L’image était encore impensable il y a quelques années : Jordan Bardella dînant à Londres avec Nigel Farage, pour poser les bases d’un rapprochement politique appelé à peser lourd dans les deux capitales. Deux hommes que tout rapproche – souveraineté, refus de l’effacement civilisationnel, reconstruction des frontières – mais qui n’avaient encore jamais échangé en face à face.
L’entretien qu’il a donné ensuite au journal The Telegraph trace une perspective nouvelle : un partenariat franco-britannique fondé non plus sur Bruxelles, mais sur la défense des peuples européens.
Une alliance assumée, tournée contre l’immigration de masse
Bardella et Farage ne se cachent plus : ils veulent agir ensemble pour reprendre le contrôle des frontières. Le président du RN voit dans son interlocuteur un pionnier du Brexit, un homme qui a « redonné au Royaume-Uni son droit de décider pour lui-même ». Pour l’avenir, il imagine même Farage à Downing Street et lui-même à l’Élysée — si Marine Le Pen, actuellement sous la menace d’une inéligibilité, venait à renoncer.
Au cœur de leur échange : la lutte contre l’immigration clandestine, la remise en cause du droit d’asile tel qu’il est appliqué, et la restauration du principe de préférence nationale.
Le projet de Bardella est clair :
- fin du système européen d’accueil automatique,
- traitement des demandes d’asile hors du territoire français,
- expulsion des étrangers délinquants,
- accès prioritaire des Français au logement social et aux aides publiques.
Il propose un référendum sur l’immigration, une réforme constitutionnelle et l’abandon du modèle actuel fondé sur les contraintes de Bruxelles. Objectif affiché : faire de la France le pays le moins attirant pour l’immigration illégale.
Une Europe des nations, plus qu’une Union bureaucratique
Bardella ne cache pas son ambition : substituer à l’Union européenne actuelle une coopération de nations souveraines. À terme, dit-il, rien n’interdit un retour du Royaume-Uni dans un ensemble continental remodelé, moins fédéral, recentré sur les peuples et non sur les commissaires. Le Français se voit déjà agir avec Farage, Meloni, Orbán et d’autres gouvernements patriotes pour transformer Bruxelles : Frontex deviendrait une véritable garde-côtes armée contre les passeurs, et non un service de récupération convoyant les migrants vers les ports européens.
Leur message est limpide : on ne sauvera pas l’Europe en l’ouvrant davantage, mais en la protégeant.
Interrogé sur le risque d’effacement culturel souligné par Washington, Bardella répond sans détour : L’Europe peut disparaître si elle renonce à son identité.
Pour lui, l’immigration massive n’est pas un détail démographique mais un basculement historique. Changer un impôt prend une journée, rappelle-t-il. Perdre une civilisation peut être irréversible.
Il assume son combat contre l’islamisme, la communautarisation et l’effacement culturel observé dans certaines villes françaises. Il dit ne pas s’attaquer à une religion en tant que telle, mais à l’idéologie qui veut remplacer les lois françaises par la charia, séparer hommes et femmes, et transformer l’espace public.
Vers 2027 : le tandem Bardella-Le Pen encore incertain
Une inconnue persiste : qui sera candidat ?
Si Marine Le Pen ne peut se présenter, Bardella portera la bannière. Mais s’il revient à Le Pen de concourir, il s’effacera pour devenir Premier ministre d’une majorité nationale. Dans tous les cas, il affirme une chose : le RN est prêt à gouverner.
La rencontre Farage-Bardella ne relève pas du symbole. Elle acte une bascule idéologique : la recomposition d’un axe d’opposition en Europe de l’Ouest fondé sur l’identité, l’ordre et la défense des frontières.
Une Europe où les États décident, où l’immigration redevient une question politique et non humanitaire, où la culture compte davantage que les traités.
Les mois qui viennent diront si cet axe peut devenir moteur historique ou simple promesse. Une chose est certaine : l’ère du conservatisme timide est révolue.
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