Un rassemblement organisé samedi après-midi devant l’hôtel de ville de Belfast a attiré environ 80 personnes, réunies pour protester contre la politique d’accueil des migrants en Irlande du Nord.
L’événement, baptisé Women Standing Together (« des femmes unies »), était conduit par un nouveau collectif exclusivement féminin : Pink Ladies Ulster Women First Northern Ireland (PLUWFNI), récemment créé et inspiré du groupe britannique Pink Ladies UK, connu pour ses manifestations devant des hôtels hébergeant des migrants en Angleterre.
Des « sacs cadeaux » contenant des armes prohibées
Selon plusieurs témoins et des photos relayées sur les réseaux sociaux, les participantes — vêtues de rose, couleur emblématique du mouvement — ont distribué des « goodie bags » contenant divers objets, dont des poings américains peints en rose, en forme de tête de chat.
Ce type d’arme est strictement interdit en Irlande du Nord, y compris en possession privée.
La police nord-irlandaise (PSNI) a confirmé être intervenue sur place pour assurer le maintien de l’ordre et la sécurité du public. « Les officiers étaient présents pour garantir la sécurité, permettre le droit à une manifestation pacifique et limiter les perturbations dans le centre-ville », a précisé un porte-parole.
Une femme d’une cinquantaine d’années a été arrêtée puis interrogée avant d’être relâchée, le temps que le dossier soit transmis au Public Prosecution Service.
Les enquêteurs examinent également la légalité de la distribution de ces objets considérés comme des armes offensives.
Un mouvement féminin, mais soutenu par des figures masculines de la droite radicale
Bien que présenté comme un rassemblement « de femmes pour les femmes », l’événement a aussi rassemblé plusieurs activistes masculins connus de la mouvance loyaliste et nationaliste, dont Stephen Baker et Mark Sinclair, surnommé Freedom Dad, ancien braqueur affilié à la UVF (Ulster Volunteer Force) reconverti en vidéaste militant.
Baker a pris la parole devant les manifestants, tandis que Sinclair diffusait en direct les discours et les slogans sur internet. Un autre participant, déjà impliqué dans une manifestation devant le domicile de la ministre de la Justice Naomi Long, était également présent, bien que son identité n’ait pas été révélée pour des raisons légales.
Les banderoles et tracts diffusés pendant la manifestation affichaient des slogans explicites : « Ban all illegals » (« Interdisez tous les clandestins ») ou encore « Ballymena says no illegal migrants ».
Les organisatrices affirment vouloir « unir les femmes d’Ulster sous une même bannière » pour, selon leur communiqué, « créer un mouvement fort dans chaque communauté locale et à travers toute la province ».
Sur leur page Facebook privée, promue par Stephen Baker, le groupe revendique une mobilisation « communautaire et féminine » face à ce qu’il qualifie de « menaces liées à l’immigration illégale et à la criminalité importée ».
Un contexte social tendu en Irlande du Nord
Ce nouvel épisode intervient dans un climat politique marqué par une hausse importante des tensions autour des questions migratoires et identitaires.
Pour les autorités, ce type de manifestation — souvent relayée en direct sur les réseaux sociaux — constitue un risque croissant de radicalisation locale, alimenté par la défiance envers Londres et par la crise économique qui frappe durement certaines zones loyalistes.
L’émergence du mouvement Pink Ladies Ulster Women First illustre une évolution visible dans plusieurs pays européens : la féminisation partielle des mouvements identitaires et anti-immigration, notamment au Royaume-Uni, en Scandinavie et en Europe centrale.
En s’appuyant sur un discours de protection des femmes et des enfants, ces groupes cherchent à reformuler le discours sécuritaire sous une apparence “civile” et communautaire, en se présentant comme les « gardiennes » des quartiers face à la défaillance perçue de l’État.
Mais l’usage d’armes symboliques — même décoratives — comme ces poings américains roses, rappelle combien la tension entre la colère populaire et la violence réelle reste fragile. La justice nord-irlandaise devra désormais trancher sur la nature exacte de ces objets et sur la légalité des actions entreprises par les militantes de ce nouveau mouvement.