Accord UE-Mercosur : la viande française sacrifiée pour les voitures allemandes

La Commission européenne a validé début septembre le projet d’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay). Ce texte, présenté comme un levier d’ouverture commerciale, suscite en réalité une vive inquiétude dans les campagnes françaises. En échange de débouchés facilités pour l’industrie automobile européenne – et surtout allemande –, Bruxelles a consenti à ouvrir grand les portes du marché agricole.

Dans le détail, l’Union européenne s’engage à accueillir 99 000 tonnes de viande bovine à droits réduits180 000 tonnes de volaille exonérées de taxes16 millions de tonnes de sucre et 60 000 tonnes de riz. Une concession que les éleveurs qualifient de véritable « capitulation », dénonçant une concurrence déloyale avec des productions issues de pratiques bannies en Europe, qu’il s’agisse d’OGM, d’hormones de croissance ou d’élevages intensifs hors sol.

Le cri d’alarme des éleveurs français

Sur le terrain, le malaise est palpable. Dans les Alpes-de-Haute-Provence, Benjamin Ferrand, président des Jeunes Agriculteurs 04, résume l’état d’esprit : « On se bat pour proposer une viande de qualité, nourrie au foin, respectueuse du bien-être animal. Et avec cet accord, on prend une pelle dans la figure. » Les producteurs locaux s’inquiètent de voir leur savoir-faire balayé par des cargaisons venues de l’autre bout du monde, à bas coût et aux normes bien différentes.

Face à cette menace, les agriculteurs en appellent à la responsabilité des consommateurs. Acheter français, lire attentivement les étiquettes, privilégier les circuits courts : autant de gestes présentés comme essentiels pour préserver l’élevage de proximité. Certains supermarchés de montagne, comme à Seyne-les-Alpes, mettent déjà en avant les filières locales, preuve qu’une autre voie est possible.

Une fracture européenne grandissante

L’affaire n’est pas seulement agricole, elle est politique. Alors qu’Emmanuel Macron avait promis en novembre 2024 à Buenos Aires de ne jamais signer le texte « en l’état », Ursula von der Leyen a présenté quelques mois plus tard un projet finalisé, passant outre les réticences françaises. Une attitude qui alimente l’accusation récurrente : la présidente de la Commission défend avant tout les intérêts industriels allemands.

Dans l’Hexagone, la colère monte. De nombreux syndicats agricoles parlent de « trahison programmée » et réclament un blocage pur et simple de la ratification. Au Parlement européen, une motion de censure a été déposée contre la Commission. De son côté, la ministre de l’Agriculture Annie Genevard a multiplié les déplacements dans les capitales européennes pour tenter de bâtir une minorité de blocage, avec le soutien de la Pologne, de la Hongrie et de l’Autriche.

Une filière déjà fragilisée

Ce dossier survient dans un contexte de fragilité structurelle du monde agricole français. En vingt ans, près de 300 000 exploitations ont disparu, et la moyenne d’âge des agriculteurs ne cesse d’augmenter. Parallèlement, l’excédent agroalimentaire, longtemps l’un des fleurons de notre commerce extérieur, s’effrite : il est passé de 6,6 milliards d’euros en 2023 à 4,9 milliards en 2024, son plus bas niveau depuis vingt ans.

Dans ce climat, l’accord Mercosur apparaît pour beaucoup comme un coup de grâce. « Nos agriculteurs sont déjà étranglés par les normes et la concurrence interne, maintenant on les sacrifie sur l’autel du libre-échange », dénonce un élu rural.

Vers une bataille politique à Bruxelles

La ratification du texte ne devrait intervenir qu’en 2026, lors d’un vote au Parlement européen. D’ici là, le débat promet de s’intensifier. Entre les défenseurs de la mondialisation commerciale et les partisans d’une agriculture enracinée dans les territoires, l’affrontement est lancé.

Pour l’instant, une certitude : l’accord UE-Mercosur cristallise toutes les colères. Colère des agriculteurs, qui voient leur avenir menacé. Colère des consommateurs, inquiets de la qualité de ce qui finira dans leurs assiettes. Colère des États, enfin, face à une Commission européenne accusée de vendre les intérêts nationaux au profit de l’industrie allemande.

Crédit photo : DR
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT. Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine.. 

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