Ce 15 octobre 2025 marque le 75ème anniversaire d’un monument du sport breton : le RC Vannes. Retour sur l’histoire d’un club de rugby qui fait vibrer tout un peuple.
L’histoire du Rugby Club Vannes débute dans un contexte bien particulier. En novembre 1950, à Meucon, commune voisine de Vannes, des parachutistes du camp militaire local décident de créer une équipe pour retrouver l’esprit de camaraderie et d’effort collectif. Ces soldats, pour la plupart originaires du Sud-Ouest, placés sous les ordres du colonel Massu, signent la naissance du RC Vannes, alors que la Bretagne ignore encore presque tout de la balle ovale.
Les premiers entraînements se déroulent à Vannes, autour du Bar de la Marine, porte Saint-Vincent. L’équipe, essentiellement composée de militaires, est menée par Edmond Gauthier et André Carrier, figures fondatrices du club. Les rivalités locales ne tardent pas à naître : Lorient, club de la Marine, Lanester, bastion des commandos, ou encore Trignac et Saint-Nazaire, symboles du rugby ouvrier.
En 1953, Vannes atteint les demi-finales du championnat de France Honneur, mais doit déclarer forfait : ses joueurs sont rappelés sous les drapeaux pour la guerre d’Indochine. Le club se met en sommeil avant de renaître en 1962, à la fin du conflit algérien.
Sous l’impulsion de figures comme Gauthier, Carrier, Jo Courtel ou Jean Bodard, le RCV reprend vie. À la fin de la décennie, il obtient sa première montée en Nationale 3. La passion, déjà, dépasse le simple cadre sportif : le rugby s’enracine durablement dans la terre vannetaise.
Les années 1970 : stabilité, rivalités et enracinement
Les années 1970 marquent la consolidation du club. Invaincu en 1969-1970, Vannes découvre la troisième division nationale, s’y maintient honorablement et inaugure le stade Saint-Guen, futur stade Jo-Courtel, le 27 septembre 1970.
Le RCV s’impose face à Saint-Nazaire (6-3) et s’installe dans la durée. Si les saisons sont parfois difficiles, la régularité reste exemplaire. Les années Courtel symbolisent la fidélité d’un club enraciné dans sa ville et porté par ses bénévoles.
Mais au début des années 1980, les coups durs s’enchaînent : le club redescend à trois reprises au niveau régional et perd tragiquement deux de ses piliers, Gilles Nebinger et Daniel Perrot, disparus en mer. Malgré tout, le RCV résiste. “Le rugby est un virus qu’il faut entretenir et propager”, résumait alors Alain Berthe. Une devise qui traversera les décennies.
1997 : le grand tournant
Le 18 mai 1997 reste gravé comme l’un des jours fondateurs du rugby breton. À Rochefort, Vannes bat Hendaye (28-22) et devient le premier club breton à accéder à la Fédérale 2. L’émotion est immense. Les frères Jean-Yves, Bernard et Michel Gauthier, fils du fondateur Edmond, incarnent ce retour aux sources et cette fidélité transmise.
À la radio, les vétérans du club, restés à Hendaye pour un tournoi amical, apprennent la victoire : l’un des plus beaux symboles de l’esprit vannetais. Le club entre dans une nouvelle dimension et ouvre la voie à l’ensemble du rugby breton.
2005 : au sommet du rugby amateur
Huit saisons plus tard, le RC Vannes franchit un nouveau cap. En 2005, sous la houlette de Goulven Le Garrec (père de Nolan) et d’un certain…Jean Noël Spitzer, le RCV accède à la Fédérale 1, le plus haut niveau amateur. Les succès à domicile s’enchaînent, notamment contre Sarlat (11-9) devant plus de 2 000 spectateurs, un record pour l’époque. Vannes confirme sa solidité, tout en restant fidèle à sa philosophie : grandir pas à pas, sans brûler les étapes.
Jean-Noël Spitzer : l’architecte du club moderne
Arrivé comme joueur puis entraîneur, Jean-Noël Spitzer. incarne la rigueur, la modestie et la fidélité bretonne. Sous sa direction, le club se structure, professionnalise sa formation, et construit patiemment un modèle unique dans le rugby français : enraciné localement, mais ambitieux nationalement. Spitzer est à la tête de l’équipe depuis près de vingt ans, guidant chaque étape de l’ascension. À Vannes, il est plus qu’un entraîneur : un bâtisseur. Son empreinte se mesure dans la cohésion, la discipline et l’humilité qui caractérisent encore le club aujourd’hui.
2016 : la Bretagne entre dans le monde professionnel
Le 14 mai 2016, le Stade de la Rabine explose de joie. En battant Massy (25-13), Vannes devient le premier club breton à accéder à la Pro D2, championnat professionnel. Les larmes du capitaine Clément Payen, les drapeaux Gwenn ha Du, les chants dans les bars du port… toute la Bretagne célèbre l’exploit.
Entre 1997 et 2016, le club a gravi, marche après marche, tous les échelons du rugby français : neuf ans en Fédérale 2, dix en Fédérale 1, et une montée historique symbolisant la réussite du modèle vannetais — patient, collectif et enraciné.
En 2019, Vannes découvre les joies des barrages de Pro D2. La victoire écrasante (50-10) contre Mont-de-Marsan reste l’un des plus grands moments de La Rabine. Le RCV atteint sa première demi-finale avant de s’incliner à Brive.
Deux ans plus tard, la saison 2020-2021 est exceptionnelle : 21 victoires, 99 points et une place de deuxième du championnat. Mais la demi-finale contre Biarritz tourne au drame sportif : une défaite 33-34 dans les arrêts de jeu, au bout d’un scénario cruel. Le peuple vannetais en sort meurtri, mais encore plus uni autour de son équipe.
2024 : le couronnement et la montée en Top 14
Après plusieurs saisons dans le haut du tableau, le RC Vannes devient champion de Pro D2 en juin 2024, battant Grenoble 16-9 en finale à Toulouse. C’est la consécration d’un projet débuté 74 ans plus tôt dans un bar du port. Pour la première fois de l’histoire, un club breton accède au Top 14, l’élite du rugby français.
Quelques semaines plus tard, le RCV remporte même sa première victoire en Top 14 contre le LOU (30-20). L’histoire continue de s’écrire à la Rabine, qui enchaine plusieurs saisons de guichets fermés pour devenir un sanctuaire du rugby breton.
L’ambiance à la Rabine est en effet digne des plus grandes places du rugby hexagonal. Le rêve breton est devenu réalité. Mais le Top 14 est un monde impitoyable. Malgré une excellente saison 2024-2025, des matchs accrochés et une ferveur intacte, Vannes termine à la 14e place et redescend en Pro D2.
Une relégation vécue sans honte, tant le club a su prouver qu’il pouvait rivaliser avec les meilleurs. Spitzer et ses hommes n’ont jamais renié leur style : courage, jeu debout, engagement total. Les supporters, fidèles, voient cette descente non comme un échec, mais comme une étape de maturité. Le RCV sait d’où il vient, et il sait surtout où il veut retourner.
Pour cette saison du 75e anniversaire, l’objectif est clair : remonter immédiatement en Top 14. Le groupe a été renforcé, les infrastructures modernisées, et le centre d’entraînement D’Aucy Park est devenu une référence. S
Bleu et blanc à domicile, Gwenn-ha-du à l’extérieur : les couleurs du RCV incarnent l’âme bretonne. Le logo, redessiné en 2022, reprend l’hermine, les armoiries de Vannes et la date fondatrice de 1950. Avec un budget autour des 20 millions d’euros, un public classé parmi les meilleurs de France, et un réseau de partenaires locaux solides, le RCV est devenu une vitrine du sport breton et une école de valeurs.
Soixante-quinze ans après la fondation par les parachutistes de Meucon, le Rugby Club Vannes incarne l’un des plus beaux destins du sport breton. De la boue des terrains militaires aux lumières du Top 14, son parcours raconte une aventure humaine, populaire et fidèle à son territoire. Et si l’histoire du club a commencé par un cri de guerre — “Toujours de l’avant, ne recule jamais” —, elle se poursuit aujourd’hui comme une promesse : celle d’un avenir encore à conquérir, dans l’hexagone, comme en Europe.
Deiz ha Bloaz Laouen RC Gwened !
YV
Illustration : DR
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.
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