Chaque automne, Dinard se métamorphose. Pendant cinq jours, la station balnéaire préférée des Anglais devient une vitrine du cinéma d’outre-Manche. Fondé en 1990 par Thierry de la Fournière avec l’appui du maire Marius Mallet, le Festival du film britannique de Dinard est né d’une intuition simple : et si cette ville façonnée par la présence anglaise devenait, l’espace d’une semaine, la capitale du cinéma britannique en France ?
L’histoire a donné raison aux audacieux. Trente-cinq ans plus tard, le festival s’est imposé comme un rendez-vous incontournable pour les cinéphiles, un trait d’union entre les rives de la Manche, où se mêlent prestige, découvertes et coups de projecteur sur de jeunes réalisateurs promis à un bel avenir.
Des Hitchcock d’Or devenus cultes
Si le symbole du festival reste la statue d’Alfred Hitchcock trônant sur la plage de l’Écluse, sa marque de fabrique est le Hitchcock d’Or, récompense suprême décernée chaque année. Et derrière cette statuette se cachent de véritables jalons du cinéma contemporain.
En 1994, c’est Petits meurtres entre amis de Danny Boyle qui triomphe, annonçant la renaissance du cinéma britannique. Trois ans plus tard, Dinard révèle au monde The Full Monty, petit film sur une bande de chômeurs strip-teaseurs qui deviendra un succès planétaire. En 2000, Billy Elliot de Stephen Daldry conquiert le public avant de connaître une carrière internationale. Plus récemment, Limbo de Ben Sharrock (2021) ou Emily de Frances O’Connor (2022) ont confirmé que Dinard restait une rampe de lancement pour un cinéma exigeant mais populaire.
Une ambiance unique, entre glamour et esprit frondeur
Contrairement à Cannes, Dinard n’a jamais cherché à rivaliser en strass et paillettes. Ici, la convivialité prime. Les spectateurs se pressent dans les salles à taille humaine, croisent les cinéastes dans les ruelles ou sur la plage. Les jurés, qu’ils soient britanniques ou français, d’Emily Watson à Kristin Scott Thomas, de Jane Birkin à Claude Lelouch, jouent le jeu avec la même passion.
Il y a eu des moments de pure légende : la course de chevaux sur la plage en 1992, Hugh Grant timide avant de devenir une star mondiale, Ken Loach expliquant à une spectatrice que ses personnages de banlieue ne pouvaient pas se contenter de dire « bonté divine », ou encore Dominique Besnehard brisant les trophées sur scène… autant d’anecdotes qui nourrissent la mythologie dinardaise.
De Ken Loach à Mike Leigh, de Stephen Frears à Shane Meadows, Dinard a accompagné les mutations du cinéma britannique : du réalisme social à la comédie grinçante, de la fresque historique aux audaces contemporaines. C’est cette diversité qui séduit chaque année : le spectateur peut passer d’un drame sur les violences politiques (Bloody Sunday, 2002) à un récit initiatique solaire (Sing Street, 2016). Depuis 2024, l’Irlande a rejoint officiellement l’aventure, preuve que l’identité du festival reste ouverte et vivante.
Dinard, un écrin pour l’avenir
Aujourd’hui, sous la houlette de Dominique Green, le festival continue de cultiver son double visage : vitrine prestigieuse, mais aussi incubateur de talents. L’initiative du prix « Talent de demain », décerné par un jury de jeunes de 18 à 25 ans, en témoigne. À l’heure où l’industrie cinématographique est dominée par les mastodontes américains, Dinard rappelle que le cinéma britannique et irlandais, avec ses accents rugueux, son humour caustique et sa profondeur sociale, a encore beaucoup à dire.
Avec près de 20 000 spectateurs en 2024, Dinard demeure l’un des rares festivals régionaux à conserver un tel rayonnement international. Ce succès repose sur une fidélité : celle des Bretons, qui depuis 1990, se pressent pour vibrer au rythme des projections et découvrir les perles d’un cinéma voisin, trop souvent éclipsé.
Dinard n’est pas un simple festival. C’est un poste d’observation privilégié sur ce que le cinéma britannique et irlandais a de meilleur à offrir : des histoires fortes, des personnages inoubliables et une énergie créative qui ne faiblit pas.
YV
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