Depuis ce mois de septembre, 26 écoles du District scolaire francophone Sud (DSFS) du Nouveau-Brunswick, au Canada, servent exclusivement de la viande halal dans leurs repas chauds. Citée par Radio-Canada le 11 septembre, la directrice générale, Monique Boudreau, a justifié ce choix par « l’obligation juridique d’assurer un environnement inclusif ». Elle a précisé par écrit : « Le District scolaire francophone Sud est pleinement conscient de l’importance d’offrir des options alimentaires variées, saines et adaptées aux besoins spécifiques de la communauté scolaire, y compris les élèves nécessitant des accommodements en raison de leur croyance religieuse », ajoutant que la viande halal reste « consommable pour tous » et qu’elle « n’impose en rien une pratique religieuse ».
Pour le Réseau des cafétérias communautaires, cette orientation répond aussi à des motifs pratiques. « Nous nous efforçons d’y répondre dans la mesure du possible », a expliqué son gérant Rick Nicholson. Le professeur Sylvain Charlebois, de l’Université Dalhousie, confirme : « Ça facilite les choses. C’est clair que c’est plus facile pour les gestionnaires d’acheter qu’un seul type de viande et la viande halal est souvent moins chère ». Selon un article du media TVA Nouvelles du 15 septembre, le bœuf halal serait même « près de 20 à 25 % moins cher » sur le marché.
Parents dénonçant un choix « imposé »
Cette décision, annoncée sans réunion préalable ni consultation, a provoqué la colère de plusieurs parents. « J’étais choquée, je dois le dire », a déclaré Doriane Loucheux, mère de deux élèves, à Radio-Canada. Au micro de QUB radio, elle a ajouté : « Je ne suis pas d’accord qu’on me mette sur le fait accompli, puis finalement qu’on ne me laisse pas le choix » et « J’estime qu’on m’a enlevé un choix à moi, et que je dois me battre pour mes droits ». Elle dénonce une politique « forcée aux enfants et aux parents sans consultation ni explications ».
Sur le plan juridique, le professeur de droit Bruno Gélinas-Faucher (Université du Nouveau-Brunswick) a nuancé auprès de Radio-Canada : « Il y a une obligation d’accommodement, c’est vrai, juridiquement elle est là, mais elle peut prendre plusieurs formes ». Selon lui, un menu végétarien, par exemple, pourrait aussi remplir cette exigence légale. La Commission des droits de la personne du Nouveau-Brunswick rappelle de son côté : « Chaque situation d’accommodement est évaluée au cas par cas, conformément à la loi, en fonction des faits et du contexte propres à chaque situation ».
Une controverse révélatrice
Pour certains parents musulmans, ce changement est un soulagement. « Pour nous, c’est très rassurant […] Avec les options halal disponibles à l’école, c’est très facile », a expliqué Mohammed Amine Abdelmoumni, père de deux enfants à Moncton à Radio-Canada. D’autres, comme Marilyne Rousselle, se montrent favorables : « Si c’est pour s’adapter aux besoins de tout le monde, dans le fond, c’est tant mieux ».
Mais pour une partie des familles, la polémique symbolise un retour de la religion dans l’espace scolaire. « La coexistence de religions va souvent créer des tensions, des vives discussions », observe le sociologue Mathieu Wade, qui rappelle qu’en Acadie, école et religion ont longtemps été imbriquées. Dans une province où les musulmans représentent environ 1,2 % de la population selon TVA Nouvelles, la controverse dépasse la seule question alimentaire.
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