Chaque mois de décembre, entre les guirlandes, le champagne et les retrouvailles familiales, une menace silencieuse refait surface. Les données médicales montrent qu’à Noël et au Nouvel An, les crises cardiaques augmentent nettement. Plus qu’un fait divers médical, il s’agit d’un phénomène observé dans plusieurs pays, sur plusieurs décennies, et qui interroge sur l’impact réel des fêtes sur notre organisme.
En 2004, une publication de l’American Heart Association révélait déjà que le 25 décembre est la journée où l’on recense le plus de décès liés au cœur, suivie du 26 décembre et du 1ᵉʳ janvier. Depuis, d’autres travaux sont venus confirmer cette tendance. Une analyse menée en Suède sur plus de 283 000 infarctus a mis en évidence un risque accru pendant Noël, avec un pic particulièrement marqué le soir du réveillon. Plus surprenant encore : des recherches en Nouvelle-Zélande, où Noël tombe en été, montrent une hausse similaire. Autrement dit, le froid n’est pas le principal suspect.
Stress, excès, rupture de routine : le cocktail explosif des fêtes
Selon les cardiologues, ce phénomène s’explique moins par la météo que par le comportement humain. Les fêtes concentrent en quelques jours ce que le cœur supporte le moins : stress, repas riches, alcool, manque de sommeil, ruptures de routine médicale.
Beaucoup interrompent leur traitement, modifient leur alimentation, abandonnent leur activité physique habituelle et repoussent parfois l’appel aux urgences lorsqu’un symptôme apparaît. Le risque grimpe encore chez les personnes déjà fragilisées : diabète, hypertension, antécédents cardiaques.
Les médecins évoquent également le syndrome du cœur brisé, une cardiomyopathie liée aux émotions fortes. Elle peut imiter l’infarctus — douleurs, oppression, essoufflement — sans obstruction des artères. Dans de nombreux cas, le cœur récupère… à condition que le patient soit pris en charge assez vite.
À cela s’ajoute ce que la littérature médicale nomme le syndrome cardiaque des fêtes : une arythmie déclenchée par la consommation excessive d’alcool et fréquente autour de Noël et du Nouvel An. Palpitations, battements rapides et irréguliers, risque d’AVC si l’épisode n’est pas contrôlé.
Comment réduire les risques ?
Les spécialistes insistent : il ne s’agit pas d’interdire la fête, mais de se préparer à la traverser sans danger. Quelques stratégies simples suffisent à diminuer fortement le risque :
● Modérer l’alcool – un ou deux verres maximum selon les profils
● Maintenir son traitement habituel – ne jamais interrompre un médicament sans avis médical
● Éviter les repas trop lourds et les marathons culinaires
● Dormir suffisamment, même entre deux réveillons
● Gérer le stress, organiser, déléguer, ne pas tout porter seul
La clé n’est pas dans la privation, mais dans la mesure. L’hiver n’est pas le problème : ce sont les habitudes que nous cassons. Pour beaucoup, la fête devient l’événement où l’on boit plus, où l’on mange plus, où l’on dort moins. Le cœur, lui, ne prend pas de vacances.
Un risque qui ne concerne pas que les plus fragiles
Même si les plus de 75 ans restent les plus exposés, les cardiologues rappellent que les infarctus observés pendant les fêtes touchent aussi des personnes plus jeunes, parfois en apparence en bonne santé. L’argument est simple : un cœur déjà mis sous pression le reste de l’année se retrouve submergé lorsqu’on ajoute alcool, stress, fatigue et repas copieux.
À l’inverse, l’ajout de quelques garde-fous peut suffire à faire baisser le risque. Une fête maîtrisée n’en est pas moins joyeuse — elle est simplement moins dangereuse pour ce moteur vital que nous sollicitons sans y penser.
Illustration : DR
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