Cinéma français : une industrie sous perfusion publique

Le rapport explosif de l’Inspection des finances sorti en 2024 et plutôt passé sous silence révèle un système ruineux et déconnecté du public

Commandé par Matignon, le rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) sur les aides au cinéma, rendu en septembre 2024, dresse un constat implacable : le cinéma français vit désormais presque entièrement sous perfusion de l’État. Derrière les discours triomphants sur « l’exception culturelle », les chiffres révèlent un secteur massivement subventionné, peu rentable, et de plus en plus coupé de son public.

1,2 milliard d’euros d’argent public chaque année

Selon le rapport signé par Pierre Deprost et rédigé par Antonin Nguyen, Anouk Canet et Oriane Vieille, le soutien public au cinéma français atteint 1,2 milliard d’euros par an.
Ce total inclut les subventions directes du Centre national du cinéma (CNC : 331 millions), les crédits d’impôt (200 millions), les aides régionales (53 millions), le taux réduit de TVA (180 millions), ainsi que les obligations imposées aux chaînes et plateformes (415 millions).

Autrement dit : près de 40 % du financement d’un film français provient aujourd’hui de l’argent du contribuable. En 2012, cette part n’était que de 16 %.
Dans le même temps, la fréquentation chute : 180 millions d’entrées en 2023, soit 13 % de moins qu’avant Covid, et une projection à la baisse pour 2024.

Une explosion du nombre de films… pour un public qui se déserte

Le rapport souligne une décorrélation totale entre la production et la demande réelle.

En 2023, 716 films ont été distribués en France, dont 406 films français – un record historique. Or, plus d’un tiers de ces films subventionnés ont attiré moins de 20 000 spectateurs, et près des trois quarts moins de 200 000.
Autrement dit, des centaines de longs-métrages financés à prix d’or ne trouvent tout simplement pas leur public.

Le CNC consacre chaque année des millions à des œuvres qui peinent à dépasser les 1 500 entrées par salle, quand elles sortent encore en salle. Résultat : le coût public par spectateur explose : 20 % des films produits en 2022 ont nécessité plus de 50 euros d’argent public par billet vendu.

« Les financements publics, se substituant à des financements privés, sont devenus la première source de financement des films agréés », reconnaît le rapport.

Une industrie déficitaire, sauvée artificiellement par les aides

L’étude de 837 films sortis entre 2015 et 2018 est édifiante : 3,9 milliards d’euros dépensés pour 2,8 milliards de recettes, soit 1,13 milliard de pertes brutes.

Même après 833 millions d’aides, la perte nette reste de près de 300 millions d’euros. Seuls 16 % des films parviennent à couvrir leurs coûts sans subvention, 28 % une fois les aides déduites.

En clair : sans l’État, la quasi-totalité du cinéma français ferait faillite.

Les auteurs notent que cette dépendance systémique s’accompagne d’un pilotage défaillant : les aides dites « automatiques », censées récompenser le succès, augmentent mécaniquement avec le nombre de films produits, sans contrôle réel ni sélection qualitative.

La dépense publique est devenue, selon les inspecteurs, « procyclique », c’est-à-dire qu’elle gonfle quand le secteur produit plus, même si le public s’en détourne.

Des propositions timides pour un système verrouillé

L’IGF préconise une série d’économies totalisant 52 millions d’euros, soit à peine 7 % du total des interventions : réduction des aides automatiques, plafonnement du CNC à 687 millions, suppression d’aides marginales (cinéma de genre, conception), et baisse de 20 % du soutien aux fictions audiovisuelles.
Mais les inspecteurs eux-mêmes admettent que ces coupes resteront insuffisantes sans réforme en profondeur du crédit d’impôt cinéma, véritable vache sacrée du système.

Ils recommandent d’abaisser le taux de 30 % à 20 % pour les films de moins de 7 millions d’euros et à 25 % pour les autres, tout en excluant du calcul les avances remboursables… rarement remboursées.
Enfin, un prélèvement exceptionnel de 461 millions sur la trésorerie excédentaire du CNC est proposé, preuve d’un organisme devenu plus banquier que régulateur.

Un cinéma subventionné, idéologique et déconnecté

Au-delà des chiffres, le constat rejoint celui que beaucoup de spectateurs font depuis longtemps : le cinéma français vit en vase clos, subventionné pour exister plutôt que pour convaincre.

Les « films d’auteur » multipliés par centaines, financés par l’argent public, tournent souvent à la caricature morale et politique : autofictions narcissiques, fables culpabilisantes, pamphlets sociétaux déconnectés du réel.
Pendant ce temps, la majorité des Français désertent les salles ou préfèrent les plateformes américaines, jugées plus sincères, plus divertissantes, parfois même plus respectueuses du spectateur.

Le rapport de l’IGF ne juge pas le contenu artistique, mais ses chiffres disent tout : une industrie qui ne s’autofinance plus, ne séduit plus, et qui ne survit que parce qu’elle est entretenue par l’impôt.

Le modèle français, longtemps vanté comme protecteur, a dérivé en système d’assistance.

Le CNC, dont les recettes proviennent de taxes sur les billets, les chaînes et les plateformes, redistribue sans distinction ; il finance autant les succès populaires que les échecs assurés, tant que le film coche les bonnes cases bureaucratiques.

La France produit désormais deux fois plus de films qu’au début des années 2000, pour un public équivalent ou en baisse.

Les inspecteurs, tout en restant prudents, admettent qu’il faut « restaurer l’équilibre entre financements publics et privés ». Une formule technocratique pour dire que le cinéma français ne tient plus debout par lui-même.

Ce rapport confirme ce que nombre de Français ressentent : leur argent finance un cinéma qui les ignore, voire les méprise. Un cinéma où la subvention remplace le talent, où les aides tiennent lieu de reconnaissance, et où la morale de subvention s’impose à la morale populaire.

Reste une question : combien de temps encore l’État pourra-t-il entretenir une industrie qui ne parle qu’à elle-même ? À force de vivre sous perfusion, le cinéma français a peut-être oublié comment respirer sans assistance.

Illustration : DR

[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.

Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

Cet article vous a plu, intrigué, ou révolté ?

PARTAGEZ L'ARTICLE POUR SOUTENIR BREIZH INFO

3 réponses à “Cinéma français : une industrie sous perfusion publique”

  1. Franck dit :

    Le cinéma Français: des daubes, des films d’auteur vus que par eux mêmes et, peut être leur famille, des sujets à mourir d’ennui si ce n’est pas de se suicider avant la fin. Qui font en moyenne dix entrées ( la famille, quelques très bons amis ) sur une vingtaine de salles. Du woke à en veux tu en voilà. Les réalisateurs et les acteurs touchent des indemnités comme intermittents du spectacle, quand ils ne travaillent pas et prennent un paquet d’argent pour les daubes qu’ils tournent. Les acteurs, fini les Gabin, Delon, Ventura, Belmondo etc…Maintenant, dans un film il faut qu’il y ait, au moins, un couple inter-racial gay ou lesbien de préférence qui se bat contre des promoteurs qui veulent assécher un marais peuplé par des grenouilles en voie de disparition et des moustiques endémiques. Et c’est nous qui payons tout ça.

  2. lannveac dit :

    plus le moindre acteur ou actrice avec du talent ! le gauchisme et le féminisme sont passés parla

  3. guillemot dit :

    Si au moins ce cinéma produisait des films intéressant la grande majorité des gens on comprendrait son financement. Mais le plus souvent les subventions sont allouées à des groupes « d’entre soi » qui se masturbent le cerveau avec des sujets qui n’intéressent personne au vu du nombre de spectateurs présents

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

ARTICLES EN LIEN OU SIMILAIRES

International

Royaume-Uni : des migrants clandestins empochent des milliers de livres pour “rentrer chez eux”… avant de revenir illégalement

Découvrir l'article

Rugby, Sport

Rugby – Tournée d’automne : l’Écosse impressionne, l’Angleterre solide, l’Afrique du Sud rugit, l’Irlande coule face aux Blacks

Découvrir l'article

Sociétal

Pirate informatique et données de tireurs : la Fédération Française de Tir victime d’une cyberattaque, les préfectures appellent à la vigilance

Découvrir l'article

Sociétal

Non, la France n’a pas de «part algérienne»

Découvrir l'article

Social

Plus de 900 sans-abri morts en 2024 : la misère française s’aggrave dans l’indifférence tandis qu’éclatent les effets pervers de la saturation migratoire

Découvrir l'article

Culture, Culture & Patrimoine

Hommage à Tchéky Karyo : le feu sous la glace

Découvrir l'article

A La Une, International

Charles Onana : « Le rejet de la France en Afrique n’a rien à voir avec la Russie ni avec la Chine » [Interview]

Découvrir l'article

Politique

L’Assemblée nationale adopte la résolution du RN contre l’accord franco-algérien de 1968

Découvrir l'article

International

Elon Musk prévient : « La guerre civile en Grande-Bretagne est inévitable »

Découvrir l'article

A La Une, Economie, Histoire

Accord franco-algérien de 1968 : le rapport parlementaire qui révèle le coût d’un scandale – c’est Nicolas qui paie encore (pour se faire cracher dessus)

Découvrir l'article

PARTICIPEZ AU COMBAT POUR LA RÉINFORMATION !

Faites un don et soutenez la diversité journalistique.

Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur Breizh Info. Si vous continuez à utiliser le site, nous supposerons que vous êtes d'accord.

Clicky