Les chiffres dévoilés à Londres provoquent un séisme politique : près de 10 000 ressortissants pakistanais entrés légalement au Royaume-Uni en 2024 — via des visas étudiants, de travail ou de tourisme — ont ensuite déposé une demande d’asile une fois installés sur le sol britannique.
Selon les données obtenues par les conservateurs au titre du Freedom of Information Act, le Pakistan se hisse désormais en tête de toutes les nationalités dans ce phénomène de bascule entre immigration légale et asile, devenant même le premier pays pour les demandes d’asile déposées dans l’année écoulée.
Une stratégie de contournement devenue massive
Dans le détail, la situation est sans équivoque :
- 11 324 demandes d’asile déposées par des Pakistanais en un an — un record depuis que les statistiques existent.
- Une hausse vertigineuse : multiplication par cinq depuis 2022 (de 2 154 à plus de 11 000).
- Les Pakistanais représentent désormais un demandeur d’asile sur dix au Royaume-Uni.
Et surtout :
près d’un quart de tous les migrants ayant « switché » d’un visa légal vers l’asile en 2024 sont pakistanais.
Parmi ces basculements :
- 5 888 étudiants pakistanais ont déposé une demande d’asile après expiration ou fin d’études,
- 902 touristes ont fait la même chose,
- 2 578 détenteurs de visas de travail ont également changé de statut pour solliciter une protection internationale.
Ce seul pays se retrouve dans le trio de tête pour toutes les catégories de visas menant ensuite à l’asile : travail, études, tourisme, séjours temporaires.
Près de 40 000 demandes d’asile déposées après une entrée légale
Au total, en 2024 :
- 40 379 personnes arrivées légalement sur le territoire britannique ont demandé l’asile,
- soit 37 % de l’ensemble des demandes, un chiffre rarement atteint.
Les conservateurs dénoncent un système qui encourage involontairement cette stratégie : obtenir un visa étudiant, travailler quelques mois… puis demander l’asile pour entrer dans un processus long, complexe et souvent difficile à débloquer pour les autorités.
Pour Chris Philp, porte-parole conservateur sur les questions de sécurité intérieure : « Le système des visas et des frontières britanniques est ouvertement abusé. Des dizaines de milliers de personnes entrent par la porte principale, profitent des visas légaux, puis restent pour de bon. »
Il demande un encadrement strict, rappelant qu’un visa étudiant ne peut devenir un “sas permanent” vers l’installation durable.
Jamie Jenkins, ancien responsable des statistiques à l’Office for National Statistics, pointe lui aussi un problème structurel : « Avec 162 000 visas accordés aux Pakistanais en un an, le système crée ses propres failles. L’entrée légale puis la demande d’asile montrent que la crise ne se limite pas aux petites embarcations dans la Manche. »
Pourquoi cette hausse spectaculaire ?
Les spécialistes interrogés évoquent plusieurs facteurs :
- dégradation économique dans une grande partie du Pakistan,
- instabilité et insécurité dans certaines provinces,
- pressions démographiques,
- attractivité des procédures d’asile britanniques, jugées longues et peu efficaces.
Peter Walsh, du Migration Observatory à Oxford, admet qu’il est difficile d’isoler une cause unique, mais confirme une tendance « sans précédent ».
Face à cette explosion, la ministre de l’Intérieur Shabana Mahmood promet des réformes :
- Les arrivants par la Manche devront attendre 20 ans avant toute perspective de résidence permanente,
- Révision tous les 30 mois du statut des pays d’origine pour renvoyer les demandeurs si la situation s’améliore.
Mais les conservateurs accusent le gouvernement de minimiser volontairement l’ampleur d’un « backdoor to Britain », un sas migratoire qui transforme des visas temporaires en installation définitive.
La situation britannique illustre un phénomène que d’autres pays européens constatent également :
l’asile n’est plus uniquement le fait de migrants arrivant clandestinement, mais aussi de personnes entrées légalement qui utilisent la procédure comme stratégie de stabilisation sur le long terme.
Un sujet explosif sur lequel Londres peine, pour l’instant, à reprendre le contrôle.
Illustration : DR
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.
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