LFI et l’islamisme : Libération découvre la Lune

Ce matin, au café des Brisants, non loin de l’élévateur de bateaux de Lechiagat, entre le cri des mouettes et le clapot des verres, je feuillette Libération. Un titre m’arrête : « Accusations d’entrisme islamiste et crise militante à LFI ». J’arrête de touiller mon café pour relire la date. 2025. Non : pas 2005, ni 2015, ni 2020. Deux mille vingt-cinq. Il aura donc fallu un quart de siècle pour que le quotidien des bons sentiments découvre que le feu brûle et que l’eau mouille. Libération découvre la Lune.

Car voilà qu’à Maubeuge, à Denain, à Grande-Synthe, des militants de La France insoumise, soudain pris de scrupules, s’aperçoivent que leur parti est infiltré par des disciples des Frères musulmans. L’affaire éclate : des photos, des prêches, des barbes et des quenelles. La presse, tout émue, découvre « l’entrisme ». Ce mot si commode, qui permet de nommer sans juger, de décrire sans comprendre. Pourtant, cet ancrage islamiste dans la gauche n’est pas une surprise : c’est la conséquence logique d’un aveuglement choisi, d’un pacte tacite entre les orphelins du prolétariat et les héritiers du Prophète.

Il arrive toujours un moment où l’autruche qui a la tête bien enfoncée dans le sable finit par la relever. C’est un instant pathétique, presque attendrissant : l’œil cligne, l’air manque, et la bête réalise qu’elle a confondu le sable chaud de la morale avec le désert du réel. Libération, aujourd’hui, relève la tête.
Depuis vingt ans, le monde entier voit ce que la gauche française refuse de nommer : l’islam politique s’est infiltré non pas en douce, mais à visage découvert, sous les applaudissements des mêmes qui, hier, conspuaient le catholicisme. Ils y voyaient une chance pour la France, une relève spirituelle, un peuple de substitution pour leurs rêves égalitaires. Ils s’imaginèrent que l’islam se laisserait dissoudre dans la tiédeur du progressisme ; c’est l’inverse qui s’est produit.

Car dans ce face-à-face, les deux systèmes de valeurs ne jouent pas à armes égales. La gauche offre des principes ; l’islam offre des dogmes. Elle propose des slogans ; lui impose des lois. L’un se définit par la repentance, l’autre par la certitude. L’un s’excuse d’exister, l’autre s’ordonne de croître. Et dans ce combat inégal, chacun devine où se trouve la vitalité. La gauche, vidée de toute transcendance, cherche dans l’islam la ferveur qu’elle a perdue ; l’islam, pragmatique, trouve en elle une échelle pour grimper au pouvoir. Les uns y voient une alliance, les autres un cheval de Troie. Un jour, les Français comprendront que la gauche n’a pas été trahie : elle s’est livrée d’elle-même.

Pourtant, la droite aussi, un temps, se laissa séduire par cette énergie étrangère. L’Histoire garde la trace des bataillons musulmans de la Waffen-SS, du régiment Handschar formé en Bosnie jusqu’aux divisions tatares engagées sur le front de l’Est, bénies par le Grand Mufti de Jérusalem venu saluer Hitler à Berlin. Après la guerre, certains intellectuels européens, fascinés par la vigueur du monde arabe en révolte contre l’Occident matérialiste, crurent discerner dans l’islam un allié spirituel contre la décadence moderne.
En France, un homme comme Jacques Benoist-Méchin, ancien ministre et historien au style somptueux, célébra la grandeur arabe et sa fidélité à la parole donnée. Plus tard, dans les années 1970, quelques auteurs de la Nouvelle Droite, fascinés par les civilisations hiérarchiques et viriles, vantèrent à leur tour un certain arabisme comme contre-modèle à la société marchande occidentale. Ils citaient alors un livre singulier, que Guillaume Faye m’a incité à lire, publié pour la prepmière fois à Hambourg en 1960 : Le Blanc Soleil d’Allah brille sur l’Occident de Sigrid Hunke.

Hunke, ancienne universitaire allemande, y déployait une thèse audacieuse : l’Europe moderne ne serait pas fille du christianisme, mais de l’islam médiéval, porteur d’une lumière rationnelle, virile et solaire qui aurait fécondé notre science et notre esthétique. Elle opposait la clarté andalouse à l’austérité romaine, le cheval arabe au moine latin. Ce livre, d’un lyrisme parfois naïf, séduisit une génération d’intellectuels lassés du puritanisme chrétien et de la grisaille matérialiste.
Je me souviens qu’un soir, à Vienne, dans un salon discret où brûlait un feu de cheminée, je rencontrai un homme dont le nom flotte comme une ombre au-dessus du siècle : François Genoud, surnommé le banquier d’Hitler e. Il me confia cette phrase, que je n’ai jamais oubliée : « La grande tragédie de l’Europe, c’est de ne pas avoir rencontré l’islam. La grande tragédie de l’islam, c’est de ne pas avoir rencontré l’Europe. »
Il s’était converti dans cette grande vague d’hostilité à l’Occident des années cinquante, persuadé que deux civilisations brisées pouvaient s’unir dans leur refus du monde moderne. Il est mort sans postérité politique, tout comme cette tentation de la droite pour l’islam est morte et bien enterrée.

Je me souviens aussi d’un déjeuner à Paris, au restaurant La Frégate, sur la rive gauche, en face du Louvre. Il faisait gris ce jour-là, et la Seine charriait plus de souvenirs que d’eau. En face de moi se tenait le général Otto Ernst Remer, celui-là même qui avait écrasé le complot du 20 juillet. Il me parla de ses années d’exil en Égypte, de son travail auprès du FLN algérien, des livraisons d’armes, de la logistique, et de l’accueil fraternel qu’il trouva dans les cercles arabes de Nasser. Il y voyait une Europe renversée : l’Occident sans foi contemplant, fasciné, la vigueur du monde musulman. « Là-bas, me dit-il, j’ai retrouvé des hommes qui croient encore. »
Le général  connaissait Genoud, partageait avec lui cette idée que les deux civilisations auraient dû se rencontrer, qu’elles se complétaient comme deux moitiés d’un monde brisé. Puis il ajouta, pensif : « Nous avons voulu bâtir un pont entre l’Europe et l’islam, mais un pont n’est qu’un abîme suspendu. »

À son crédit, la droite sut se ressaisir. Elle comprit, avant la gauche, que la fascination pour l’islam n’était pas un pont mais un précipice. Ce que Hunke, Genoud et Remer prenaient pour une rencontre spirituelle se révélait, dans l’ordre politique, un choc irréversible de valeurs. L’islam ne se laisse pas dissoudre ; il s’impose, fidèle à son ordre propre. Tandis que la gauche rêve encore d’un multiculturalisme apaisé, la droite, elle, a depuis longtemps refermé ce livre aux pages brûlantes. Elle a vu ce que les progressistes refusent de voir : que l’Europe ne se sauvera qu’en redevenant elle-même.

Je replie mon journal. Le vent se lève sur la mer d’Iroise. L’écume mord la digue comme pour rappeler à ceux qui s’endorment que la nature, comme l’Histoire, ne tolère pas le vide.

Balbino Katz, chroniqueur des vents et des marées

Crédit photo : DR

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