Le parti travailliste britannique envisage de donner à la police un accès élargi à la base de données des passeports pour traquer les criminels grâce à la reconnaissance faciale. Un projet qui soulève une vive controverse sur les libertés individuelles et la dérive sécuritaire.
C’est un projet de société qui ne dit pas son nom. Le ministère de l’Intérieur britannique, sous l’impulsion du parti travailliste, a lancé une consultation visant à légaliser à grande échelle l’usage de la reconnaissance faciale par les forces de l’ordre. Objectif affiché : lutter contre la criminalité grâce à des outils technologiques jugés « aussi révolutionnaires que les tests ADN » par la ministre déléguée à la sécurité, Sarah Jones.
Mais pour les défenseurs des libertés civiles, c’est une bascule vers une société de surveillance généralisée.
Un accès inédit aux données biométriques de 45 millions de citoyens
Le projet prévoit d’autoriser la police à comparer les visages de suspects filmés par des caméras de surveillance, des sonnettes connectées ou des dashcams, avec les 45 millions de photos contenues dans la base de données des passeports britanniques. Une extension aux fichiers de l’immigration est également envisagée.
Jusqu’à présent, les forces de l’ordre n’avaient accès qu’à la base de données nationale de la police, limitée aux personnes déjà arrêtées. Ce changement de paradigme permettrait de faire entrer tous les citoyens britanniques — même sans antécédent judiciaire — dans une immense base de comparaison biométrique accessible aux enquêteurs.
Des caméras en temps réel dans chaque ville et village
La consultation publique vise également à légaliser l’usage des caméras de « reconnaissance faciale en direct » dans toutes les zones urbaines du pays. Ce dispositif, déjà testé à Londres et au Pays de Galles, scanne en continu les visages dans la rue pour les comparer à une liste de suspects.
Trois types d’usages sont visés :
- Surveillance en temps réel dans les lieux publics par caméras fixes ou mobiles ;
- Applications mobiles permettant aux policiers d’identifier les individus directement dans la rue ;
- Recherche a posteriori, en utilisant les images issues de scènes de crimes pour retrouver des suspects via les bases de données biométriques.
Une extension vers le privé ?
Les autorités envisagent également d’autoriser l’usage de ces technologies à d’autres entités publiques et à certaines entreprises privées. Des enseignes pourraient ainsi repérer et interdire l’entrée à des voleurs récidivistes grâce à la reconnaissance faciale.
Plus inquiétant encore, la reconnaissance faciale pourrait servir à surveiller les délinquants sexuels, ou encore à retrouver des immigrés clandestins signalés comme expulsés.
Face à ces perspectives, les critiques se multiplient. Silkie Carlo, directrice de l’association Big Brother Watch, dénonce « une violation historique de la vie privée des Britanniques » :
« Nos passeports deviendront des photos d’identité pour une gigantesque base de surveillance. C’est une société de type carcéral qui se profile. »
L’ONG accuse le gouvernement de Sir Keir Starmer de transformer le Royaume-Uni en une « prison à ciel ouvert » et d’utiliser des méthodes dignes des régimes autoritaires.
Une ligne rouge franchie ?
La ministre Sarah Jones, de son côté, assume pleinement la démarche :
« Cette technologie est extrêmement efficace. Elle a permis de retirer des milliers de criminels dangereux de nos rues », déclare-t-elle.
« Il est essentiel que la police dispose de tous les outils nécessaires, mais avec un cadre légal clair pour éviter les abus. »
Mais cette logique de « prévention » et de « dissuasion » par la surveillance, jugée dangereusement intrusive, pourrait remettre en cause un principe fondamental : la présomption d’innocence.
Si le Royaume-Uni poursuit dans cette direction, il pourrait devenir l’un des pays occidentaux les plus surveillés biométriquement. Une évolution à surveiller de près pour tous ceux qui s’inquiètent des dérives sécuritaires sous couvert de lutte contre la criminalité.
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