Les nouveaux censeurs : quand la vieille Angleterre se soumet à la religion d’État du vivre-ensemble

On croyait jadis que l’Angleterre, patrie de Locke et de Burke, tiendrait bon contre les sirènes inquisitoriales du progressisme moral. Las ! C’est aujourd’hui sous la plume d’un baron libéral et bien élevé, Daniel Finkelstein, que le Times of London nous sert la plus parfaite illustration de cette perversion morale qu’on appelle à tort « extrême centre » et qui n’est que la traduction molle, mais non moins funeste, de la pensée unique occidentale.

Dans son article du 3 juin, Finkelstein feint de défendre la liberté d’expression tout en applaudissant la condamnation de Lucy Connolly, une Anglaise de souche, mère de famille, jetée en prison pour un tweet outré après le massacre d’enfants à Southport. Un tweet ? Non, clame-t-il. Un appel à l’émeute ! Il ose même comparer l’affaire à celle du vieux Klan de l’Ohio, remontant à 1964. Ainsi, une femme blanche écoeurée par l’inaction des autorités est assimilée à un suprémaciste encapuchonné rêvant de bûchers raciaux. Le glissement est grotesque, la ficelle est grosse, mais elle plaît aux consciences sûres d’elles-mêmes, qui confondent toujours le peuple avec la populace.

Ce procès moral contre Connolly, et par extension contre tous ceux qui osent contester les effets délétères de l’immigration de masse, révèle surtout la terreur nouvelle : celle de la parole incontrôlée. Il ne suffit plus de criminaliser les actes ; il faut désormais punir les pensées, les émotions, les colères – surtout lorsqu’elles viennent du fond des provinces blanches, de ces bourgades anglaises ou françaises que les élites globalisées méprisent en silence mais surveillent avec férocité. Finkelstein incarne cette caste : habile à manier les références américaines, prompt à défendre le Coran brûlé, mais intraitable dès qu’un Anglais « de souche » sort de ses gonds.

Ce deux poids, deux mesures n’a rien d’un accident. Il répond à une logique politique froide : disqualifier toute protestation autochtone en l’étiquetant « extrémiste », pour mieux occulter les ravages du multiculturalisme imposé. Le tweet de Lucy Connolly a été vu 310 000 fois ? Qu’importe. Il faut faire de cette colère populaire un crime d’État. Pendant ce temps, les prêcheurs salafistes pullulent dans les mosquées financées depuis Doha ou Ankara, et les complices de la censure islamique enseignent la prudence aux journalistes. Où sont les condamnations pour ceux-là ? Où sont les peines de prison pour les propos incendiaires tenus dans la langue du djihad ?

La perfidie du propos de Finkelstein culmine lorsqu’il imagine une inversion : que se serait-il passé, demande-t-il, si un islamiste avait appelé à brûler des églises ? Comme si cela n’arrivait pas déjà ! Comme si le Bataclan, Notre-Dame de Nice, Samuel Paty, n’étaient pas là pour rappeler que les églises ont déjà brûlé, que les têtes ont déjà roulé. La différence n’est pas dans l’intention, monsieur Finkelstein, mais dans l’exécution : les islamistes passent à l’acte, et souvent. Les « extrémistes blancs », eux, se contentent encore – et c’est cela que vous redoutez – de parler.

Or ce qui vous gêne, ce n’est pas la violence, mais la parole. Vous le confessez d’ailleurs à demi-mot : « vivre dans une société multiculturelle est déjà assez difficile », dites-vous. Non pas pour les migrants, mais pour les indigènes. Et pourtant, vous exigez d’eux silence, soumission et repentance. Voilà la vraie tyrannie, douce et inflexible, celle que Moeller van den Bruck aurait pu décrire comme la fin d’un monde, sous des dehors policés.

Heureusement, l’Amérique profonde, celle de la Constitution, de Jefferson et de la Déclaration des droits, commence à réagir. À Washington, plusieurs voix s’élèvent, au sein même du département d’État, pour défendre la liberté d’expression des Britanniques asphyxiés par la loi sur les discours haineux. Une proposition actuellement à l’étude vise à instaurer des visas de protection pour les citoyens britanniques condamnés pour délit d’opinion, et un mécanisme de refus d’entrée aux agents actifs de la censure en ligne. Ce serait là un acte de salubrité morale : reconnaître que la liberté n’est pas divisible, ni géographiquement, ni selon l’ethnie de celui qui parle.

Daniel Finkelstein, en ce sens, incarne exactement ce qu’un pays libre ne doit plus tolérer. Il est le mètre étalon du censeur postmoderne : souriant, cultivé, et pourtant d’une cruauté bureaucratique implacable. Il ne menace pas vos enfants avec un couteau, mais vos idées avec des lois. C’est pourquoi il doit être tenu à distance. Que l’Amérique interdise son entrée sur son territoire serait moins un geste politique qu’un signal éthique : ici, nous ne faisons pas taire les citoyens, nous les écoutons — même lorsqu’ils crient.

Balbino Katz — chroniqueur des vents et des marées —

Crédit photo : DR
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3 réponses à “Les nouveaux censeurs : quand la vieille Angleterre se soumet à la religion d’État du vivre-ensemble”

  1. Vert dit :

    La place de finkestein est en Israël non ?

  2. Luc Secret dit :

    « d’un baron libéral » ? « liberal » en anglais, n’a pas du tout le m^me sens que « libéral » en français ;le bonhomme est tout le contraire d’un libéral, qui défendrait la liberté d’expression…

  3. Pierre dit :

    J’ai habité l’Angleterre profonde (les Midlands) pendant plusieurs années et j’ai appris à connaître les braves gens de ce pays. J’en ai étudié l’histoire avec soin et je ne peux que regretter que la première phrase de votre article reprenne la propagande idéologique des « élites » de ce pays. Cela fait 1000 ans que les petites gens y souffrent sous la pression des pillards et des tortionnaires qui les dominent, et qui n’ont cessé de justifier leurs tortures et leurs pillages par des mensonges. Les éxécutions de 1382, le meurte de saint Thomas Becket (1170), celui, sous forme d’exécution, de saint Thomas More (1535), la réduction à l’esclavage écomique de toute la population dès la fin du 12ème siècle en violant les droits d’exploitation des terres sous forme de loyers (en quelques années le prix des denrées agricoles a doublé), l’esclavage déguisé sous forme de contrat (endenture servants) etc.

    Tout le reste n’est que mensonge! Lisez donc la fable des abeilles https://www.institutcoppet.org/wp-content/uploads/2011/01/La-fable-des-abeilles.pdf et vous comprendrez mieux la réalité philosophique de l’Angleterre « libre »!

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