Les dernières analyses de l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) dressent un constat alarmant : toutes les côtes françaises sont contaminées par des résidus de médicaments et de pesticides.
Dans le cadre du projet Emergent’Sea, financé par l’Office français de la biodiversité et mené entre 2021 et 2023, des chercheurs du CNRS et de l’Ifremer ont prélevé des échantillons d’eau de mer, d’huîtres et de moules sur l’ensemble du littoral, de la baie de Somme à la Corse.
Au total, plus de 11 300 résultats ont été analysés : tous les points échantillonnés présentent des contaminations, a confirmé Isabelle Amouroux, responsable de l’unité Contamination chimique des écosystèmes marins à l’Ifremer.
En moyenne, 15 polluants ont été détectés par site dans l’eau de mer et 10 dans les mollusques, certaines zones en comptant jusqu’à 28. Même les eaux les plus éloignées des côtes urbanisées sont touchées : à Ouessant, dans le Finistère, les scientifiques ont trouvé deux substances pharmaceutiques et quinze pesticides, rapportait RTL le 17 octobre.
« C’est la première fois qu’une campagne d’une telle ampleur est réalisée au niveau du littoral : cela nous donne une vision générale de la contamination sur plus d’une centaine de substances », a précisé Isabelle Amouroux.
Atrazine, paracétamol, oxazépam : un cocktail invisible
Les substances les plus détectées sont des herbicides et des médicaments. L’eau de mer contient notamment de l’atrazine, un pesticide interdit depuis plus de vingt ans, tandis que les mollusques sont contaminés par des produits « antifouling », ces peintures utilisées sur les coques de bateaux.
Les chercheurs ont aussi retrouvé des traces de carbamazépine (antiépileptique), d’oxazépam (anxiolytique) et de paracétamol, transportées jusque dans les océans par les ruissellements et les courants marins.
« Par le jeu des courants et par le jeu des ruissellements, l’ensemble des contaminants se retrouve dans le milieu marin », a expliqué Marc Valmassoni, de l’ONG Surfrider, à Franceinfo le 16 octobre.
Des normes encore inexistantes malgré le risque environnemental
Pour l’heure, aucune norme sanitaire n’existe pour ces substances chimiques présentes dans la mer. L’Ifremer appelle à définir des seuils d’effets afin de pouvoir « interpréter ces données » et déterminer « s’il existe un risque pour les écosystèmes marins ». Les chercheurs alertent également sur la présence d’« effets cocktails », ces combinaisons de produits dont les interactions restent inconnues.
Cette contamination généralisée met en lumière l’impuissance des politiques publiques à protéger le littoral français, déjà fragilisé par les pollutions agricoles, les effluents urbains et l’érosion. Les huîtres et les moules deviennent aujourd’hui les témoins d’un empoisonnement silencieux, conséquence directe d’une gestion laxiste de la pollution terrestre.
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