Un article de Sud Ouest au titre choc : « Pédocriminalité : « à un instant T, 2,6 millions de pédocriminels sont en ligne », selon une experte » a été largement relayé sur les réseaux. Ce chiffre est-il cohérent avec la réalité ? La Team Moore, le collectif de citoyens pour la protection de l’enfance sur internet, a tenu à revenir sur cette donnée dans un long message bien instructif.
Dans une entrevue du 7 avril dernier, Véronique Béchu, commandante de police et auteur du livre « Derrière l’écran, combattre l’explosion de la pédocriminalité en ligne » alertait sur ce fléau, avançant un chiffre :
« Les experts estiment qu’à un instant T, il y a 2,6 millions de pédocriminels en ligne dans le monde. »
La Team Moore juge cependant qu’il n’est qu’une estimation, qu’aucun d’entre nous ne pourrait sourcer ou vérifier :
En réalité, personne ne saurait dire combien de millions de prédateurs sont en ligne en 2025 et il est tout à fait possible que ce soit deux, cinq, voire même dix fois plus.Entre les réseaux sociaux, les messageries cryptées, les jeux en ligne, les tchat, les différentes plateformes et le darknet, il est fort probable que la réalité dépasse l’imagination.
Avant de préciser :
Une partie des observateurs imaginent encore qu’il y aurait d’un côté les « pédophiles virtuels d’internet » et de l’autre les « pédocriminels du monde réel qui agissent au sein de leur famille ou entourage », sans avoir conscience qu’une partie d’entre eux agissent sur différents tableaux. Pourquoi se contenter des mineurs de leur cercle familial, professionnel ou associatif, quand ils peuvent avoir des catalogues entiers de victimes potentielles à disposition en quelques clics ?
Contrairement à certaines idées reçues, les profils des prédateurs sur internet sont très variés, de toutes origines ou milieux sociaux professionnels (…) Le seul point commun de tous ces chasseurs d’enfants est leur volonté d’entrer en contact avec des mineurs et de partager leurs fantasmes. Propos à caractère sexuel, envoi de contenus pornographiques, masturbations en direct, propositions de rencontres, manipulations, harcèlement, menaces de mort, ils utilisent différents stratagèmes pour arriver à leur fin.
Rappelons que les signalements de contenus pédocriminels en ligne ont augmenté de 6 000 % au cours des dix dernières années dans l’Union européenne, selon la commissaire européenne Ylva Johansson, avec plus de 100 millions de photos et vidéos à caractère sexuel impliquant des enfants repérées dans le monde en 2023. Un chiffre là aussi bien en deçà de la réalité puisqu’il s’agit seulement du nombre de signalements, et qu’on ne peut imaginer la quantité de photos et de vidéos non repérées.
Selon Véronique Béchu « Peu de personnes sont au courant de ce qui se passe en ligne pour les mineurs, même dans le monde de la protection de l’enfance. » Car la plupart des individus – et les parents en premier – minimisent le danger, rétorquant souvent aux personnes averties que ce ne sont là que des exagérations.
Mais quelle que soit la difficulté à obtenir des chiffres fiables, alerter l’opinion publique sur l’ampleur de ce fléau mondial est un enjeu de société. « La protection de l’enfance n’étant pas une priorité pour les autorités », comme le déplore la commandante de police, chaque parent se doit être vigilant.
Parce que « Les prédateurs sont dans la poche de vos enfants » (Team Moore, aux éditions Télémaque).
Audrey D’Aguanno
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