La barre symbolique des 40 000 traversées illégales de la Manche a été franchie. Depuis le début de l’année 2025, plus de 40 000 migrants sont parvenus à rejoindre les côtes britanniques à bord d’embarcations de fortune, malgré les annonces répétées des autorités et les accords bilatéraux conclus entre Londres et Paris.
Selon les derniers décomptes publiés par l’agence PA News, 737 migrants ont débarqué au Royaume-Uni au cours d’un seul week-end, à bord de onze bateaux partis principalement des plages du nord de la France. Ce chiffre porte le total annuel à 40 029 arrivées clandestines, un niveau qui n’avait plus été atteint depuis 2022, année record avec 45 755 traversées.
Une dynamique repartie à la hausse
Après un net recul en 2023 (29 347 arrivées), la pression migratoire n’a cessé de remonter en 2024 (36 816 passages), avant de franchir à nouveau un seuil critique cette année. La récente accalmie observée durant plusieurs semaines n’était liée qu’aux conditions météorologiques défavorables. Dès leur amélioration, les traversées ont repris immédiatement.
Cette situation constitue un revers politique majeur pour le gouvernement travailliste de Keir Starmer, arrivé au pouvoir en promettant une gestion plus ferme et plus efficace de l’immigration illégale. L’objectif affiché de « démanteler les réseaux de passeurs » se heurte pour l’instant à une réalité persistante : les flux continuent, les chiffres augmentent, et les dispositifs de dissuasion restent largement inefficaces.
Un partenariat franco-britannique à bout de souffle
Depuis plusieurs années, le Royaume-Uni verse des sommes considérables à la France — près d’un milliard de livres sterling cumulées — afin de renforcer la surveillance des côtes et empêcher les départs. Pourtant, Paris refuse toujours toute politique de refoulement en mer ou de reconduite forcée des embarcations vers les plages françaises.
Les autorités maritimes françaises invoquent des raisons de sécurité. Selon la préfecture maritime, les embarcations utilisées par les migrants sont « structurellement fragiles » et surchargées, rendant toute interception risquée. Résultat : les départs sont observés, parfois encadrés, mais rarement empêchés.
Le dernier accord conclu entre Keir Starmer et Emmanuel Macron, présenté comme un tournant, n’a pour l’instant produit que des résultats symboliques. Le mécanisme dit du « un pour un » — un migrant renvoyé en France contre un demandeur d’asile accepté légalement au Royaume-Uni — n’a permis l’éloignement que de quelques dizaines de personnes depuis son entrée en vigueur en juillet.
Fin du plan Rwanda, retour aux hôtels
Contrairement au projet abandonné de délocalisation des demandeurs d’asile vers le Rwanda, le gouvernement travailliste a fait le choix de maintenir les migrants sur le sol britannique, en multipliant les structures d’hébergement d’urgence. Hôtels réquisitionnés, centres temporaires, et désormais sites militaires désaffectés constituent l’ossature du dispositif.
Cette politique suscite une contestation croissante au sein de la population. Dans plusieurs villes anglaises, des habitants dénoncent une insécurité accrue, une absence de concertation et un sentiment d’abandon. À Epping, dans l’Essex, des manifestations ont éclaté après qu’un migrant éthiopien hébergé dans un hôtel réquisitionné a agressé sexuellement une adolescente de 14 ans. Malgré une action en justice engagée par les autorités locales, le gouvernement a obtenu le maintien du site, estimant que ses obligations envers les migrants primaient sur les inquiétudes des riverains.
Les mêmes scènes se répètent ailleurs. À Crowborough, le ministère de l’Intérieur prévoit d’installer environ 540 migrants, majoritairement des hommes jeunes, dans un ancien camp militaire. Depuis novembre, six mobilisations locales ont eu lieu pour dénoncer les risques pour la sécurité et la cohésion sociale. Les autorités, de leur côté, persistent à affirmer que ces installations sont nécessaires pour « dissuader » de nouvelles arrivées, une justification largement contestée par les habitants.
Le contraste est frappant : alors que l’exécutif affirme vouloir décourager les traversées illégales, les chiffres démontrent l’effet inverse. L’absence de refoulement, la certitude d’un hébergement et l’enlisement des procédures d’éloignement constituent autant de signaux incitatifs pour les filières de passeurs.
La situation dans la Manche illustre une crise plus profonde : celle de l’incapacité des États européens à reprendre le contrôle effectif de leurs frontières. Le Royaume-Uni, pourtant sorti de l’Union européenne, se heurte aux mêmes blocages juridiques, politiques et idéologiques que ses voisins continentaux.
Tant que les traversées resteront possibles, tant que les arrivées ne seront pas suivies de mesures dissuasives immédiates, et tant que les préoccupations des populations locales seront reléguées au second plan, la crise migratoire dans la Manche est appelée à durer — et à s’aggraver.
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