YouTube expérimente aux États-Unis un système de vérification d’âge fondé sur l’intelligence artificielle. L’objectif affiché est de mieux protéger les mineurs face à des contenus jugés inappropriés et de limiter les effets d’addiction. Mais cette innovation soulève déjà de vives inquiétudes sur la vie privée.
Une vérification automatisée en phase de test
La plateforme de vidéos détenue par Google a annoncé fin juillet le lancement de ce dispositif auprès d’une partie de ses utilisateurs américains. « Cette technologie va nous permettre de déduire l’âge d’un utilisateur et d’utiliser ce signal – indépendamment de la date de naissance indiquée dans le compte – pour proposer des expériences et des protections adaptées », a expliqué YouTube dans un billet de blog repris par Le Figaro le 14 août.
Concrètement, l’algorithme analyse « différents signaux », comme le type de vidéos consultées ou l’ancienneté du compte. Si le système estime que l’utilisateur a moins de 18 ans, les règles pour adolescents s’appliquent automatiquement : publicités non personnalisées, recommandations limitées et restrictions sur certains contenus sensibles. Selon CNN, en cas d’erreur, il sera demandé à l’internaute de prouver sa majorité, via une carte bancaire, une pièce d’identité ou un selfie.
Entre protection des mineurs et inquiétudes sur la vie privée
YouTube met en avant la nécessité de mieux protéger les jeunes, souvent exposés à des vidéos violentes ou sexuelles. Plusieurs gouvernements exercent en effet une pression croissante. L’Australie a récemment interdit l’accès à YouTube aux moins de 16 ans, après avoir déjà banni TikTok, X et Instagram pour les mineurs en 2024. Le ministre de la Communication, Anika Wells, a dénoncé des « algorithmes prédateurs ».
Mais les critiques ne manquent pas. Des internautes redoutent d’être signalés à tort et de devoir transmettre des données sensibles pour continuer à utiliser la plateforme adulte. Citée par CNN, Suzanne Bernstein, avocate à l’Electronic Privacy Information Center, a jugé auprès d’Ars Technica que « le malaise suscité par certaines procédures d’appel qui exigent de fournir des informations personnelles très sensibles est tout à fait compréhensible ».
Un porte-parole de YouTube a assuré à CNN que Google « utilise les mesures de sécurité les plus avancées au monde pour protéger les données des utilisateurs contre les menaces » et que les informations fournies « ne seront pas utilisées à des fins publicitaires ».
Une tendance générale chez les géants du numérique
YouTube n’est pas seul à recourir à l’intelligence artificielle pour contrôler l’âge de ses utilisateurs. Meta a annoncé en 2024 un projet similaire pour Instagram, tandis que TikTok cherche déjà à identifier les moins de 13 ans. Reddit et Discord appliquent aussi de nouvelles règles à la suite de la loi britannique sur la sécurité en ligne.
Ce renforcement généralisé de la surveillance numérique illustre la volonté des plateformes de répondre aux inquiétudes sur l’impact des réseaux sociaux sur la santé des mineurs. Mais il marque aussi une étape supplémentaire vers la collecte de données personnelles sensibles, imposée aux adultes eux-mêmes, dans un climat de méfiance croissante envers les géants de la Silicon Valley.
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
[cc] Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine