comme disait Flanby !

  4. Lamy dit :

    Bonjour et merci pour cet article. Pourriez vous mettre le lien vers ce rapport pour ceux qui veulent le lire ? Merci.

  5. NEVEU Raymond dit :

    Inéducation Nationale est un repaire de fainéants (300.000 fonctionnaires qui ne servent que pour les examens mais un terreau de socialistes)…la plupart des profs et plus généralement enseignants d’aujourd’hui sont déjà les produits de cette pétaudière qui sévit depuis 1990, en fait la pagaille commence doucement avec la loi Haby en 1964 mais le bordel s’est accéléré! Nous avons sauvé nos enfants nous sauverons nos petits enfants, que le bas de gamme se démerde!

  6. Rycart dit :

    Achtung ! Ne pas opposer public et privé !
    Certaines rares classes du public comme du privé fonctionnement fort bien.
    La majorité, hélas, ont des enseignants béotiens et des élèves mal orientés…

  7. machinator dit :

    Il faudrait déjà renommer Éducation Nationale en Instruction Nationale. L’éducation est à la charge des parents et cela supprimera les malentendus. Ah oui, c’est vrai, maman avec son compte Instagram n’a plus le temps et papa est sur Steam.

  8. Jacqueline Sariola dit :

    Exact. J’ai connu une enseignante des écoles dire aux gamins : 2 fois zéro = 2 (2 x 0 =2)
    Pourquoi? Dans son esprit « Si j’ai 2 bonbons et que je les multiplie par 0, il m’en reste toujours 2 dans la poches » Donc 2 x 0 = 2
    Mais « si j’ai zéro bonbon dans la poche et que je les multiplie par 2, j’en ai toujours zéro puisque je n’ai rien au départ. » Raisonnement véridique rapporté par un bambin à sa maman.
    Conclusion : 2 x 0 = 2 mais 0 x 2 = 0.
    C’est ce qu’on appelle la « commutativité ». Mais avec zéro, elle ne fonctionnait pas !
    Ça craint un max n’est-ce pas !

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