Les chiffres sont lourds et les témoignages glaçants. Selon des données policières récemment compilées au Royaume-Uni, des dizaines de viols et d’agressions sexuelles ont été commis dans des centres sportifs, en particulier dans des vestiaires mixtes. Une réalité largement ignorée du débat public, mais qui soulève des questions majeures de sécurité, de responsabilité et de protection des femmes et des jeunes filles.
D’après ces données, au moins 16 viols, 80 agressions sexuelles et 65 faits de voyeurisme ont été enregistrés dans des centres de loisirs et des piscines en 2023, soit en moyenne trois infractions sexuelles par semaine. Les chiffres ont été obtenus par l’association Women’s Rights Network (WRN) à la suite de demandes officielles adressées aux forces de police.
Bear with me here, but it’s almost as though girls and women who want female-only spaces aren’t scaremongering, hysterical, lying bigots after all.https://t.co/xVeHv53d3p
— J.K. Rowling (@jk_rowling) December 12, 2025
Les vestiaires mixtes, lieux de vulnérabilité
Lorsque la localisation précise des faits était mentionnée, la majorité des infractions ont eu lieu dans des vestiaires mixtes, c’est-à-dire des espaces où hommes et femmes se changent dans les mêmes zones. Pour les associations de défense des droits des femmes, ces espaces constituent un environnement particulièrement propice aux comportements prédateurs.
Les vestiaires sont par nature des lieux de vulnérabilité : corps dénudés, isolement momentané, présence de mineures, faible surveillance. Dans ce contexte, la généralisation des espaces mixtes apparaît, pour de nombreux observateurs, comme une prise de risque évitable.
Le rapport souligne qu’un tiers des centres sportifs ne proposent plus aucun vestiaire non mixte, conséquence directe de choix architecturaux récents et de recommandations institutionnelles favorisant des espaces dits « neutres ».
Les récits recueillis par l’association donnent un visage humain à ces statistiques. Une adolescente agressée sexuellement dans une piscine raconte des nuits sans sommeil, des crises d’angoisse répétées et une peur durable associée à l’odeur du chlore. Une autre victime de voyeurisme explique n’avoir jamais porté plainte, convaincue que cela ne servirait à rien.
Plusieurs femmes disent avoir renoncé définitivement à fréquenter les piscines ou centres sportifs, préférant s’éloigner de ces lieux plutôt que de s’exposer à un nouveau traumatisme. Le rapport estime ainsi que les faits sont très probablement sous-déclarés, en raison d’une perte de confiance dans la capacité des autorités à protéger et à sanctionner.
Un cadre juridique clair, mais contourné
En avril dernier, la Cour suprême britannique a rappelé que le mot « sexe », dans la loi sur l’égalité, renvoie au sexe biologique. Cette décision implique que les vestiaires féminins doivent être réservés aux femmes biologiques.
Pourtant, dans la pratique, de nombreuses collectivités locales et exploitants de centres sportifs contournent cette interprétation en supprimant purement et simplement les vestiaires non mixtes, au profit d’espaces communs. Une stratégie dénoncée par les auteurs du rapport, qui parlent de « risques intégrés dès la conception ».
Les forces de police elles-mêmes ont exprimé leurs inquiétudes. Dans le cadre d’un projet de piscine à Stevenage, les autorités ont demandé une refonte des plans, estimant que les vestiaires mixtes faisaient peser un risque réel de violences sexuelles.
Une responsabilité collective engagée
Le rapport critique également la qualité des données policières, soulignant que le sexe biologique des auteurs n’est pas toujours correctement enregistré, rendant l’analyse plus difficile. Sur 38 forces de police sollicitées, seules 35 ont répondu, certaines refusant de transmettre les informations demandées.
Pour les associations, cette situation révèle un aveuglement institutionnel : au nom de principes abstraits ou de choix idéologiques, la sécurité concrète des femmes et des jeunes filles est reléguée au second plan.
Des personnalités du monde sportif, dont l’ancienne nageuse olympique Sharron Davies, ont appelé les autorités locales à agir, rappelant que l’accès au sport ne peut se faire au prix de la sécurité et de la dignité.
Le rapport appelle à un changement de cap clair : les vestiaires mixtes ne devraient pas être la norme par défaut. Les centres existants doivent être évalués en fonction des risques, et des espaces distincts doivent être proposés à celles qui le souhaitent.
Au-delà du Royaume-Uni, cette question concerne l’ensemble des sociétés européennes confrontées aux mêmes débats. Elle pose une interrogation simple mais fondamentale : comment protéger les plus vulnérables dans les lieux du quotidien, sans détourner le regard ni travestir la réalité ?
Car derrière les statistiques, ce sont des vies marquées, des pratiques abandonnées et une confiance brisée. Et cela, aucun aménagement idéologique ne pourra l’effacer.
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