Marion du Faouët : brigande bretonne et héroïne populaire

Marion du Faouët, de son vrai nom Marie-Louise Tromel, est une figure emblématique de l’histoire de la Bretagne. Née le 6 mai 1717 dans le hameau de Porz-en-Haie, au Faouët, elle est surtout connue pour avoir dirigé une troupe de brigands en Cornouaille, où elle s’attaque aux marchands et voyageurs de passage. Son destin tragique et son combat contre l’injustice en ont fait une légende bretonne, dont l’héritage perdure jusqu’à aujourd’hui.

La jeunesse de Marion du Faouët

Marie-Louise Tromel grandit dans une famille modeste du Morbihan, au sein d’un territoire rural marqué par la pauvreté et les inégalités sociales. Troisième enfant de Félicien Tromel et d’Hélène Kerleau, elle perd très jeune l’un de ses frères et voit sa vie rythmée par des difficultés financières. C’est dans ce contexte que Marion développe une méfiance à l’égard des autorités et des classes aisées, des sentiments qui la conduiront plus tard à prendre les armes contre ceux qu’elle perçoit comme oppresseurs de son peuple.

À l’âge de 23 ans, Marion prend la tête d’une bande de brigands, la « Compagnie Finefont », et devient une redoutable figure du banditisme en Bretagne. Sa troupe, composée de jusqu’à 40 hommes, parcourt les routes de Cornouaille pour s’attaquer aux marchands et voyageurs. Sa particularité réside dans le choix de ses cibles : Marion et ses hommes épargnent les pauvres et s’en prennent principalement aux étrangers ou aux riches, dans une sorte de justice sociale qui renforcera sa popularité. La bande opère souvent sans violence excessive, se contentant de détrousser les passants tout en évitant les effusions de sang.

Les caches de la Compagnie Finefont sont légendaires. Selon les récits, Marion et ses hommes se seraient abrités dans des lieux reculés, comme la grotte du diable à Huelgoat ou le manoir du Bodénou. Ces cachettes, dissimulées dans la nature sauvage bretonne, ajoutent une aura mystérieuse à l’histoire de Marion du Faouët et contribuent à la formation de sa légende.

Arrestations et condamnations

Malgré sa popularité, Marion est capturée plusieurs fois. En 1746, elle est arrêtée pour la première fois à Ploërdut avec son compagnon, Henri Pezron, et plusieurs complices. Henri est soumis à la torture et exécuté peu après, tandis que Marion est condamnée à être fouettée et marquée au fer rouge, puis bannie. Cependant, elle échappe à l’exécution et continue ses activités jusqu’à sa capture finale en 1754 à Nantes.

Après une dernière évasion spectaculaire de la prison de Quimper, Marion est finalement rattrapée et jugée pour ses crimes. Le 2 août 1755, à l’âge de 38 ans, elle est pendue sur la place Saint-Corentin à Quimper, mettant fin à une vie de résistance contre les autorités.

Marion du Faouët est rapidement érigée en héroïne populaire, malgré la gravité des actes qui lui sont reprochés. Dans l’imaginaire collectif, elle devient une sorte de « Robin des Bois » bretonne, luttant contre les injustices sociales. Cette image est soutenue par la tradition orale qui lui attribue des traits de bonté et de solidarité envers les plus démunis. Le souvenir de Marion du Faouët reste vivace en Bretagne, où plusieurs rues et lieux portent son nom, et où des chansons et des livres perpétuent son mythe. On vous propose ci-dessous une vidéo qui rétablit quelques vérités à son sujet

Héritage et postérité de Marion du Faouët

Des chansons comme celles du groupe breton Tri Yann, qui lui dédie un titre dans l’album Rummadoù, ou encore le livre Marion du Faouët, brigande et rebelle de Catherine Borgella, contribuent à populariser son histoire. En Bretagne, elle reste une figure de la résistance bretonne, symbole de la révolte contre l’oppression.

Crédit photo : DR (photo d’illustration)
[cc] Breizh-info.com, 2024, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

Cet article vous a plu, intrigué, ou révolté ?

PARTAGEZ L'ARTICLE POUR SOUTENIR BREIZH INFO

Les commentaires sont fermés.

ARTICLES EN LIEN OU SIMILAIRES

Local, VANNES

Plescop : montée des cambriolages, les habitants réclament le rétablissement de l’éclairage public et des caméras

Découvrir l'article

PERROS GUIREC, Sport

Perros-Guirec retrouvera le grand départ de La Solitaire du Figaro Paprec en 2026

Découvrir l'article

A La Une, Sociétal

« L’insulte de complotiste, c’est presque un étendard » : entretien avec l’ACL du Finistère avant la venue de Louis Fouché, le 8 janvier 2026

Découvrir l'article

Culture, Culture & Patrimoine, Sociétal

Langue bretonne : de nouvelles formations chez Roudour, pour apprendre ou progresser dès janvier 2026, en Bretagne ou à distance

Découvrir l'article

Animaux

Leptospirose canine : une maladie bactérienne grave en progression en France

Découvrir l'article

A La Une, Culture & Patrimoine

« Raconter une histoire des Européens qui ne se résume pas à violence, racisme et conquête, c’est aller à contre-courant » Audrey Stéphanie (Héros d’Europe) [Interview]

Découvrir l'article

Culture & Patrimoine, Histoire, LOCARN

« Et bientôt s’ensuivit la ruine des Bretons » : une conférence historique sur les Vikings en Bretagne le 13 décembre à Locarn (22)

Découvrir l'article

RENNES

Le voile islamique, un signe d’intégration dans la société française ? La sortie lunaire de Sasha Bernert (LFI) à Saint-Jacques-de-la-Lande

Découvrir l'article

Economie, Local

Lesneven – Côte des Légendes : la chambre régionale des comptes pointe une intercommunalité en croissance… mais en manque de cap

Découvrir l'article

International

L’autre marée : ce que révèle l’éveil conservateur venu d’Amérique

Découvrir l'article

PARTICIPEZ AU COMBAT POUR LA RÉINFORMATION !

Faites un don et soutenez la diversité journalistique.

Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur Breizh Info. Si vous continuez à utiliser le site, nous supposerons que vous êtes d'accord.

Clicky