L’État islamique a lancé un nouvel appel à ses partisans en Afrique à « mener le djihad » jusqu’aux côtes européennes. Dans un message relayé par le quotidien espagnol La Razón le 14 août dernier, l’organisation terroriste ordonne à ses combattants : « Ô chevaliers de l’Islam en Afrique, […] que Dieu protège vos chemins, préserve votre combat […] jusqu’aux côtes de l’Europe, en l’envahissant, en dissipant sa sécurité et en transformant ses rues et ses capitales en nouveaux “Ituri” et “Cabo Delgado” ». C’est-à-dire en zones de chaos semblables à ces provinces du Congo et du Mozambique ravagées par l’insurrection djihadiste. Cette injonction s’inscrit dans une stratégie plus large déjà observée par Sahel Intel (plateforme spécialisée dans l’analyse des menaces djihadistes en Afrique) : les combats au Congo et au Mozambique ne sont « qu’un prélude » à ce que Daech « entend mener en Europe », expliquait déjà La Razón le 8 août.
Pour les services espagnols, cette menace ne relève pas de la fiction. La Razón rappelle que l’État islamique a déjà utilisé les flux migratoires pour infiltrer des combattants. En avril 2020, Abdel-Majed Abdel Bary, l’un des combattants terroristes étrangers les plus recherchés d’Europe, a été arrêté à Almería. Cet individu, de nationalité égyptienne et britannique, était arrivé par canot depuis l’Algérie, muni de faux papiers, accompagné d’un « garde du corps » et d’un logisticien, Siddiki et Chollouah. Leur objectif : maintenir active la cellule de Daech à laquelle ils appartenaient. En octobre 2020, le Tunisien Brahim Aoussaoui, auteur de l’attentat de la basilique Notre-Dame de Nice, était entré en Europe par Lampedusa, en Italie, en profitant des flux en provenance de Libye.
Les précédents les plus marquants demeurent ceux des attentats de Paris en 2015. Ce soir-là, des fragments de faux passeports syriens furent retrouvés près des corps de deux kamikazes du Stade de France, tous deux arrivés le 3 octobre 2015 sur l’île grecque de Leros, au sein d’un groupe de 198 migrants. Dans ce même groupe, l’Algérien Adel Haddadi et le Pakistanais Muhammad Usman ont été arrêtés en Autriche. Lors de leur interrogatoire, ils ont reconnu avoir été envoyés par l’État islamique pour une mission suicide. La Razón précise que la plupart des membres du commando étaient arrivés en Europe depuis la Syrie en se faisant passer pour des réfugiés.
Si le quotidien espagnol prend soin de préciser qu’« il ne s’agit en aucun cas de criminaliser l’ensemble des migrants qui […] le font par nécessité économique », il appelle à maintenir un haut niveau de vigilance. Face aux ordres explicites de Daech et aux précédents sanglants, le contrôle des routes côtières et des points d’entrée reste une priorité absolue pour les services européens, dans le cadre d’une coopération internationale renforcée. Avec des interrogations toutefois sur l’efficacité de ces dispositifs…
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