Quand un grand rassemblement catholique se couche devant un article militant de Libération
Le dixième Congrès Mission, grand rendez-vous annuel des catholiques français, devait rassembler les 7 et 8 novembre à Paris plus de cent quarante associations et mouvements engagés dans l’évangélisation. Mais une polémique a éclaté avant même l’ouverture : l’annulation du stand d’Academia Christiana, décidée par les organisateurs après la publication d’un article à charge dans Libération.
Un épisode qui en dit long sur la peur, la faiblesse et la fracture croissante au sein du catholicisme français.
L’article de Libération : l’accusation sans nuance
Le 31 octobre, la journaliste Bernadette Sauvaget publie un papier intitulé :
« Une organisation identitaire d’extrême droite s’invite parmi les exposants d’un grand salon catho parisien ».
Sans jamais citer un propos concret, sans enquête de fond, le quotidien qualifie Academia Christiana d’« officine suprémaciste blanche à la sauce chrétienne », évoquant « la remigration » et « l’hostilité à l’islam ». Des accusations immédiatement jugées mensongères par les intéressés : ni les fondateurs ni les publications de l’association ne contiennent de tels propos, et plusieurs éléments factuels du papier – dates, lieux, noms – se sont révélés erronés.
Créée à Paris en 2013, Academia Christiana est un institut de formation culturelle et spirituelle qui revendique un enracinement catholique, l’étude de la philosophie, de l’histoire et des vertus civiques, loin de toute action politique partisane. Elle organise notamment des universités d’été et des sessions de réflexion autour du bien commun.
L’annulation du stand : le réflexe pavlovien
À la suite de l’article de Libération, les organisateurs du Congrès Mission ont d’abord maintenu le cap, rappelant qu’ils accueillaient « tous ceux qui œuvrent à la mission, quelle que soit leur sensibilité ». Le directeur du salon, Raphaël Cornu-Thenard, soulignait même qu’« il serait tragique que dans l’Église, nous ne puissions plus nous parler entre nous ».
Mais, en moins de vingt-quatre heures, la pression médiatique a fait plier l’équipe : stand annulé, porte fermée, explications embarrassées. Le motif ? « Éviter une polémique. »
Ironie du sort : la polémique n’a jamais eu lieu, l’article de Libération étant resté réservé à ses abonnés.
Victor Aubert, directeur d’Academia Christiana, a réagi avec calme mais lucidité : « Ce n’est pas un drame pour nous. Mais ce renoncement traduit un climat de peur. Par peur d’un tweet, d’un article ou d’une étiquette, des chrétiens préfèrent exclure leurs frères. »
Une peur ancienne, un réflexe de soumission
Ce petit épisode, apparemment anecdotique, révèle un mal plus profond.
Depuis cinquante ans, une partie de l’Église de France vit sous le magistère moral de la gauche culturelle. Le moindre soupçon d’« extrême droite » – jamais défini, toujours jeté comme une injure – suffit à provoquer la panique.
L’esprit de Jean-Paul II (« n’ayez pas peur ») s’efface devant la logique du reniement préventif.
Dans une vidéo publiée le 3 novembre, le porte-parole d’Academia Christiana cite saint Pie X :
« La force principale des mauvais est la faiblesse des bons. »
Et de rappeler que céder par peur de Libération, ce n’est pas subir la persécution romaine, mais trembler devant des tweets et des calomnies.
L’affaire prend une tournure d’autant plus absurde que le Congrès Mission accueille cette année, parmi ses 140 exposants, Lutte & Contemplation, un collectif catho de gauche ouvertement militant, présent dans les mobilisations d’ultra-gauche et proche des réseaux écologistes radicaux.
Ce groupe, cité par Reporterre pour ses actions contre les conférences d’Éric Zemmour, n’a pourtant suscité aucune remarque ni indignation médiatique. Deux poids, deux mesures : les associations ancrées dans la tradition sont « infréquentables », les activistes de gauche sont « engagés ».
Une fracture visible dans l’Église de France
Au-delà du cas d’Academia Christiana, c’est la question du pluralisme dans l’Église qui est posée.
Comment parler d’« accueil inconditionnel » tout en excluant ceux qui s’adressent à une jeunesse en quête d’enracinement, souvent éloignée de la foi mais attirée par la beauté, la culture et la tradition chrétienne ? Le mouvement rassemble aussi bien des artisans, des ouvriers, des convertis que des étudiants polytechniciens — un échantillon de cette France périphérique que l’institution ecclésiale ne sait plus toucher.
En cédant à la pression d’un journal militant, le Congrès Mission a envoyé un message déplorable : celui d’une Église qui redoute plus la critique médiatique que la tiédeur spirituelle.
Cette soumission à la peur n’est pas nouvelle, mais elle s’aggrave.
Comme le disait encore Victor Aubert dans sa vidéo : « Le Christ n’est pas consensuel. La mission implique parfois de déplaire. Ne pas avoir peur, c’est déjà évangéliser. »
Cette affaire est une parabole moderne : une poignée d’activistes médiatiques brandissent le mot magique « extrême droite », et les responsables catholiques se hâtent de s’excuser, d’exclure, de se justifier.
Mais la jeunesse, elle, voit clair. Elle sait reconnaître ceux qui agissent, forment, transmettent — et ceux qui plient. Le Congrès Mission, né pour « évangéliser la France », vient d’en donner l’exemple inverse : évangéliser, oui, mais seulement si Libération l’autorise. Heureusement que Jésus fût un peu plus courageux face à ses bourreaux…
YV
Illustration : DR
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.
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