Sensibilité au gluten : et si ce n’était pas le gluten le vrai problème ?

Des millions de personnes dans le monde évitent aujourd’hui le gluten, convaincues qu’il serait responsable de leurs maux digestifs. Pourtant, une revue de recherche récemment publiée dans The Lancet remet en question cette idée répandue : dans la majorité des cas, la sensibilité au gluten ne serait pas causée par le gluten lui-même, mais relèverait plutôt du syndrome de l’intestin irritable (SII).

Un diagnostic flou, souvent auto-attribué

Contrairement à la maladie cœliaque – affection auto-immune sévère provoquée par l’ingestion de gluten – la « sensibilité au gluten non cœliaque » (SGNC) ne repose sur aucun marqueur biologique identifiable. Elle est généralement auto-diagnostiquée, souvent sans exclusion médicale préalable des allergies au blé ou de la maladie cœliaque. Et lorsque des tests rigoureux sont réalisés, moins de 3 % des cas auto-déclarés sont confirmés, selon les auteurs de l’étude.

Plus troublant encore, les études en double aveugle analysées dans la revue ont révélé que les patients réagissaient autant au gluten, au blé… qu’au placebo. « Cela montre que quelque chose d’autre que le gluten provoque les symptômes », explique la chercheuse australienne Jessica Biesiekierski, coauteure de l’étude.

Une confusion fréquente avec le syndrome de l’intestin irritable

Jusqu’à 80 % des personnes se disant sensibles au gluten répondent en réalité aux critères diagnostiques du SII, un trouble digestif chronique impliquant douleurs abdominales, ballonnements, diarrhées ou constipations, et fortement influencé par le lien entre le système nerveux et le tube digestif.

La revue scientifique relie d’ailleurs cette sensibilité supposée à des désordres de l’interaction intestin-cerveau : anxiété, stress, alimentation hyper-contrôlée… autant de facteurs psychologiques et neurologiques qui aggravent les réactions digestives et participent à la confusion.

Le vrai coupable : les FODMAPs, et non le gluten

Autre révélation : beaucoup de patients voient leurs symptômes nettement s’améliorer avec un régime pauvre en FODMAPs, un protocole alimentaire temporaire conçu pour les personnes souffrant de SII. Les FODMAPs sont des glucides fermentescibles que l’on trouve dans de nombreux aliments : lactose, fructanes (dans le blé, l’ail, l’oignon), polyols… dont le gluten ne fait pas partie.

En supprimant le gluten, les patients éliminent en réalité des fructanes, ce qui expliquerait les améliorations, sans que le gluten soit responsable. À long terme, la focalisation sur cet unique coupable risque même d’aggraver les choses en perturbant le microbiote intestinal, en appauvrissant l’alimentation (moins de fibres, de fer, de zinc, de folates…), et en alimentant une anxiété alimentaire inutile.

Une industrie florissante… sur un malentendu

Alors que la maladie cœliaque ne touche que 2 % de la population, le marché du sans gluten continue de croître à vive allure. Les ventes devraient passer de 7 à 11 milliards de dollars d’ici 2033, alimentées par la croyance – souvent erronée – que le gluten ferait grossir ou nuirait à la santé intestinale.

Mais selon les chercheurs, “des millions de personnes évitent le gluten sans nécessité”, et ce, au prix de régimes restrictifs, coûteux, socialement contraignants et nutritionnellement carencés.

Que faire en cas de doute ?

La première étape, pour toute personne suspectant une intolérance, reste la réalisation de tests médicaux pour la cœliaquie et l’allergie au blé. En l’absence de diagnostic confirmé, il est préférable de ne pas se lancer seul dans un régime d’éviction, mais de consulter un diététicien spécialisé, qui pourra accompagner la personne sur un protocole FODMAP encadré, temporaire et évolutif.

Par ailleurs, les facteurs psychologiques ne doivent pas être négligés : l’hypervigilance alimentaire, le stress lié à la peur de mal digérer ou l’évitement social peuvent aggraver les symptômes.

Une étude clinique est d’ailleurs en cours pour comparer l’effet du régime FODMAP à celui d’une “exposition alimentaire thérapeutique”, visant à reprogrammer la relation entre cerveau et digestion. En résumé : mieux vaut comprendre les causes réelles de ses troubles digestifs que de bannir inutilement un aliment souvent innocent.

Illustration : Pixabay (cc)
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.
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