Pénitentiaire : le mouvement reconduit ce lundi à Nantes

Ce lundi matin à Nantes, une trentaine d’agents pénitentiaires ont bloqué le pôle extractions judiciaires (PREJ) et l’entrée du centre de détention boulevard Einstein, entre 7 h 45 et 12 h 30. Les extractions de détenus prévues pour la journée n’ont pu être faites. Démarré suite à l’attaque terroriste, par un converti islamiste, de deux surveillants à Condé sur Sarthe, le mouvement ne s’apaise pas en Bretagne et dans les régions limitrophes.

Par ailleurs à Nantes les personnels pénitentiaires luttent aussi contre le fléau des projections – généralement des armes, des portables, de la drogue, ou encore de l’alcool balancés par-dessus les murs par de jeunes anciens détenus ou leurs proches, mineurs ou non. Rien que ce samedi, 68 projections ont été recensées à la maison d’arrêt, et il y en a eu d’autres encore dans la nuit de dimanche à lundi.

« Nous demandons la revalorisation des conditions de sécurité, mais aussi salariales et indemnitires – car tout est lié – pour attirer les meilleurs profils. Aujourd’hui la pénitentiaire ne garde que les gens qui n’ont pas le choix, au concours, seuls 13% des inscrits se sont présentés. On a des jeunes qui entrent mais qui repartent, notamment vers les douanes, alors qu’on a besoin de gens de plus en plus motivés car les conditions sont de plus en plus difficiles, et que demain on va en outre accueillir des djihadistes », explique un surveillant.

Un autre explique, « notre mouvement n’est pas tourné contre les détenus, même si ça influe sur les parloirs par exemple – il y en a qui nous soutiennent et qui comprennent. On n’a pas le droit de grève, tout ce qu’on peut faire, c’est manifester sur nos horaires de repos ».

« On a un sifflet pour toute arme », explique une surveillante. « On demande des tasers et des chiens pour les points chauds, mais aussi repérer les stupéfiants et décourager les détenus de nous taper dessus. Depuis le début de l’année, il y a eu 115 agressions graves sur toute la France, ça fait un peu moins de 10 par semaines… sans compter les insultes et le reste. Généralement, comme on n’accueille pas vraiment la fine fleur de la société, on a des détenus qui partent en vrille pour une perm qui a sauté, des clopes, ou même parce que ce sont des petits jeunes des cités pas ou peu cadrés qui veulent s’imposer. Il y en a qui ont 20 ans et ne savent pas lire ».

Comme nous l’expliquions encore en 2014, les prisons ne font plus peur qu’aux gens honnêtes. « On en a qui font le ping pong, ils sortent et reviennent, surtout en maison d’arrêt. Comme ce SDF qui a 40 ans, qui sort et casse des voitures immédiatement pour revenir ».

S’ajoutent à cela des dimensions idéologiques : « le ministère a une vue de la prison issue de la doctrine de Foucault et de Victor Hugo – il nie presque le concept même de prison. S’ajoutent à cela des groupes de pression idéologisés, comme le Genepi [une association étudiante marquée à gauche, subventionnée par  le ministère de la Justice, qui propose des ateliers d’enseignement en milieu carcéral depuis 1976] ou le comité Adama qui font pression sur le ministère pour assurer des conditions royales aux détenus… au mépris des personnels et de la mission judiciaire de la prison ».

Pour l’heure, et comme depuis des années, le ministère de la Justice fait comme s’il ne se passait rien. « On nous a promis des gilets pare-balles, ce qui est ridicule car les détenus ont plus souvent des lames, ou des fourchettes, ou des boîtes de conserve emmaillottées dans des serviettes », relève une surveillante. « Mais comme l’an dernier il y a un syndicat qui a signé [l’UFAP] après un mouvement historique pour 30 deniers, un relevé de conclusions qui est du pur enfumage, et des mesurettes, le ministère de la Justice ne se précipite guère alors qu’il y a le feu au lac ». Depuis l’UFAP a perdu sa position de syndicat majoritaire, sans guère émouvoir le ministère. « Chez nous, les gens se syndiquent pour les mutations. Les délégués de l’UFAP, ils sont dans leurs bureaux, jamais sur le terrain. Qu’ont-ils à faire des surveillants et des risques que nous connaissons au quotidien ? ».

LBG

Crédit photo : DR
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