« Diakate passe à M’Bali… qui envoie en profondeur pour Fofana… Mais Diallo s’interpose !… la balle repart dans le camp rouge et noir… »
Tous les week-ends c’est la même chose. Les soirées multiplex c’est devenu le bottin sportif de l’Afrique de l’Ouest. D’ailleurs, pourquoi continuer à organiser des matchs de foot à Guingamp ? Abidjan. Au « municipal ». Ce sera meilleur pour le climat. Et ça évitera du déplacement.
Au départ, le foot c’était les meilleurs dribbleurs de la commune qui jouaient contre les stars de la commune d’à côté. « Nos p’tits gars » de Belle-Isle-en-Terre contre ceux de Plounévez-Moëdec. Plus on montait dans les divisions, plus le choix s’élargissait au canton, au département, à la Région. En 1990, L’En Avant Guingamp, mon club !, évoluait déjà en Ligue 2 (« Deuxième division » à l’époque). L’effectif sentait bon la bouse de vache, l’aliment et le beurre salé : Stéphane Le Garrec dans les buts, Le Magueresse en défense avec Loïc Jouan, Bertrand Jacques, Yann Daniélou. Au milieu, c’était Jean-Jacques Houzé, Jacky Vidot, Christophe Le Roux, Edmond Hervé. Thierry Le Roux en numéro 10. Rouxel comme buteur star. Cette année 90, le club quittait Yves-Jaguin pour s’installer au Roudourou. Il y avait trois étrangers dans l’équipe : deux serbes Nikolic et Vranic. Ma voisine de l’époque jurait que Nikolic était breton. « Bah avec un nom pareil ». Elle disait même connaître sa tante « qui est de Trélevern et qui vend des oeufs ». Personne ne lui a jamais dit la vérité. Ah, il y avait un Congolais aussi, Gaston Mobati ! Souvenirs ! Il est resté une dizaine de matchs, a planté un pauvre but et a foutu le camp Dieu sait où.
Aujourd’hui, qui connaît les joueurs de Guingamp ? Jean-Jacques Houzé était de Saint-Brieuc, il est arrivé à 12 ans au centre de formation et partira du club en 96, à 25 ans ! Et Christophe Le Roux ? Toute sa carrière uniquement dans des clubs bretons, dont 9 ans à Guingamp !
Autrefois, on pouvait s’identifier à ces mecs. Pour certains, on avait été à l’école, au collège avec eux. C’était les meilleurs du coin et ils faisaient leur carrière dans le club du département. Qui oscillait toujours entre Ligue 1 et Ligue 2. Le samedi soir, on discutait avec leur famille. Venue en délégation au Roudourou. Après la traite. Fiers à bloc !
Maintenant, va courir après la famille de Louis Mafouta…
Le foot d’aujourd’hui n’a plus aucun sens. Des Africains contre d’autres Africains. Ils resteront 1 ou 2 ans dans l’équipe. Chercheront une meilleure place dans un championnat européen avec passage par l’Arabie Saoudite ou la Turquie dans les années creuses. L’arrêt Bosman a tout flingué.
Et dans les niveaux inférieurs, c’est exactement la même chose. Allez voir l’effectif du Stade Briochin ! Niveau National (la troisième division), 25% d’étrangers. Et pour les 75% restant, y’en a quand même qui sortent de Plaintel ou d’Yffiniac si vous voyez ce que je veux dire…
Ah si. Si si. Il existe encore des clubs authentiques ! Pas mondialisés ! Identitaires même ! Les clubs mahorais qui naissent un peu partout ! Depuis quelques années. A Guingamp, on a l’AS Mayotte. Ah bah là, c’est le foot d’avant l’arrêt Bosman. Monochrome !
Il reste le rugby ! Yann Vallerie ne jure que par ça. La « skipailh ». C’est vrai qu’ils mettent le breton en avant. Pas dire le contraire. Mais bon, au niveau effectif, ça ce n’est plus l’Afrique mais l’Océanie? Bientôt, il faudra faire jouer tout ce petit monde à Vanuatu. Au lieu de faire du chemin pour jouer sous la pluie à La Rabine.
Alors, ils servent à quoi les Européens, les Blancs, s’ils se font grand remplacer dans tous les sports ? Ils ne servent qu’à construire des fusées spatiales et le prochain Google, c’est ça ?
Le foot et, plus largement, le sport français est devenu l’exemple parfait de la société moderne. Avec externalisation maximale. Sous-traitance. Arrivage de joueurs du Congo-Brazzavile via Sarcelles en flux tendu toute l’année. Plus aucune charge identitaire, pour nous les cons qui regardons. Et payons fort chers nos abonnements.
Le football français est un écosystème global. Il m’arrive de penser qu’il s’effondrera. Par perte de sens. Car il nous ressemble de moins en moins. Car il ressemble vraiment vraiment au Grand Remplacement.
Anne-Sophie Hamon
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