Le dernier rapport de la Chambre régionale des comptes de Bretagne dresse un constat préoccupant de la gestion et de l’avenir du centre hospitalier de Ploërmel (CHP). L’établissement, qui compte 418 lits et places dont 177 en Ehpad, se trouve confronté à une double impasse : des finances dégradées et des difficultés persistantes de ressources humaines.
Une activité en recul et un recours massif à l’intérim
Entre 2018 et 2023, le CHP a vu ses effectifs médicaux diminuer de 16 %, tandis que la part des médecins extérieurs (intérim, libéraux ou mises à disposition) a bondi pour atteindre 44 % du total en 2023. L’établissement a dû consacrer en moyenne 2 millions d’euros par an à l’intérim, avec en sus un redressement de 453 000 euros de l’Urssaf pour défaut de vigilance vis-à-vis d’un prestataire.
Malgré ces renforts, l’activité médicale ne décolle pas. La chirurgie conventionnelle a reculé de plus de 20 % depuis 2019, l’obstétrique est tombée à 567 accouchements annuels, très loin du seuil de viabilité fixé à 1 200, et les taux de fuite de patients vers d’autres hôpitaux augmentent. Seule la médecine ambulatoire et l’hospitalisation à domicile progressent.
Une situation financière alarmante
Les comptes du CHP affichent un déficit chronique qui s’aggrave d’année en année : –3,36 millions d’euros en 2018, –6,86 millions en 2023, pour un report à nouveau négatif de 29 millions d’euros. Le fonds de roulement reste durablement négatif, mettant en péril la trésorerie. En 2024, l’hôpital accusait un arriéré de 14 millions d’euros de cotisations sociales et de taxes non réglées. La Chambre souligne le risque pour les fournisseurs, confrontés à des retards de paiement dépassant les 50 jours réglementaires.
La construction d’un nouvel Ehpad, estimée à 16,1 millions d’euros, est jugée indispensable pour remplacer des locaux vétustes. Mais le financement pose problème : malgré l’aide de l’État (8 M€) et du département (2,5 M€), l’hôpital devrait assumer 5,6 M€ de reste à charge. Or, sans autofinancement possible, le recours à l’emprunt risquerait d’aggraver encore une dette déjà insoutenable.
Le rapport pointe un absentéisme élevé et persistant, atteignant près de 10 % des effectifs en 2023. La fidélisation des infirmiers est particulièrement problématique : sur 23 recrutés en 2020, seuls trois étaient encore en poste deux ans plus tard. Faute d’attractivité, l’établissement peine à maintenir ses services, au point d’avoir dû fermer temporairement 26 lits en 2022 et les urgences la nuit.
Les recommandations de la Chambre
Face à ce constat, la Chambre régionale des comptes appelle à un véritable plan de redressement pluriannuel, incluant :
- l’élaboration d’un projet d’établissement complet avec volet financier,
- un plan de lutte contre l’absentéisme,
- la reprise de provisions injustifiées (980 000 €),
- un apurement des dettes sociales et fournisseurs,
- et un retour à l’équilibre budgétaire sous supervision de l’ARS.
Enfin, l’hypothèse d’une fusion avec le centre hospitalier Bretagne-Atlantique de Vannes, déjà évoquée en 2021, est jugée peu pertinente si elle ne s’accompagne pas d’une réorganisation globale de l’offre de soins à l’échelle du territoire.
Le rapport de la Chambre régionale des comptes alerte : sans restructuration profonde, l’hôpital de Ploërmel risque de s’enfoncer davantage dans une spirale déficitaire, au détriment de la qualité et de la pérennité des soins pour la population du centre Bretagne.
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