Votée dans la douleur le 17 février, la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025 – cousine sociale de la loi de finances – prétend regarnir les caisses publiques. Patronat, DRH et indépendants doivent se préparer à plusieurs tournants. Tour d’horizon des mesures phares.
1. 2026 : trois allégements fusionnent en un seul
La réduction générale « Fillon », les rabais maladie et allocations familiales survivront jusqu’au 31 décembre 2025. Au 1er janvier 2026, un mécanisme unique prendra le relais pour les salaires allant jusqu’à trois SMIC. Objectif : simplifier la fiche de paie… tout en rognant sur les exonérations.
Des plafonds rabotés dès 2025
- Maladie : seuil abaissé à 2,25 SMIC (contre 2,5).
- Allocations familiales : seuil ramené à 3,3 SMIC (contre 3,5).
- Fillon : plafond inchangé à 1,6 SMIC.
Le tout s’applique rétroactivement au 1er janvier, sur la base du SMIC revalorisé à 11,88 €.
Prime de partage de la valeur intégrée dans le calcul
Désormais, la PPV entre dans l’assiette utilisée pour déterminer l’allégement Fillon. Effet concret : un salarié proche de 1,6 SMIC qui touche la prime verra la réduction diminuer, voire disparaître.
2. Agriculture : exonération TO-DE renforcée
La crise paysanne a débouché sur un geste ciblé : exonération totale de charges patronales jusqu’à 1,25 SMIC pour les travailleurs occasionnels et demandeurs d’emploi embauchés moins de 119 jours, sur des tâches strictement agricoles ou forestières. Condition sine qua non : CDD saisonnier, contrat vendanges ou CDDI.
3. Apprentis : nets en baisse pour les nouveaux contrats
Pour les contrats signés à partir du 1er mars 2025, l’exonération salariale tombe à 50 % du SMIC (au lieu de 79 %). Les CSG-CRDS suivent la même trajectoire. Deux apprentis payés pareil mais embauchés avant et après le 1er mars n’auront donc plus le même net.
4. Indemnités journalières : plafond ramené à 1,4 SMIC
Depuis le 1er avril, le salaire de référence servant à calculer les IJ maladie est plafonné à 2 522,57 € (1,4 SMIC) au lieu de 3 243,31 €. Résultat : IJ plus faibles, reste à charge accru pour l’employeur et, à terme, hausse attendue des cotisations prévoyance. Les arrêts pour accident du travail ou maladie professionnelle ne sont pas concernés.
5. Jeunes entreprises innovantes : ticket d’entrée relevé
Le seuil de dépenses R&D passe de 15 % à 20 % du total des charges pour profiter des exonérations patronales JEI. Entrée en vigueur : 1er mars 2025.
6. Transport domicile-travail : retour à la normale
- Prise en charge facultative « abonnement + vélo » : maintien de l’exonération à 75 % pour la seule année 2025.
- Prime transport carburant : plafond retombé à 300 € (600 € pour carburant + autres frais).
- Forfait mobilités durables : 600 € maxi.
- Le cumul global avantages transport ne peut pas dépasser 900 €.
Et adieu la possibilité de verser la prime carburant quand un réseau de transport existe.
7. Rachat de RTT : prolongation
Les journées ou demi-journées de repos acquises dans des accords RTT « historiques » ou des dispositifs d’aménagement du temps de travail pourront encore être monétisées en 2025, avec exonérations de cotisations salariales et allégement patronal.
8. Aides à l’apprentissage allégées
Pour les contrats signés après le 24 février 2025 :
- Entreprises < 250 salariés : aide ramenée à 5 000 €.
- Entreprises ≥ 250 salariés : 2 000 €.
- Maintien à 6 000 € pour l’embauche d’un apprenti en situation de handicap.
9. Partage de la valeur : tour de vis pour les PME
Depuis le 1er janvier, les sociétés de 11 à 49 salariés qui affichent trois ans de bénéfice ≥ 1 % du chiffre d’affaires doivent instaurer un dispositif d’intéressement, de participation, de PPV ou un abondement à un plan d’épargne. Expérimentation sur cinq ans.
10. Véhicules de fonction : barème revu
Pour tout véhicule attribué à compter du 1er février 2025 :
- Avantage en nature calculé à 15 % du prix d’achat (10 % si le véhicule a plus de cinq ans).
- Pour un véhicule loué : 50 % du coût global annuel.
- Bonus électrique : abattement de 50 % au réel (plafond 2 000 €) ou 70 % au forfait (plafond 4 582 €) jusqu’en 2027.
11. Saisie sur salaire : cap sur le commissaire de justice
Dès le 1er juillet 2025, les procédures de saisie seront pilotées par un commissaire de justice, avec un rôle accru pour l’employeur : transmission de la situation du salarié, calcul et reversement des montants. Omettre une information ou refuser de prélever expose à une amende civile pouvant grimper à 10 000 €.
12. Handicap, chômage et AT/MP : nouveautés en rafale
- Déclaration OETH : toujours via la DSN d’avril (exigible 5 ou 15 mai).
- Contribution assurance-chômage : taux abaissé de 4,05 % à 4 % au 1er mai.
- Taux AT/MP : nouveaux barèmes dès le 1er mai, consultables sur le compte AT/MP.
La LFSS 2025 conjugue rabotages, recentrages et aides ciblées : baisse des plafonds d’exonération, inclusion de la PPV dans l’allégement Fillon, coup de frein sur l’apprentissage, mais bouffée d’oxygène pour le monde agricole et maintien temporaire des 75 % sur les abonnements transports. La suite de l’année 2025 s’annonce sportive sur le front social.
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