Le navire Mediterranea, de l’ONG Mediterranea Saving Humans, a débarqué dix migrants à Trapani, en Sicile, le 23 août, en violation directe des instructions du ministère italien de l’Intérieur qui lui avait désigné Gênes comme port sûr, à près de 1 000 kilomètres. L’embarcation a aussitôt été frappée d’une immobilisation administrative, mesure prévue par le décret Piantedosi adopté fin 2022 pour encadrer les activités des ONG en mer. Le texte impose aux navires de rallier « sans délai » le port assigné sous peine d’amendes, voire de blocage du navire.
Une désobéissance revendiquée
Les migrants secourus (Kurdes d’Iran et d’Irak, Égyptiens et Syriens, parmi lesquels trois mineurs de 14, 15 et 16 ans) avaient été « repêchés » dans la nuit du 21 août, après avoir, selon l’ONG, été jetés à la mer par un canot militaire libyen. Face à l’ordre de rallier Gênes, le chef de mission Beppe Caccia a dénoncé une décision « inhumaine et inacceptable », estimant qu’imposer « trois jours supplémentaires de navigation » revenait à infliger des souffrances inutiles. Les conditions de mer difficiles, « des vagues atteignant trois mètres de haut », ont également été invoquées pour justifier le choix du port sicilien le plus proche.
La présidente de l’ONG, Laura Marmorale, a assumé la violation des consignes : « La dignité et la vie humaine passent avant toute autre considération », a-t-elle déclaré selon l’agence de presse italienne Ansa le 26 août. L’accostage à Trapani a aussitôt entraîné la notification de l’immobilisation par la police, la garde des finances et les garde-côtes. La durée exacte de cette mesure doit être fixée par le préfet de Trapani.
Pression judiciaire et tensions régionales
Refusant de se placer sur le terrain de la seule infraction administrative, Mediterranea a déposé une plainte pénale auprès du parquet de Trapani, dénonçant les « intimidations » et les « tirs » de milices libyennes, et appelant la justice à enquêter également sur leurs supposés « complices italiens ». Une accusation grave qui vise à délégitimer la politique migratoire du gouvernement Meloni.
En parallèle, la tension reste vive en Méditerranée centrale. Le 24 août, l’ONG SOS Méditerranée a affirmé que son navire Ocean Viking avait été la cible de tirs nourris de la part des garde-côtes libyens, alors qu’il transportait 87 migrants. Le bateau a finalement été dérouté vers Syracuse.
Cette nouvelle affaire illustre l’impasse : d’un côté, un gouvernement qui tente de rétablir l’autorité de l’État en mer ; de l’autre, des ONG militantes qui défient ouvertement la loi italienne au nom d’un prétendu impératif humanitaire, transformant les côtes de Sicile en point de passage permanent de l’immigration illégale.
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