Crédits à la consommation et surendettement : le gouvernement serre la vis, mais le problème est bien plus profond

Le gouvernement a annoncé la transposition d’une directive européenne visant à encadrer plus strictement l’accès aux crédits à la consommation. Derrière cette réforme, qui doit entrer en vigueur en novembre 2026, un objectif affiché : lutter contre le surendettement, en forte hausse depuis deux ans. Mais si le durcissement des règles est salué comme une avancée, il laisse entière une question plus dérangeante : pourquoi continuer à tolérer l’existence de ces organismes de crédit qui prospèrent sur la fragilité sociale de millions de Français ?

Une spirale de dettes qui s’accélère

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la Banque de France constate une augmentation de 6 % du nombre de dossiers de surendettement sur les cinq premiers mois de 2025. En 2024, ce sont 134 803 dossiers qui avaient été recensés, soit une progression de 11 % en un an. Une tendance qui touche en particulier les personnes seules et les femmes.

L’Observatoire de l’inclusion bancaire (OIB) souligne un phénomène inquiétant : les mini-crédits et paiements fractionnés, présentés comme des solutions simples et rapides, sont devenus l’un des principaux pièges. Ils représentaient 1 % des dossiers de surendettement en 2022, 7 % en 2023, et déjà 17 % en 2024. Autrement dit, la multiplication de ces offres « accessibles en quelques clics » a précipité des milliers de foyers dans une spirale infernale.

L’ordonnance française, en application de la directive européenne, élargit le champ de la régulation. Elle concernera désormais les crédits de moins de 200 euros, les paiements fractionnés et différés, les crédits allant jusqu’à 100 000 euros, ainsi que les contrats de location avec option d’achat. La publicité pour ce type de crédit sera également plus encadrée : il sera par exemple interdit de mettre en avant leur « facilité d’obtention ».

Le texte prévoit aussi la possibilité pour les prêteurs de consulter le fichier national des incidents de remboursement afin d’évaluer la solvabilité des emprunteurs. Une avancée certes, mais qui reste limitée : la consultation sera facultative pour les petits montants, là où se multiplient justement les pièges.

La vraie question : pourquoi ces crédits existent-ils encore ?

Car au fond, la véritable hypocrisie est là. Derrière le vernis de la « protection du consommateur », c’est bien tout un système qui vit de la précarité des Français. Cofidis (Crédit Mutuel), Cetelem (BNP Paribas), mais aussi une myriade de start-up comme Alma ou Younited, se présentent comme des acteurs « innovants » du paiement. En réalité, ils engrangent des profits massifs en prêtant de l’argent à ceux qui n’en ont pas, moyennant intérêts, frais cachés et mécanismes qui entretiennent la dépendance.

On interdit la publicité trompeuse sur le tabac ou sur certains jeux d’argent, mais on continue à laisser prospérer des organismes qui exploitent la misère humaine. On fait mine de protéger, tout en maintenant sous perfusion un système qui, loin d’émanciper les ménages, les enfonce dans le surendettement.

La question choque, mais mérite d’être posée. Lutter contre le surendettement ne devrait pas se limiter à encadrer la machine à dettes, mais à remettre en cause son existence même. À quoi sert-il de multiplier les garde-fous quand l’outil lui-même est toxique ?

Plutôt que d’encourager les ménages à financer leurs achats à coups de mini-crédits ou de paiements fractionnés, l’État pourrait agir autrement :

  • soutenir directement le pouvoir d’achat par la baisse des charges et des taxes ;
  • favoriser l’épargne populaire ;
  • interdire purement et simplement les prêts de consommation qui ne concernent pas l’immobilier, l’automobile ou des projets clairement productifs.

Tant que cette réflexion n’est pas menée, les organismes de crédit continueront d’exploiter la vulnérabilité sociale des plus fragiles. Les rustines réglementaires, aussi bienvenues soient-elles, ne feront que retarder l’échéance.

Crédit photo : DR (photo d’illustration)
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT. Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine.. 

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6 réponses à “Crédits à la consommation et surendettement : le gouvernement serre la vis, mais le problème est bien plus profond”

  1. Pierre dit :

    À mettre en parallèle avec la baisse générale de la consommation ( https://lelys.org/2025/09/05/consommation-coup-de-frein-en-zone-euro/ ) par conséquent on peut se demander avant tout si le surendettement n’est pas une des conséquences de la paupérisation de nous autres Français que les 50 dernières années (depuis le premier choc pétrolier https://fr.wikipedia.org/wiki/Premier_choc_p%C3%A9trolier ) ont réduit à la misère pour au moins le tiers d’entre nous.

  2. Domper dit :

    Le surendettement des français est juste le parallèle évident du surendettement du pays ! On veut réguler le crédit des plus pauvres alors que l’Etat depuis 40 ans creuse sa dette sans complexe…Les pubs sont aussi responsables des crédits à tout va ( voitures, vacances, mobilier, électroménager, multimédia etc..) on vous donne envie de tout, tout de suite, même si vous n’en avez pas besoin…Les plus pauvres et les plus bêtes tombent dans le piège du crédit revolving et du surendettement.

  3. petitjean dit :

    C’est très bien dit !
    à qui profite le « crime »

    ne pas oublier la « grande distribution » et ses offres alléchantes !

  4. Pschitt dit :

    Article relu et corrigé par ChatGPT ?

  5. Ubersender dit :

    Poser la question, c’est déjà y répondre !

  6. thérébentine dit :

    on paye en liquide sans signer de reconnaissance de dette

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