Les rues de Londres connaissent une insécurité croissante : en 2024, pas moins de 116 656 téléphones portables ont été volés dans la capitale britannique, soit près de 330 appareils subtilisés chaque jour. Un record historique qui illustre l’impuissance des autorités à endiguer un phénomène devenu endémique.
Une explosion des chiffres en quelques années
Selon les données obtenues par le groupe de campagne Crush Crime auprès de la police métropolitaine, le nombre de vols de téléphones a progressé de plus de 50 % depuis 2017, où l’on recensait environ 77 000 cas. En sept ans, près de 684 000 téléphones ont été dérobés, représentant une valeur marchande estimée à 365 millions de livres sterling(environ 430 millions d’euros).
Les femmes constituent les premières victimes : 61 000 en 2024 contre 48 000 hommes, un écart que les autorités peinent à expliquer.
Plus inquiétant encore, malgré l’ampleur du phénomène, la police n’a poursuivi que 169 suspects l’an dernier. Sept d’entre eux ont simplement été relâchés avec un avertissement. Un chiffre dérisoire qui révèle l’ampleur du fossé entre la criminalité réelle et la réponse judiciaire.
De nombreux critiques reprochent à Scotland Yard de consacrer trop de moyens au contrôle des propos sur internet, tandis que la délinquance de rue prolifère sans réponse efficace.
Des gangs organisés et une ville sous pression
La police attribue cette vague de vols à des groupes criminels organisés. Ces derniers déploient des jeunes, souvent masqués, circulant à grande vitesse sur des vélos ou trottinettes électriques, qui arrachent les téléphones aux passants avant de disparaître dans la circulation.
Le ministre de l’Intérieur britannique, Yvette Cooper, a reconnu en janvier l’ampleur du problème, admettant que ces vols « laissent les rues moins sûres » et que « les réseaux criminels organisés » sont en grande partie responsables.
Le vol de téléphones n’est que la partie émergée d’un iceberg inquiétant. En un an, Londres a également connu une hausse de 18 % des crimes par armes à feu, 9 % des viols, 11 % des infractions sexuelles et 38 % des vols à l’étalage et cambriolages de commerces, selon l’Autorité du Grand Londres.
Pour Dr Lawrence Newport, fondateur de Crush Crime, « nous sommes au cœur d’une épidémie de vols de téléphones, et le gouvernement échoue à réagir ». Il rappelle que « la moitié des crimes est commise par seulement 10 % des délinquants », soulignant que l’incapacité à neutraliser ce noyau dur alimente l’explosion des délits.
Face à cette situation, le contraste est saisissant : d’un côté, un État qui promet depuis des années de renforcer les effectifs policiers ; de l’autre, une réalité où les criminels opèrent presque en toute impunité, transformant Londres en terrain de chasse quotidien.
Londres, autrefois présentée comme une capitale mondiale sécurisée, semble aujourd’hui devenir l’exemple même d’une grande métropole occidentale en proie à une criminalité banalisée et à une justice impuissante.
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