Charles Gave a présenté son nouvel ouvrage, Les Mondes de demain, dans une longue conversation publiée par l’Institut des Libertés. L’économiste iconoclaste, connu pour son franc-parler et sa capacité à relier l’économie, la géopolitique et les cycles civilisationnels, y expose un constat sans fard : l’Europe s’enfonce, mais le reste du monde n’a jamais autant bouillonné d’énergie.
Son livre, écrit selon lui “chaque été, quand il n’y a plus rien d’autre à faire que réfléchir”, se veut une boussole pour comprendre un XXIe siècle où les centres de gravité se déplacent.
“Depuis la France, on croit que tout s’effondre”
Gave commence par brosser le tableau d’un pays qui ne croit plus en lui-même.
Selon lui, le discours ambiant — “on n’y arrivera pas”, “on n’a plus d’argent”, “tout va s’écrouler” — est devenu une seconde nature en Europe occidentale. Mais dès que l’on sort du continent, dit-il, le contraste saute aux yeux :
– l’Inde “pète le feu”,
– la Chine innove à grande vitesse,
– le Golfe construit comme si l’avenir était illimité,
– une partie de l’Amérique redécouvre la croissance.
Pendant que la France répète qu’elle ne peut rien faire, d’autres régions cherchent “comment bâtir le maximum pour être prospères dans 20 ans”.
Une Europe vieillissante enfermée dans sa technocratie
Pour Gave, il y a un fil rouge : la bureaucratie tue les civilisations avant les invasions.
Il parle de “petits hommes gris”, ces technocrates européens obsédés par la norme et l’immobilisme, qui pensent que l’avenir se construit en empêchant le mouvement.
Exemple emblématique : la volonté de réduire drastiquement la consommation d’énergie, alors que, rappelle Gave, “la consommation d’énergie est parfaitement corrélée au niveau de vie”.
Le choix européen revient donc à accepter une décroissance imposée : “S’ils veulent baisser l’énergie de 30 %, ils nous annoncent une baisse du niveau de vie de 30 %.”
L’Europe, centralisée autour de Bruxelles, aurait renoncé à ce qui faisait sa force : la diversité, la concurrence interne, la liberté d’entreprendre.
“Nous étions une civilisation antifragile”, dit-il. “On a tout centralisé, tout figé, tout bureaucratisé. Résultat : on s’éteint.”
Une grande partie du livre analyse le basculement économique mondial. Pour Gave, le tournant est simple : le dollar a perdu son monopole énergétique.
Avec la guerre en Ukraine et l’exclusion de la Russie du système Swift, Moscou a commencé à vendre son pétrole à l’Inde en roubles ou en roupies.
Cela a ouvert la voie à des échanges de plus en plus nombreux hors dollar, particulièrement en Asie.
Le monde bascule alors :
– les accords de swap monétaires,
– les échanges bilatéraux en monnaie locale,
– la montée du yuan comme référence régionale.
Pour Gave, c’est clair : “Le maître du temps n’est plus le dollar mais les obligations chinoises.”
Cela signifie que les taux asiatiques, les emprunts souverains et même une partie des marchés émergents ne suivent plus les variations américaines mais… les fluctuations chinoises.
Un changement qu’il juge “historique” — mais presque totalement ignoré des médias européens.
Les États-Unis face à la déflagration à venir
Gave n’annonce pas “la fin de l’Amérique”, mais la fin d’un modèle basé sur la dette infinie.
Avec 5000 milliards de dollars de réserves détenues à l’étranger, et un État hyper-endetté, les États-Unis n’ont selon lui que deux options :
– laisser filer le dollar,
– ou choisir leurs créanciers et renégocier la dette.
Il rappelle qu’aucune grande puissance n’a jamais traversé cette situation sans défaut partiel. Il s’attend donc à une forme de “forteresse américaine”, recentrée sur son continent, tandis que l’Asie s’unifie.
L’Asie : l’explosion du capital humain
Le passage le plus frappant de l’entretien concerne l’essor asiatique.
Gave évoque :
– des universités chinoises qui ouvrent 100 postes de professeurs d’un coup,
– la concentration mondiale la plus élevée d’ingénieurs,
– une agilité économique inconnue en Europe,
– une capacité à corriger les erreurs industrielles en un an.
Selon lui, l’intelligence et le talent européens partent là où ils peuvent respirer : “Tous les grands spécialistes de l’IA… un sur deux est français, mais ils sont en Chine ou aux États-Unis, jamais en France.”
Gave ne sombre pas dans le fatalisme. Il voit trois issues pour les Européens :
- Partir là où le dynamisme existe encore (Hong Kong, Singapour, Asie, Amérique dynamique).
- Investir hors d’Europe même en restant en France, grâce aux marchés internationaux.
- Retrouver une Europe décentralisée, libérée de la technostructure bruxelloise.
Son message final est presque optimiste : “Nous ne mourrons pas parce que le monde s’effondre, mais parce que nous avons renoncé à la liberté. Et ça, c’est réversible.”
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.