Héros de 1870, écrivain et aventurier français, Villebois-Mareuil trouva la mort en 1900 en combattant pour la liberté des paysans boers d’Afrique du Sud contre l’Empire britannique.
Il y a en France plus de quatre-vingts rues qui portent son nom, et deux statues — l’une à Nantes, l’autre à Grez-en-Bouère en Mayenne — lui rendent hommage.
Et pourtant, peu de Français savent encore qui fut Georges de Villebois-Mareuil, cet officier idéaliste et volontaire dont la destinée, à la charnière du XIXᵉ et du XXᵉ siècle, incarne l’honneur militaire à l’ancienne.
L’émission Passé-Présent de TV Libertés, animée par Édouard Chanot, recevait récemment Christian Galvez, auteur d’une biographie publiée chez Via Romana, pour redonner vie à ce héros tombé dans l’oubli.
Un héritier vendéen fasciné par l’épée et l’honneur
Né à Nantes en 1847, dans une famille noble aux racines vendéennes et mayennaises, Georges de Villebois-Mareuil grandit dans le souvenir des guerres de Vendée.
Sa lignée est celle des officiers : il se fait un devoir de « porter l’épée comme ses ancêtres ».
Sorti de Saint-Cyr en 1868, il choisit l’infanterie de marine, attiré par le goût du lointain et de l’aventure.
Ses premiers faits d’armes surviennent pendant la guerre de 1870, où il se distingue à Blois à la tête de ses chasseurs à pied. Grièvement blessé, décoré de la Légion d’honneur, il incarne le soldat de devoir : courageux, exigeant, austère.
Ses hommes diront de lui : « Il faisait de nous ce qu’il voulait ; premier à la peine, dernier au repos. »
Le plus jeune colonel de France devenu écrivain
Après la défaite, Villebois-Mareuil poursuit sa carrière. Il sert en Tunisie, dirige des unités étrangères, rédige des études militaires.
En 1895, à 48 ans, il est le plus jeune colonel de France — puis, contre toute attente, il démissionne.
« Je ne veux pas mourir dans mes pantoufles », écrit-il. L’armée s’embourgeoise, la République s’étiole : lui rêve encore de gloire et de bataille.
Installé dans le civil, il devient romancier et essayiste militaire, publiant Les Sacrifiés (1891), puis des études tactiques sur la Légion étrangère et la défense des Alpes.
Mais l’encre ne lui suffit pas. La guerre, dit-il, « est la vraie vie du soldat ».
L’appel du Transvaal : un Français chez les Boers
À la fin du XIXᵉ siècle, la presse française suit avec passion la guerre des Boers : ces fermiers d’origine hollandaise, allemande et française qui, en Afrique du Sud, résistent à la mainmise britannique.
Dans un pays meurtri par l’humiliation de Fachoda (1898), la cause des Boers enflamme l’opinion.
Villebois-Mareuil, patriote anglophobe et chrétien, voit dans cette guerre une revanche morale contre l’Empire britannique et une défense du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
En novembre 1899, il s’embarque pour l’Afrique australe.
À 52 ans, sans mandat officiel, il rejoint les combattants boers du président Kruger.
L’ancien colonel devient bientôt conseiller militaire, observant la bravoure paysanne mais aussi les faiblesses tactiques d’une armée improvisée.
« Le Boer, note-t-il, est un brave homme, mais sans discipline : il tire juste, mais jamais longtemps. »
De la plume à l’épée : la Légion française du Transvaal
Villebois-Mareuil ne supporte pas l’inaction.
En mars 1900, les Boers le nomment général et lui confient la création d’un corps de volontaires étrangers — le French Corps, embryon de légion étrangère sud-africaine.
Autour de lui se rassemblent Français, Russes, Hollandais et Canadiens.
Mais l’aventure tourne court.
Mal équipé, isolé, son détachement tombe dans une embuscade près de Boshof, dans l’État libre d’Orange, le 5 avril 1900.
Entouré de 2 000 Britanniques, Villebois-Mareuil refuse de se rendre : il tombe frappé par un éclat d’obus, fidèle à son idéal jusqu’à la fin.
Il avait 53 ans.
Les Anglais, impressionnés, lui rendront les honneurs militaires. Son corps repose toujours en Afrique du Sud, selon son vœu : « Que je sois enterré là où je tomberai. »
Une France en deuil, puis oublieuse
La mort du général français émeut profondément l’opinion.
Des messes sont célébrées à Notre-Dame de Paris, à Grez-en-Bouère et à Nantes, où des milliers de personnes se pressent.
Dans les cinq années qui suivent, près de 80 communes baptisent une rue “Villebois-Mareuil”.
Des biographies paraissent, des écoles le citent en exemple, les revues patriotiques exultent : un héros, enfin, dans une France meurtrie par la défaite et l’affaire Dreyfus.
Puis le temps passe, et l’on oublie.
La République préfère ses héros laïques aux chevaliers de l’honneur.
Villebois-Mareuil, lui, reste une figure romantique, à la fois patriote, catholique et aventureux, symbole d’une France qui croyait encore à la gloire et au panache.
Un exemple à redécouvrir
Dans sa biographie publiée chez Via Romana, Christian Galvez rend justice à cet homme de foi et d’action, « bon chef et vrai soldat », dont l’existence résume un siècle de contradictions françaises : fidélité à l’ordre ancien, service de la nation, esprit d’aventure et désillusion républicaine.
À l’heure où la mémoire nationale s’efface, rappeler le nom de Villebois-Mareuil, c’est aussi raviver le souvenir d’une époque où la France, même dans la défaite, formait encore des hommes debout.
Christian Galvez, “Villebois-Mareuil, un héros de la guerre des Boers”, éditions Via Romana.
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