Une police municipale peut compléter utilement une Police nationale souvent insuffisante en effectifs et en moyens. A Brest, pendant la période Sarkozy, la Police nationale a perdu cent agents… Mais créer une police municipale peut coûter cher…
Tout le monde est au courant, Brest et la seule ville de plus de 100 000 habitants à pas posséder une police municipale. En la matière, la religion du maire François Cuillandre (PS) est claire : « J’ai fait le choix de ne pas créer de police municipale à Brest et je ne reviendrai pas sur ma décision » (Ouest-France, Bretagne, jeudi 17 mars 2022). Quand un journaliste l’interroge sur la question, il répond : « Jamais », avant de préciser que « la question reviendra dans le débat en 2026, c’est sûr », puisqu’il ne se représentera pas (M le magazine du Monde, samedi 11 mars 2023). On notera que des villes bretonnes à municipalité socialiste possèdent une police municipale ; c’est le cas à Nantes, à Rennes, à Quimper et à Saint-Nazaire. Comme il faut bien faire quelque chose, Cuillandre a créé une « brigade de tranquillité urbaine » (sic), avec comme objectif 25 agents en 2025. Ces agents de surveillance de la voie publique sont « présents dans l’espace public pour lutter contre le sentiment d’insécurité, dissuader les incivilités, les actes de harcèlement et de violence, mais aussi renforcer le lien de proximité avec les habitants et les acteurs de la ville » (Le Télégramme, Brest, mercredi 16 novembre 2022)
En cette fin de l’année 2025, ici et là, la question des élections municipales de mars 2026 est évidemment sur la table. Et il apparaît que la sécurité constitue la première des priorités à Brest ; c’est ce que montre un sondage Ifop commandé par le Parti socialiste. « Interrogées sur leurs attentes à l’égard de la municipalité, les 598 personnes sondées étaient 64,4 % à hisser la sécurité des biens et des personnes, comme prioritaire » (Le Télégramme, Brest, jeudi 15 mai 2025). Si bien que l’on observe des “changements“ dans le discours de certains membres de la majorité municipale. Glen Dissaux (Les Ecologistes) est le premier à ouvrir le feu : « Etre de gauche, c’est d’abord protéger les plus vulnérables qui sont souvent les premières victimes de la délinquance. On a cranté la réponse durant ce mandat, avec la création d’une brigade de tranquillité urbaine. Ma conviction, c’est qu’il faut passer à la vitesse supérieure. Je suis donc favorable à une police municipale, pour doter les agents d’un vrai statut, de moyens, et d’une formation approfondie dans la gestion des conflits ou encore l’accompagnement des victimes. » (Le Télégramme, Brest, vendredi 16 mai 2025) Il est suivi par Yohann Nédélec (PS), adjoint en charge de la tranquillité urbaine : « Une police municipale, par agent, pour les villes de plus de 100 000 habitants, c’est environ 56 000 €. Si l’on part d’une hypothèse entre 30 et 40 agents sur Brest, cela coûte entre 1,7 M€ et 2,24 M€ par an. Et si elle est armée, il faut compter un surcoût de 12 %. Personnellement, je ne pense pas qu’il faille recourir à l’armement à Brest, mais à des dispositifs de protection et de défense (…) Le sujet est suffisamment important pour ne pas s’enfermer dans des polémiques inutiles. Etre pour, comme je le suis, ne signifie pas être démagogue comme certains. » (Le Télégramme, Brest, mardi 20 mai 2025) Fortuné Pellicano (PRG-centre gauche), adjoint au maire, en remet une couche : « On ne doit pas se priver de mettre en place une police municipale qui, dans le respect des valeurs républicaines et humanistes, auxquelles nous sommes viscéralement attachés, assurerait des missions pour soulager l’important travail de la Police nationale. Cela permettrait à cette dernière de se consacrer à des actions conformes à ses compétences et de combattre plus efficacement une délinquance qui se développe à notre grand regret » (Le Télégramme, Brest, mercredi 23 mai 2025) Et Cuillandre d’ironiser sur « le concours Lépine de la police municipale (…) entre ceux qui la veulent armée, à cheval et j’en passe. » Pourtant, il assure : « Si j’avais la garantie aujourd’hui, qu’en donnant le nom de police municipale à la brigade de tranquillité urbaine (BTU), l’Etat s’engagerait davantage à Brest en matière de moyens et d’effectifs, je serai le premier à y réfléchir et le proposer à ce conseil » (Le Télégramme, mercredi 28 mai 2025).
Stéphane Roudaut voit grand : 150 agents
A droite, on se préoccupe également du dossier “police municipale“. C’est ainsi que Stéphane Roudaut, le leader de la liste de la droite et du centre, déballe un grand projet. « Il prévoit la création d’une police municipale armée qui a vocation à atteindre 150 agents à la fin du mandat, soit un pour 1 000 habitants. Dotée d’un commissariat central, cette police de proximité intégrant les agents de surveillance de la voie publique et de la BTU qui souhaitent passer le concours fonctionnerait sept jours sur sept, 24 h sur 24. » « Sur 150 agents, 25 seraient dédiés à une brigade intercommunale des transports à l’échelle de Brest Métropole. Ce sujet doit encore être bâti avec les autres communes, sachant que le coût de fonctionnement serait à la charge de la métropole. Il est chiffré à 1,4 M€ en rythme de croisière, soit 0,4 % du budget de la collectivité, avec une montée en puissance sur trois ans (500 000 € par an). » Et cerise sur le gâteau, le candidat de la droite et du centre « prévoit le déploiement d’un réseau de vidéoprotection de 300 points, soit 1000 caméras rattachées à un centre de supervision urbain opérationnel 24 h sur 24. » (Le Télégramme, Brest, mercredi 5 novembre 2025) « Quand l’effectif visé sera atteint à la fin du mandat, il faudra compter 6 M€ chaque année. Pour Stéphane Roudaut, cette somme est “soutenable et absorbable“ par la ville » (Le Télégramme, Brest, mercredi 5 novembre 2025)
La Ville aurait besoin de nouvelles ressources
Evidemment, la municipalité réagit et démolit le programme de Roudaut. Yohann Nédélec (PS), adjoint à la sécurité, dénonce « le manque de sérieux » des propositions du chef de file de la droite et du centre en matière de sécurité. Pour lui, Stéphane Roudaut « abandonne tout sérieux et ses chiffres ne tiennent pas. Il évoque 150 policiers municipaux armés d’ici à 2032, un doublement des médiateurs, des acquisitions immobilières, 1 000 caméras : rien que ça ! Contrairement au chiffre avancé, ces propositions coûteraient au bas mot 14 M€ par an au budget de la ville. » « Un policier municipal armé coûte 60 000 € par an selon les chiffres officiels de l’observatoire de la vie publique. Soit, pour 150 agents, un budget annuel de 9 M€ », poursuit-il (Le Télégramme, Brest, samedi 8 novembre 2025)
Le débat peut se résumer de la manière suivante : 6 M€ pour Roudaut et 14 M€ pour Nédélec. Qui a raison ? Evidemment, le premier peut répliquer que la sécurité constituant une priorité, les Brestois accepteront le montant de la facture puisqu’ils veulent voir du “bleu“ partout… Il suffirait d’augmenter la taxe foncière de 10 %…
Bernard Morvan
Illustration : DR
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.
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