Après plus d’un an de rassemblements hebdomadaires devant un hôtel transformé en centre d’hébergement pour demandeurs d’asile, le principal organisateur des manifestations anti-immigration de Newtownabbey, en Irlande du Nord, a annoncé la fin du mouvement.
Les protestations, menées par Steven Baker et son collectif The Great Province-Wide Protest NI, se tenaient chaque samedi devant le Chimney Corner Hotel, un établissement réquisitionné pour accueillir plus d’une centaine de migrants, principalement des hommes adultes.
Selon Baker, la décision de mettre fin aux rassemblements vient d’un constat amer : la lassitude du public et le désintérêt des habitants locaux, malgré les inquiétudes persistantes liées à la présence massive d’étrangers dans des zones autrefois paisibles.
« Les gens de Newtownabbey ont été clairs : ils ne se sentent pas concernés. Je suis déçu, mais j’ai fait ce que j’ai pu pour éviter que ces personnes ne s’installent durablement dans nos quartiers », a-t-il déclaré sur sa page Facebook.
Un mouvement qui s’essouffle, une inquiétude qui demeure
Lors des premiers mois, plusieurs dizaines de riverains des localités voisines de Rathcoole, Ballyduff, New Mossley et Monkstown participaient aux rassemblements. Mais ces dernières semaines, moins d’une dizaine de personnes répondaient encore à l’appel.
Sur les réseaux sociaux, les vidéos des manifestations circulaient pourtant abondamment, mêlant slogans anti-immigration et témoignages de résidents exprimant leur peur face à ce qu’ils considèrent comme un changement brutal de leur environnement.
La presse locale, elle, s’est empressée de dénigrer les organisateurs, les qualifiant de « figures d’extrême droite » ou de « fauteurs de trouble ».
Un élu écologiste, Brian Smyth, a déclaré que la baisse de participation montrait que « la population ne veut pas être associée à des racistes en quête de visibilité sur les réseaux ».
Mais derrière ce discours officiel, le malaise persiste : la question migratoire, étouffée dans le débat public, s’impose désormais au quotidien des habitants. Les hôtels réquisitionnés par le gouvernement britannique pour loger des centaines de demandeurs d’asile se multiplient à travers l’Ulster, souvent sans consultation des populations locales ni contrôle réel des autorités.
Des profils inquiétants et un sentiment d’abandon
L’affaire du Chimney Corner Hotel a cristallisé les tensions. Le site, fermé au public, abrite depuis plus d’un an une centaine d’hommes adultes, dans une zone semi-rurale où les habitants dénoncent une montée de l’insécurité et des comportements agressifs.
La mairie d’Antrim et Newtownabbey a confirmé qu’une enquête administrative était en cours sur l’usage du bâtiment, transformé en centre d’accueil sans autorisation formelle.
Face à ces critiques, les autorités locales et les médias préfèrent pointer du doigt les manifestants plutôt que d’examiner les conditions d’hébergement ou le manque de transparence autour du dispositif.
Steven Baker et plusieurs de ses soutiens ont par ailleurs été visés par des procédures judiciaires, certains pour des délits mineurs, ce qui a permis à la presse de les discréditer davantage et de détourner le débat de fond : l’épuisement du modèle d’accueil.
Si les rassemblements de Newtownabbey s’arrêtent, la tension n’a pas disparu.
Des groupes de riverains, notamment dans les quartiers ouvriers de Belfast et de Larne, continuent de dénoncer l’installation de migrants dans les hôtels.
Le mouvement anti-immigration nord-irlandais, bien que marginalisé et criminalisé, exprime une colère sociale que les autorités refusent d’entendre : la crainte de perdre le contrôle de son propre territoire, le sentiment d’être ignoré, et la perception que la politique d’asile actuelle est imposée d’en haut.
En Irlande du Nord, comme ailleurs en Europe, la contestation populaire se heurte au mur du politiquement correct. Les manifestants sont moqués, les habitants inquiets sont culpabilisés, et la question de fond — celle de la cohabitation forcée entre populations radicalement différentes — est évacuée au nom du « vivre-ensemble ».
Pendant que les autorités locales poursuivent leur « enquête » sur la légalité du centre de Newtownabbey, d’autres hôtels à Belfast, Lisburn et Derry sont déjà occupés par des centaines de demandeurs d’asile, souvent sans cadre juridique clair.
Le chef du parti unioniste TUV, Jim Allister, a d’ailleurs interpellé plusieurs conseils municipaux pour réclamer des explications sur l’usage de fonds publics dans ces hébergements de fortune.
Mais pour beaucoup d’Irlandais du Nord, la bataille semble perdue d’avance. La fermeture du mouvement The Great Province-Wide Protest NI illustre l’impuissance des citoyens face à un État qui impose sans consulter.
Le silence du peuple ne signifie pas l’adhésion — seulement le désespoir de ceux qui ne croient plus à la possibilité d’être entendus. Attention à la radicalisation sur une terre où les stigmates de la guerre civile existent toujours…
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