Opération « Raise the Colors » au Royaume-Uni : quand hisser le drapeau devient un acte de résistance

Depuis quelques jours, l’Angleterre connaît une vague inattendue de patriotisme populaire. Sous l’impulsion d’un mouvement spontané baptisé « Raise the Colours », des Union Jacks et des croix de Saint-Georges fleurissent sur les lampadaires, les ponts ou les façades de maisons, de Birmingham à Newcastle, de Norwich à Londres.

Une initiative citoyenne face au silence des élites

Lancée par de simples habitants lassés de voir leur identité nationale effacée de l’espace public, l’initiative s’est rapidement répandue grâce aux réseaux sociaux. Dans bien des villes, voir flotter le drapeau britannique hors d’un match de football ou d’un couronnement royal relevait de l’exception. Aujourd’hui, ces bannières se dressent de nouveau comme des symboles de fierté, et aussi de défi.

La riposte des municipalités


Les autorités locales, souvent dirigées par le Labour ou par des partis communautaires, s’empressent de décrocher les drapeaux. À Birmingham, le prétexte officiel est la « sécurité routière » : fixer un drapeau à six ou sept mètres de hauteur représenterait un danger pour automobilistes et piétons. Mais les mêmes élus n’ont trouvé aucun inconvénient, ces dernières années, à voir des drapeaux palestiniens tapisser les rues pendant des mois, ou à illuminer des bâtiments municipaux aux couleurs du Pakistan lors de sa fête nationale.

Dans le quartier de Tower Hamlets, à Londres, contrôlé par un parti pro-Gaza, le maire a promis d’enlever « immédiatement » toute croix de Saint-Georges ou Union Jack visible sur les infrastructures publiques. Une hâte qui tranche avec la complaisance dont avaient bénéficié les bannières palestiniennes, retirées seulement après la protestation de riverains juifs.

Une colère face au dénigrement identitaire

Pour les partisans du mouvement, ces « guerres du drapeau » sont révélatrices d’un malaise plus profond : la démonisation de l’identité britannique. Le drapeau anglais, autrefois symbole d’unité, est désormais présenté par certains universitaires et médias comme un signe « raciste », intrinsèquement lié au colonialisme. Le drapeau britannique, lui, est souvent réduit à un folklore désuet, voire accusé d’incarner un passé impérial honteux.

Cette propagande permanente alimente une véritable auto-culpabilisation nationale, au point que des écoles vont jusqu’à sanctionner des enfants pour avoir osé porter une robe à l’effigie de l’Union Jack lors d’une journée censée « célébrer les cultures ». L’identité anglaise ou galloise y est exclue, comme si elle ne faisait plus partie de la diversité légitime.

La montée de Raise the Colours s’inscrit aussi dans un climat de mécontentement plus général : immigration incontrôlée, insécurité croissante, et un pouvoir central accusé d’avoir renoncé à défendre le peuple autochtone. Les manifestations contre l’installation massive de migrants dans des hôtels, parfois après des faits divers dramatiques, ont renforcé cette colère.

Dans ce contexte, hisser le drapeau national devient plus qu’un geste symbolique : c’est une manière de reprendre possession de l’espace public face à une classe politique qui, selon beaucoup de Britanniques, ne les représente plus.

La gauche et une partie des médias accusent déjà le mouvement d’être instrumentalisé par « l’extrême droite ». Mais ses promoteurs rétorquent qu’il n’a rien d’exclusif : il s’agit simplement de rappeler que l’amour de son pays n’est ni un crime ni une idéologie extrême.

Comme le souligne un militant cité par la presse anglaise : « Aux États-Unis, personne ne s’offusque de voir flotter les étoiles et les bandes à chaque coin de rue. Pourquoi en Grande-Bretagne devrait-on s’excuser de brandir ses propres couleurs ? »

Derrière cette querelle de drapeaux se joue une véritable bataille culturelle : faut-il continuer à céder au récit dominant qui réduit l’histoire britannique à une suite de fautes, ou réaffirmer une identité nationale qui assume ses racines et sa continuité historique ? Ce qui est certain, c’est que Raise the Colours traduit une lassitude profonde. Beaucoup de Britanniques refusent désormais la logique de l’auto-dénigrement et veulent réhabiliter la fierté nationale.

Dans les rues, les drapeaux retirés par les municipalités réapparaissent souvent quelques heures plus tard. Comme un signe que, malgré la censure et les accusations, une partie du peuple britannique ne compte plus courber l’échine. Et si le mouvement Raise the Colours s’étendait dans d’autres pays (on a vu la même chose en Allemagne sur les réseaux sociaux) ?

Crédit photo : DR
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