Je lisais La Nación ce matin, attablé face au port de Léchiagat, tandis que le vent d’ouest poussait des odeurs d’iode et de gasoil dans le bar des Brisants. L’article relatait une scène à la fois burlesque et révélatrice de notre temps : un président argentin et un député français, séparés par un océan et mille réalités, s’étaient accrochés sur X pour une banale histoire de montre. L’affaire, insignifiante en apparence, a pourtant tourné à la satire mondiale.
Louis Boyard, vingt-cinq ans, député de La France insoumise, avait ôté sa montre quelques secondes avant une interview télévisée. Geste banal, de ceux que font les politiciens nerveux, mais filmé, commenté, déformé, jusqu’à devenir une affaire d’État numérique. À l’écran, on le voit se tourner légèrement, glisser le bracelet dans sa poche. Il n’en fallait pas plus pour que la toile s’enflamme : « la lutte des classes se termine à la montre », raillait un internaute ; Jean Messiha y vit aussitôt « le petit traître rouge » qui cache son luxe avant de prêcher la misère.
Pourquoi Louis Boyard retire t’il sa belle montre juste avant de parler des ultra-riches en direct sur BFMTV ?👀
Contexte : En plein vote sur la motion de censure contre Sébastien Lecornu, Louis Boyard répond aux questions de BFMTV. Le député, visiblement amateur de belles… pic.twitter.com/7BMrobJPs8
— YouTubeGauchiste (@TubeGauchiste) October 20, 2025
Je me méfie toujours des indignations collectives. En vérité, ce geste est tout à fait naturel. Boyard a l’habitude de se débarrasser de ses accessoires avant les entretiens, parce qu’il parle avec les mains, frappe les tables, agite les bras. Il aurait pu ôter ses lunettes, son anneau ou sa cravate, que cela eût passé inaperçu. Le hasard, la caméra, et le climat d’hystérie morale ont fait le reste. À ce compte-là, tout mouvement devient suspect.
L’affaire aurait dû s’arrêter là. Mais voilà que Javier Milei, du haut de la Casa Rosada, se saisit du micro-événement et le transforme en parabole. Il republie la vidéo avec une phrase tranchante : « L’hypocrisie de la gauche. Fin. » C’est sa manière : lapidaire, sentencieuse, efficace. Boyard, ulcéré, lui répond en espagnol de collégien révolté : « Vos le estás vendiendo tu país a los yankees por menos que eso. Pedazo de perrito imperialista. » Le député français s’imagine torero, mais il n’a pas le taureau devant lui, seulement un écran.
L’épisode est à l’image du personnage. Boyard, qui se fit connaître en interrompant bruyamment des débats télévisés, en se querellant avec Cyril Hanouna ou en invectivant le gouvernement au mépris du protocole, a toujours mêlé le militantisme au spectacle. Il joue la colère comme d’autres la comédie. Milei, lui, est un acteur d’un autre théâtre, celui de la tragédie économique. Son pays est à genoux, mais il parle haut. Et leurs voix, portées par la même onde numérique, se rencontrent sans jamais se comprendre.
Le plus étrange dans tout cela, c’est que ces deux hommes, que tout sépare, ne se seraient jamais croisés dans la vie réelle. Les réseaux, ces agoras sans visage, ont fait d’eux des partenaires de danse involontaires. On s’invective d’un continent à l’autre, on s’apostrophe par-dessus les océans, et chacun croit exister un peu plus parce qu’il a répondu. Les siècles de diplomatie, de hiérarchie et de silence s’effacent sous la pulsion immédiate du commentaire.
On pourrait sourire, si cette légèreté ne révélait pas une époque où la politique s’est réduite à un théâtre d’instants. L’un enlève sa montre, l’autre en fait un manifeste. L’image tourne, les foules s’en amusent, et pendant ce temps, les vraies montres du monde, celles de la dette, du chômage, du déclin, continuent de tourner, indifférentes à leurs gesticulations.
Balbino Katz, chroniqueur des vents et des marées
🗣️🇦🇷 Le Président argentin Javier Milei réagit à la vidéo du député LFI Louis Boyard pris en flagrant délit d’enlever vicieusement sa montre luxueuse avant de passer devant les caméras :
« L’HYPOCRISIE DE LA GAUCHE.
Fin. » pic.twitter.com/R484TFizYn— Bleu Blanc Rouge ! 🇫🇷 (@LBleuBlancRouge) October 21, 2025
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
[cc] Article relu et corrigé par ChatGPT. Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
4 réponses à “Boyard, Milei, la montre occultée et le président railleur”
Juste un petit rectificatif, les « foules ne s’en amusent pas » de ce théâtre nauséeux ! Car avoir fait de ce merdeux de boyard un député de la République n’est pas vraiment amusant ! A lui seul il symbolise l’état dans lequel se complait le pays politique et le mène à la ruine.
Je n’arrive pas à comprendre en quoi sa montre l’empêchait de parler avec les mains, de frapper les tables ou d’agiter les bras.
Je ne pense pas que la montre de Boyard a été achetée chez Leclerc ou à Carrefour ( c’est curieux cette attirance pour les montres , Julien Dray en sait quelque chose) mais la question que se pose le français franchouillard qui trime pour un salaire minable, c’est avec quel argent? surement pas avec ses économies.
@guillemot
Mouais.
Je n’ai pas étudié sa bio mais j’en sais assez pour dire que c’est un Vendéen de la classe moyenne, un peu comme Bégaudeau et que dans ce milieu, un héritage miraculeux est assez vite arrivé.
Comme par exemple une maison familiale au bord de la mer revenu à la grand-mère (l’écueil étant les familles nombreuses), d’origine modeste.
Alors il n’y a pas de honte à gagner au loto de la spéculation immobilière, souvent sans avoir jouer, mais au moins faut-il avoir la décence d’assumer sa nouvelle classe sociale, et donc d’arrêter de se justifier parce que un papi a été métayer ou une mamie a fait des ménages. Ou alors investir dans des projets collectifs. Mais dans ce cas, on ne passe plus par les media. Que ce soit en tant qu’écrivain ou homme politique.
La plaie de la gauche.