L’été touche à sa fin et avec lui ces longues journées si propices aux repas en plein air. Cette année encore une chose n’aura pas manqué : les barbecues, symbole ultime des phallocrates. Et bien moi, ces phallocrates, je les remercie !
Parce que tout ce machisme si brillamment dénoncé par notre Sandrine Rousseau chérie, je ne l’ai pas vu. J’ai vu au contraire des hommes dédiés à leurs convives, occupés à bien faire… et pas pour se dorer la pilule comme certaines le prétendent, mais pour faire honneur aux présents. Et j’ai eu l’occasion de constater une chose importante : quelque soit la compagnie, la réalité quotidienne dans laquelle évoluent les gens normaux est aux antipodes du monde de timbrés loué par les médias et excessivement commenté sur les réseaux sociaux.
Durant ces journées de convivialité marquées par la maîtrise mâle du feu, nous, les femmes, nous avons souvent cuisiné les accompagnements – c’est quand même moins chiant par 35 degrés -, servi les apéritifs, rangé, nettoyé, géré… sans nous sentir le moins du monde oppressées. Je le confesse, le thème de la parité de genre n’a pas été abordé… entre gens normaux, c’est rarement le cas. Quant aux enfants, ils ont mis la table. Car oui, malgré l’empreinte carbone et la charge mentale qu’ils procurent, nous, les gens normaux, on en fait encore. Et malgré la mode à l’éducation positive, nous avons imposé des corvées à nos rejetons (« non, c’est pas « ok » si tu ne veux pas aider ! »).
En plus de n’avoir nullement tiré à boulets rouges sur le patriarcat, il y a eu pire : nous nous sommes contrefoutus de l’hypocrisie verte. Il faut dire que quelques jours seulement avant notre barbecue, Sciences et Avenir publiait un article au titre éloquent : « Depuis 1990, les ultra-riches sont responsables des deux tiers du réchauffement climatique » et devant notre viande rouge saignante à souhait, on s’est dit qu’il ne fallait quand même pas nous prendre pour des cons, que si « les 1% des plus riches dans le monde ont contribué 26 fois plus à l’augmentation des vagues de chaleur extrêmes et 17 fois plus aux épisodes de sécheresse en Amazonie que la moyenne mondiale »... ça valait bien une entrecôte dégustée sans remords.
Voilà, beaucoup de lignes pour pas-grand-chose, ce n’est là en effet qu’une banale description de la normalité. Ce point est la raison même de ces maigres lignes un peu superficielles : nous sommes la majorité, nous sommes la normalité, fièrement et sans complexe ! N’en déplaise aux révolutionnaires de salons parisiens. Si nous ne sommes pas surreprésentés dans les médias et les universités, si nos enfants sont moins « activistes » que les leurs et ne se teignent pas encore les cheveux en vert à huit ans, nous sommes encore là, le sourire aux lèvres.
Il faut dire que nous les « Nicolas qui paye » nous avons assez de difficultés toute l’année pour apprécier ces moments de pause en famille et entre amis. Les faux problèmes – du genre de l’inquiétante augmentation des hommes performatifs – étant l’apanage de ceux qui n’en ont pas de vrais…
Nous n’avons, par exemple, strictement rien à faire si les mesdames osent encore s’épiler les jambes se soumettant, il paraît, aux diktats masculins, comme on ne s’interroge pas pour savoir si les messieurs doivent porter ou non un slip de bain, ce “piège que le patriarcat se tend à lui-même”, pas plus que l’on ne s’offusque que la levrette soit encore pratiquée. Et on ne sait toujours pas ce que diable peut être la circlusion « cette pratique qui réinvente complètement la pénétration » ! ( Car si les blagues grivoises fusent parfois, on est tous d’accord pour dire que la sexualité de chacun est du ressort de l’intimité, et ce, malgré les conditionnements sociaux à l’œuvre ). Vous l’aurez compris, ce sont là quelques-uns des sujets à la con qui ont occupé nos grands et beaux médias cet été.
Des médias qui, à défaut de traiter des vrais problèmes sociaux qui accablent les Français, font dans le sociétal, ce qui leur fournit au passage un prétexte pour s’introduire toujours plus dans la vie privée des gens…
La surreprésentation des wokes, des gauchistes et autres « progressistes » est spectaculaire, mais leur monde de tarés qui nous vante les tétines pour adultes et la pénétration masculine hétérosexuelle n’est qu’un théâtre, la partie immergée et bling bling de l’iceberg. Le reste, c’est nous.
Audrey D’Aguanno
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