Un professeur britannique assimilé à un “terroriste” pour avoir montré des vidéos de Donald Trump à ses élèves

Un enseignant britannique d’une cinquantaine d’années affirme avoir été poussé vers la sortie de son établissement, après avoir été signalé aux autorités de protection de l’enfance et orienté vers le programme antiterroriste de l’État, pour un motif qui interroge : avoir diffusé à ses élèves de terminale des vidéos liées à la campagne et à l’investiture de Donald Trump.

Les faits se sont déroulés au Henley College, un établissement d’enseignement post-bac situé à Henley-on-Thames, dans l’Oxfordshire, qui accueille plus de 2 000 étudiants âgés de 16 à 18 ans. Le professeur, qui souhaite rester anonyme, y enseignait la politique américaine à des élèves préparant leurs A-levels, l’équivalent britannique du baccalauréat.

Une alerte “safeguarding” déclenchée par des vidéos politiques

Selon son témoignage, tout commence à l’automne 2024, peu après la victoire électorale de Donald Trump. Dans le cadre d’un cours consacré à la communication politique et à la propagande, l’enseignant diffuse plusieurs vidéos issues de la campagne républicaine, dont une séquence de l’investiture présidentielle de 2025. Il affirme avoir également montré des contenus liés au camp démocrate, notamment des vidéos de Kamala Harris.

Deux étudiants déposent néanmoins une plainte interne, accusant le professeur d’enseigner de manière « biaisée » et « hors sujet ». L’un d’eux déclare s’être senti « mal à l’aise », allant jusqu’à évoquer un trouble émotionnel après le visionnage des vidéos.

De la salle de classe au dispositif antiterroriste

L’affaire prend rapidement une tournure inattendue. L’établissement saisit l’autorité locale chargée de la protection de l’enfance, laquelle recommande une orientation prioritaire vers Prevent, le dispositif gouvernemental britannique censé repérer les risques de radicalisation menant au terrorisme.

Dans un rapport daté de mai 2025, les services estiment que les opinions de l’enseignant « pourraient être perçues comme radicales » et que la diffusion de ces contenus « pourrait causer un préjudice à un enfant », voire relever d’un « crime de haine ». Une formulation qui choque l’intéressé, enseignant qualifié depuis les années 1990.

« On m’a assimilé à un terroriste. C’était surréaliste, presque dystopique », confie-t-il. Catholique pratiquant et sympathisant républicain assumé, il réfute toute forme d’extrémisme et affirme défendre des positions politiques qu’il juge parfaitement mainstream au regard de la vie politique américaine.

Une sortie négociée et une carrière brisée

Face à l’enquête interne, le professeur engage une procédure de grief contre le collège. L’affaire se conclut par un accord financier de 2 000 livres sterling, assorti d’un départ contraint de son poste, rémunéré environ 44 000 livres par an. Officiellement, il ne s’agit pas d’un licenciement, mais l’enseignant estime avoir été clairement poussé à la démission.

Dans une lettre de reproches formelle, l’établissement lui impute un manquement professionnel pour avoir causé un « préjudice émotionnel » à ses élèves et pour avoir présenté des opinions politiques jugées « déséquilibrées », avec une « emphase sur des points de vue de droite, potentiellement extrémistes ».

Parmi les vidéos incriminées figurait également un clip musical pro-Trump, Daddy’s Home, réalisé par la comédienne américaine Roseanne Barr et un rappeur canadien, vidéo qui aurait été suggérée par un élève lui-même.

Liberté académique sous pression idéologique

L’affaire a été reprise par la Free Speech Union, organisation de défense de la liberté d’expression, qui estime que les mécanismes de protection de l’enfance sont ici instrumentalisés à des fins idéologiques. Selon elle, des outils initialement conçus pour lutter contre des menaces graves sont détournés pour écarter des professionnels aux opinions politiques jugées non conformes.

Son directeur, Lord Young, pair conservateur à la Chambre des Lords, rappelle que Donald Trump est le dirigeant démocratiquement élu du principal allié du Royaume-Uni, et que l’étude de ses campagnes électorales relève pleinement de l’enseignement politique.

Un climat de suspicion croissante dans l’éducation britannique

Désormais professeur remplaçant, l’enseignant affirme que cette affaire a profondément affecté sa santé mentale et physique. Il dit avoir eu recours à un suivi psychologique et redoute que ce dossier compromette durablement son retour à un poste stable.

Interrogé, le Henley College se retranche derrière le respect strict des procédures de protection prévues par la législation britannique et refuse de commenter des cas individuels. Une position prudente, mais qui laisse entière la question de fond : jusqu’où peut aller la surveillance idéologique dans l’enseignement, au nom de la protection des élèves ?

Au Royaume-Uni, cette affaire relance le débat sur l’usage extensif de dispositifs comme Prevent, et sur le risque d’un glissement de la lutte contre la radicalisation vers le contrôle politique des discours, y compris dans les salles de classe.

Illustration : DR
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.

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