Le dernier rapport annuel de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), publié le 15 octobre, révèle une hausse spectaculaire des « atteintes à la probité » au sein de la police. Ces infractions (corruption, trafic d’influence, concussion, détournement de fonds publics, prise illégale d’intérêts, favoritisme ou encore consultation illégale de fichiers) ont presque doublé en cinq ans, passant de 137 en 2020 à 234 en 2024, selon Franceinfo. Dans le détail, 66 enquêtes ont concerné des faits de corruption active ou passive (contre 33 en 2020), et 75 des détournements de fichiers (contre 57 en 2020).
L’IGPN alerte sur une forme d’« ubérisation » de la corruption : les policiers consultent illégalement des fichiers depuis leurs téléphones professionnels avant de revendre les informations sur des messageries cryptées ou sur le darknet.
De son côté, l’Agence française anticorruption (AFA) observe une explosion similaire dans l’ensemble des services publics. D’après son rapport du 2 juillet 2025, les signalements d’atteintes à la probité ont bondi de 84 % en un an, passant de 435 en 2023 à 802 en 2024. Les infractions enregistrées par la police et la gendarmerie ont, elles, augmenté de 8,2 % en 2024, soit une hausse de 51 % depuis 2016, rapporte Le Figaro.
Le narcotrafic infiltre police et justice
Invité du « 8h30 franceinfo » le 15 octobre, le ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez reconnaît « une augmentation de policiers ou de gendarmes sollicités par des trafiquants », tout en estimant qu’il s’agit d’un phénomène « marginal ». Il admet toutefois que « les atteintes à la probité augmentent » et insiste sur la nécessité d’être « intraitable avec le narcotrafic ».
Pourtant, une enquête de Complément d’enquête diffusée le 25 septembre dernier sur France 2 a montré que la corruption s’étend à tous les corps de la chaîne judiciaire. Un rapport interne de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) détaille les pratiques de policiers, gendarmes et douaniers vendant des informations à des réseaux criminels via Telegram ou Snapchat. Les fichiers de police s’échangent entre 300 et 500 euros, selon France Télévisions. Deux policiers, Sephora O. et Yassine G., ont d’ailleurs été condamnés en avril 2024 pour avoir monnayé sur Telegram l’accès au Traitement d’antécédents judiciaires (TAJ) et au Fichier des personnes recherchées (FPR).
Le même rapport évoque des surveillants pénitentiaires et greffiers ciblés par des trafiquants cherchant à obtenir des informations ou à écourter des peines. En Corse, la magistrate Hélène Gerhards a été mise en examen pour trafic d’influence au printemps 2024, soupçonnée d’avoir entretenu des liens avec un membre du grand banditisme corse.
Une dérive morale et institutionnelle
Selon Stéphane Hardouin, directeur de l’IGPN cité par Le Figaro le 15 octobre, « la police n’est pas une cible facile mais elle est très convoitée par les groupes criminels organisés ». L’institution a donc créé en septembre 2025 une délégation nationale anticorruption et mis au point un algorithme capable de détecter les usages « anormaux » des fichiers de police.
Mais ces efforts peinent à masquer une réalité plus profonde : la multiplication des affaires de corruption, la revente de données sensibles et les complicités avec le narcotrafic témoignent d’un affaiblissement moral de l’État. Ce phénomène, autrefois réservé aux pays fragiles, gagne désormais la France. Derrière la technicité des rapports et des statistiques, c’est un constat politique qui s’impose : la tiers-mondisation de l’administration française ne se lit plus seulement dans la dégradation des services publics, mais aussi dans la perte d’intégrité de ceux qui les incarnent.
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Une réponse à “Quand le narcotrafic achète la République : cet autre visage de la tiers-mondisation de la France”
Bientôt ce ne sera plus la peine de travailler, les trafiquants de drogue donneront un salaire à ceux qui n’iront plus au boulot ! c’est l’esclavage à l’envers !! pauvre pays !