Pas le plus spectaculaire, mais sans doute le plus maîtrisé : les Bretons ont prouvé une fois de plus leur solidité et leur réalisme dans un choc au sommet accroché.
Le RC Vannes poursuit son irrésistible ascension. En s’imposant vendredi soir sur la pelouse de Colomiers (17-22), le club breton a signé un cinquième succès consécutif et pris seul les commandes de la Pro D2. Une victoire d’autant plus remarquable qu’elle fut acquise au terme d’un match haché, marqué par les blessures, l’indiscipline et la pression d’un stade Michel-Bendichou à guichets fermés.
Le pragmatisme breton
Rien n’a été simple pour les hommes de Jean-Noël Spitzer. Privés dès le premier quart d’heure de deux joueurs de première ligne, sanctionnés par un carton jaune précoce et menés 7 à 0 après dix minutes, les Vannetais ont longtemps subi. Mais, fidèles à leur réputation, ils ont encaissé les coups sans rompre, avant de frapper au moment juste.
Sous l’impulsion de leur demi de mêlée australien Michael Ruru, auteur d’un doublé, les Morbihannais ont su exploiter chaque opportunité. Peu de fioritures, pas d’envolées spectaculaires : un rugby fait de patience, d’intelligence et de rigueur. Ce Vannes-là ne séduit pas toujours, mais il gagne les matches que d’autres perdent.
Une première mi-temps de combat
Colomiers, jusque-là invaincu à domicile, a pris le match à bras-le-corps, dominant le début de rencontre par sa puissance et son occupation. Vannes, souvent acculé dans ses 22 mètres, a résisté en défense avant de renverser le cours du jeu par une séquence méthodique conclue par Ruru.
Le capitaine Joe Edwards a ensuite ajouté un essai plein de puissance avant la pause, confirmant la capacité du RCV à capitaliser sur la moindre faille.
Malgré un score défavorable à la mi-temps (17-15), les Bretons n’ont jamais paniqué. Leur seconde période a ressemblé à ce qu’ils sont devenus : une équipe solide, disciplinée et mentalement imperméable.
L’efficacité plutôt que le panache
Un ballon porté, une pénalité bien négociée, et encore Ruru, toujours là où il faut, pour redonner l’avantage aux siens à l’heure de jeu. Le reste du match ? De la défense, de la maîtrise, et une gestion du temps que bien des formations envieraient.
Même réduits à 14 dans les dix dernières minutes, les Vannetais ont fermé la porte avec calme et lucidité, étouffant les dernières offensives haut-garonnaises.
Ce Vannes-là n’est peut-être pas le plus flamboyant de l’histoire récente, mais il impressionne par sa maturité. Capable de faire le dos rond, de survivre à des entames compliquées, de s’adapter à tous les styles de jeu, il affiche une constance qui en dit long sur son ambition.
Avec cette victoire à l’extérieur, le RC Vannes compte désormais 30 points, soit trois d’avance sur Colomiers. C’est le troisième succès breton loin de la Rabine, preuve d’une équipe désormais aguerrie aux batailles du haut de tableau.
S’ils ne produisent pas toujours un rugby de gala, les Bretons ont trouvé une arme redoutable : le réalisme. À ce rythme, la montée en Top 14 n’est plus un rêve lointain, mais un objectif que personne n’ose plus qualifier d’irréaliste.
La fiche technique
Arbitre : E. Urruzmendi.
Les points : Colomiers : 2 essais de Tuitavuki (9’), Plataret (40’) ; 2 transformations de Delpy (10’, 40’) ; 1 pénalité de Delpy (31’).
Vannes : 3 essais de Ruru (20’, 64’), Edwards (36’) ; 2 transformations de Lafage (20’, 65’) ; 1 pénalité de Lafage (27’).
Cartons jaunes. Colomiers : Granouillet (20’) ; Vannes : Surano (5’), Lafage (70’).
Colomiers. 15. Pinto – 14. Marta, 13. Dulon, 12, Nuu, 11. Tuitavuki (Giral 71‘) – 10. Delpy, 9. Danglot (Seguela 31’) – 7. Bazin (Martins 65’), 8. Timu, 6. Plataret (Maurel 71’) – 5. Lavanini (Edwards 51’), 4. Granouillet – 3. Simutoga (Bellemand 41’, Simutoga 71’), 2. Larrieu (cap.) (Dimcheff 51’, Larrieu 65’, Dimcheff 75’), 1. El Ansari (Tartas 51’).
Entraîneur principal : Florian Nicot.
Vannes. 15. Bouthier – 14. Surano, 13. Roudil, 12. Saili ; 11. Stevenson – 10. Lafage (Ruru 80’), 9. Ruru (Alania 71‘) – 7. Blanc-Mappaz, 8. Edwards (capitaine), 6. Pedemonte (L. Boulier 59’, Pedemonte 80’) – 5. Metz (Kalamafoni 59’), 4. Marks (Mézou 59’) – 3. Medrano (Tafili 5’, Vunipola 71’), 2. Blanchard (Cherry 18’), 1. Vunipola (Djehi 49’).
Non entré : 22. M. Boulier
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Illustration : DR
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