On fait le ménage chez les Insoumis à Nantes. Pour les élections municipales de mars 2026, deux chefs de file avaient été désignés : Marina Ferreruela et William Aucant. Leur discours avait le mérite de la simplicité : « un programme de rupture », compte tenu « de vrais désaccords » avec le PS sur les sujets du logement, de la sécurité, ou de la planification écologique. Le 29 août, William Aucant présentait 650 propositions figurant dans un programme intitulé « Faire mieux à Nantes ». Il ambitionnait alors de « discuter avec les autres partenaires de gauche, en priorité avec celles et ceux avec qui nous avons une accointance idéologique, c’est-à-dire les écologistes », l’objectif étant de sceller une possible alliance (Presse Océan, samedi 6 septembre 2025)
Mais une méchante affaire de violences sexuelles et sexistes survenue au sein des Insoumis nantais va briser cet élan. D’abord Marina Ferreruela est suspendue pour une durée d’un an ; elle est « coupable », selon les instances nationales d’avoir mal géré cette affaire. Ensuite William Aucant hérite d’un avertissement, ainsi que quatre autres militants. Mais les choses se durcissent le 1er septembre puisque la direction nationale du mouvement décide de « débrancher » William Aucant, c’est-à-dire de démettre de ses fonctions celui qui devait être chef de file des Insoumis pour les élections municipales de mars 2026 à Nantes (Ouest-France, Nantes, vendredi 5 septembre 2025). Autant dire que les Insoumis n’ont plus de chef de file. Un cadre du parti raconte : « La guerre interne est si vive que c’était la seule solution. Les militants ne voulaient plus suivre William. Il était en minorité totale. Deux adhérents étaient candidats pour le renverser et prendre les rênes des municipales. Il fallait stopper tout ça. » (Ouest-France, Nantes, vendredi 5 septembre 2025)
« L’union est un combat », disait Georges Marchais (PCF)
Il paraît que Andy Kerbrat (LFI) député de Nantes centre, et Ségolène Amiot (LFI), députée de Nantes-Saint-Herblain, vont se charger des négociations à mener avec les partenaires de gauche. « L’objectif, c’est de remettre la campagne sur les rails et de retrouver une dynamique saine et sereine. La réunion orchestrée avec le comité électoral, c’est Andy et moi qui l’avons sollicitée, en accord avec William. On va prendre le temps de discuter, de débattre. Pour qu’à terme, l’ensemble des militantes et militants trouvent parfaitement légitimes les chefs de file ou candidats qui seront désignés. Et que le futur binôme ait le soutien de toutes et tous », annonce Ségolène Amiot (Presse Océan, samedi 6 septembre 2025)
Que va devenir William Aucant dans ce mic-mac ? On se souvient que, en juin 2021, il avait été élu conseiller régional des Pays de la Loire ; il figurait alors sur la liste UGE (« Union à gauche et écologistes. L’Ecologie ensemble, solidaire et citoyenne ») conduite par le député écologiste Mathieu Orphelin (Anjou). Au premier tour, cette liste rassemble les écologistes et la France insoumise. Au second, elle fusionne avec celle du député socialiste Guillaume Garot (Laval). En Loire-Atlantique, elle avait obtenu 11 élus : Franck Nicolon, Mahaut Bertu, William Aucant, Gaëlle Rougeron, Dominique Deniaud, Véronique Mahé, Eric Provost, Sabine Lalande, Thierry Violand, Pascale Hameau, Christophe Clergeau. Pour échapper aux déchirements qui traversent les Insoumis nantais, Aucant pourrait très bien trouver refuge chez Les Ecologistes, gens accueillants et peu portés sur la discipline. A l’Assemblée nationale, les anciens insoumis François Ruffin, Clémentine Autain et Alexis Corbière ont trouvé le gîte et le couvert dans le groupe « Ecologiste et social » (38 membres). Une autre possibilité s’offre à lui : rejoindre « L’Après » (« Association pour une république écologique et sociale »), une petite boutique fondée par des anciens lieutenants de Jean-Luc Mélenchon (Clémentine Autain, Alexis Corbière, Raquel Garrido, Danielle Simonnet…). A Nantes, elle compte quelques militants : Nadège Boisramé, Jean Brunacci, Marlène Collineau, Antoine Perrin, Jérôme Sulim. A coup sûr, il leur manque un chef ; William Aucant ferait l’affaire… En attendant, ces militants dévoués se positionnent très clairement « en faveur d’un rassemblement des forces de gauche au premier tour des élections municipales de 2026 », insiste Marlène Collineau, qui poursuit : « On ne doit pas avoir peur d’avoir toutes les forces de gauche sur les bancs de la majorité municipale, on a besoin de confrontations d’idées » (Ouest-France, Loire-Atlantique, vendredi 14 mars 2025). Voilà un discours qui devrait plaire à Aucant.
Aucant croit aux transports en commun
Bien entendu, Aucant peut en avoir marre de la politique. Cet architecte urbaniste pourrait alors retourner à l’écologie “technicienne“. Ne fut-il pas membre du comité chargé du logement au sein de la Convention citoyenne pour le climat en 2020 ? Pour lui, à Nantes, c’est la problématique du transport qui est primordiale. Se doter d’un réseau de transport « doux », ou revoir le rapport de ses habitants à l’automobile, permettrait à Nantes de devenir un territoire pionnier dans la transition énergétique. « On pourrait aussi recentrer notre quotidien sur la proximité, réduire les distances domicile-travail et lancer le tourisme local. On pourrait faire de notre ville un endroit qu’on n’a pas envie de quitter », explique-t-il (Presse Océan, mardi 23 juin 2020). A l’époque, Aucant ne s’intéressait ni à la politique politicienne ni aux élections, mais au quotidien des Nantais… Il était utile…
Bernard Morvan
Illustration : DR
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