Une famille chrétienne séparée depuis près de trois ans. Deux enfants éloignées de leurs parents, puis placées dans différents foyers d’accueil, malgré l’absence de preuves de maltraitance. Une accusation initiale que l’enfant elle-même a reconnue comme fausse… mais qui a lancé une machine administrative devenue incontrôlable.
L’histoire de Daniel et Bianca Samson, un couple chrétien d’origine roumaine installé en Suède depuis dix ans, révèle un conflit désormais majeur en Europe : le pouvoir croissant de l’État social face aux droits parentaux, lorsque la religion vient s’y heurter.
Une dispute familiale… qui devient une affaire d’État
Décembre 2022. Sara, 11 ans, frustrée de ne pas obtenir un téléphone portable et du maquillage, affirme à l’école avoir été maltraitée. Les services sociaux interviennent immédiatement, retirent Sara et sa sœur Tiana (10 ans) du domicile familial. Quelques jours plus tard, Sara se rétracte. Les procureurs concluent à l’inexistence d’abus.
Mais les autorités ne reviennent pas en arrière. Au contraire : la famille Samson se voit bientôt accusée non plus de violence — inexistante — mais de « radicalisme religieux », l’unique élément cité étant… leur participation régulière à l’église, trois fois par semaine, et un cadre éducatif jugé trop strict.
Trois ans sans famille, sans école stable, sans repères
Depuis cette date, Sara et Tiana vivent séparées l’une de l’autre, confiées à plusieurs foyers successifs.
Elles ne voient leurs parents qu’une fois par mois, sous surveillance. Le contact avec leurs frères et sœurs a été coupé.
Les conséquences psychologiques sont lourdes. Selon leurs parents, les deux enfants ont développé anxiété, dépression et pensées suicidaires, au point d’avoir tenté de mettre fin à leurs jours.
Une étude suédoise portant sur plus de 21 000 dossiers de placements forcés l’avait déjà montré : le risque de suicide augmente drastiquement chez les mineurs retirés à leur famille, en particulier lorsque la séparation dure plusieurs années.
La controverse prend désormais une dimension européenne.
L’essayiste Ayaan Hirsi Ali résume ainsi l’affaire : « Ce qui n’était qu’un désaccord familial est devenu un procès idéologique. Aujourd’hui en Europe, l’autorité parentale devient oppression, la foi chrétienne devient soupçon. »
Le couple, accompagné par l’organisation juridique ADF International, saisit aujourd’hui la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), invoquant la violation de leur droit à une vie familiale (article 8) et à la liberté religieuse (article 9).
Les recours en Suède ont tous échoué.
Cette affaire résonne avec d’autres tensions déjà condamnées par la CEDH ces dernières années (Norvège, Espagne, Pays-Bas).
La Cour a rappelé à plusieurs reprises que le retrait d’un enfant doit être exceptionnel, temporaire, et toujours orienté vers la réunification — non l’inverse. Or la Suède maintient les deux enfants loin de leur famille depuis bientôt trois ans, sans motif pénal, sans maltraitance, sans nouvelle enquête.
Certains y voient un glissement idéologique : face à des parents croyants et trop affirmés, l’État social progresserait jusqu’à se substituer à la famille.
Cette logique, si elle se généralise, pourrait faire jurisprudence.
Daniel Samson le dit simplement : « Nous avons tout fait. Nous avons été déclarés parents aptes. Nos filles demandent à rentrer. Et pourtant, elles restent loin de nous. »
Les Samsons ne se battent plus seulement pour Sara et Tiana. Derrière eux se joue une question politique immense : un parent chrétien peut-il encore élever ses enfants selon sa foi, sans craindre que l’État les lui retire ?
Le dossier sera désormais jugé à Strasbourg.
Si la CEDH statue en faveur de la famille, la décision pourrait devenir un précédent majeur pour la liberté éducative et religieuse en Europe.
Illustration : DR
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