Nantes : la « rupture démocratique » est en marche

A moins d’un an des élections municipales, les insoumis causent beaucoup. Ils comptent bien faire accepter leur « programme » par les autres forces de gauche. Encore faut-il être en mesure de dominer les socialistes. Seuls les électeurs – et les sondeurs – connaissent la réponse.

Il faudra s’y faire. Pour les élections municipales de mars 2026, les militants insoumis défendent un grand objectif : la « rupture démocratique ». Pour ce faire, à Nantes, ils proposent un programme « de rupture et populaire ». D’où un catalogue qui va de mesures concrètes (« le retour de conciergeries dans les quartiers pour avoir un interlocuteur quand il y a de petits travaux à réaliser ou lorsque des dégradations ont été commises »), au refus d’installer des caméras de surveillance. Bien entendu, la question de la sécurité en général et du trafic de drogue en particulier ne les intéresse pas. Pourtant, c’est une préoccupante dominante dans les « quartiers »…

Pour William Aucant, conseiller régional des Pays de la Loire, et Marina Ferreruela, suppléante du député Andy Kerbrat (Nantes centre), tous deux chefs de file des Insoumis à Nantes, la campagne a donc démarré. Reste la grande question : les Insoumis présenteront-ils une liste autonome au premier tour ? « On ne s’interdit rien, on a besoin de voir où en sont nos partenaires de gauche », répond le premier (Ouest-France, Nantes, mardi 17 juin 2025). Quid de ce programme  riche de 650 mesures ? « La présentation de ce programme, c’est le démarrage d’un débat dans l’espace public. On est en attente de ce que vont proposer les autres forces politiques. On a besoin de ce débat sain et de savoir si les autres forces humanistes s’engagent vers la rupture. Chacun décidera s’il veut y aller seul ou pas. Mais la question, c’est aussi de savoir si les sortants cherchent également à se réinventer », ajoute-t-il (Presse Océan, mardi 17 juin 2025). « Si accord il y a, ce sera un accord programmatique », complète Marina Ferreruela (Presse Océan, mardi 17 juin 2025).

Voilà la règle valable pour le premier tour. Pour le second, les insoumis semblent décidés à présenter les mêmes exigences : « S’il y a une union de second tour, le programme qui sera présenté sera un programme accepté par toutes les forces qui composent cette union. Chez Les insoumis, il n’y a pas de renoncement : on dit ce qu’on fera et on fera ce qu’on dit », insiste William Aucant (Presse Océan, mardi 17 juin 2025). Dans ces conditions, on souhaite bien du plaisir à Johanna Rolland (PS), la maire de Nantes, car « ce programme amorce un débat politique avec les autres forces de gauche », comme le dit si bien William Aucant (Ouest-France, Nantes, mardi 17 juin 2025). Or, tout le monde sait que  socialistes et insoumis sont en désaccord sur énormément de points… On peut même dire qu’ils se détestent… Négocier avec le tandem Aucant-Ferreruela ne sera pas de la tarte pour Mme Rolland…

Les sondages décideront de l’union ou de la désunion

En réalité, tous ces discours ne sont que des paroles verbales. Tout dépendra des sondages portant  sur les intentions de vote qui seront effectués en janvier, voire avant ; ils donneront la température. A qui le rapport de force sera-t-il favorable à gauche ? Si les insoumis apparaissent  indispensables, incontournables pour fournir une majorité à Johanna Rolland, cette dernière sera obligée de courber l’échine et d’avaler leurs exigences ; ils deviendront des “alliés“. Paris vaut bien une messe, disait Henri IV ! Sinon elle pourra se dispenser de leurs services et les renvoyer dans les cordes ! Et puis, au second tour, les électeurs insoumis du premier sauront faire fonctionner le « front républicain » pour faire barrage à la droite, sans que des consignes de vote leur soient données. Des renforts que Johanna Rolland récupèrera sans difficulté.

Les insoumis font faire de la gonflette 

Bien entendu, les insoumis font faire de la gonflette ; ils feront valoir qu’au premier tour de l’élection présidentielle d’avril 2022, Jean-Luc Mélenchon était arrivé en tête à Nantes avec 33,03 % des suffrages exprimés (48 161 voix), tandis que la candidate socialiste Anne Hidalgo se classait septième (2,56 %, 3 727 voix) – elle réalisait l’exploit de faire moins bien qu’Eric Zemmour (6,17 %, 8 990 voix) ! Mais ils s’empresseront d’oublier le résultat des élections européennes ; en effet deux ans plus tard (juin 2024), la première place revenait à la liste conduite par Raphaël Glucksmann (PS-Place publique) qui recueillait 25 234 voix (23,77 %), devançant celle dirigée par l’insoumise Manon Aubry (16 373 voix, 15,42 %). Les partisans de Mélenchon ne peuvent donc pas prétendre dominer la gauche nantaise. D’autant plus que la dégradation de l’image de La France insoumise est importante. C’est ce que rappelle Brice Teinturier, directeur général délégué d’Ipsos : « 26 % seulement des Français estiment fin 2024 que La France insoumise est capable de gouverner le pays. C’est six points de moins qu’il y a un an, un niveau faible et qui la situe au dernier rang des partis politiques. » Il ajoute même que « pour 63 % de nos compatriotes, elle constitue “un danger pour la démocratie“. Plus six points en un an et  un jugement critique maintenant bien supérieur à celui du RN, qui lui obtient 50 % d’adhésion “seulement“ à une telle affirmation, moins deux points. » (Le un hebdo, 25 juin 2025). Voilà qui devrait arranger les affaires de Johanna Rolland et fort peu celles de Aucant-Ferreruela…

Bernard Morvan

Illustration : DR
[cc] Breizh-info.com, 2024, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

Cet article vous a plu, intrigué, ou révolté ?

PARTAGEZ L'ARTICLE POUR SOUTENIR BREIZH INFO

6 réponses à “Nantes : la « rupture démocratique » est en marche”

  1. Domper catalan français dit :

    LFI a gagné des sièges ou des mairies grâce aux voix du PS voire aussi des macronistes selon la formule  » tout sauf le RN  » ! Aucun parti de gauche n’est capable à ce jour de gagner seul…sous prétexte de débat démocratique sur les programmes des forces humanistes, on va assister, comme dab’, à une cuisine politicienne de circonstance, chacun défendant sa place et ses privilèges, spécificité typiquement française.

  2. Pschitt dit :

    Votre analyse met face à face socialistes et insoumis en ignorant totalement les écologistes, qui sont pourtant une composante majeure de la gauche nantaise. Or c’est plutôt eux qui ont en main les cartes essentielles. Ils pourraient choisir d’y aller seuls ou de s’allier au premier tour soit avec les uns, soit avec les autres. Là aussi, les sondages en décideront ! L’hypothèse du statu quo avec liste d’union dès le premier tour pourrait bien être la moins probable, car ce serait donner d’avance la victoire à Johanna Rolland alors que les verts pourraient prétendre à s’asseoir dans son fauteuil. Côté insoumis, un aspect que vous n’avez pas factorisé mais qui pourrait quand même entrer en ligne de compte est la médiocrité de leurs candidats éventuels. Il y a des personnalités respectées chez les socialistes et chez les écologistes, on les cherche en vain à l’extrême-gauche. L’affaire Andy Kerbrat a fait du tort aux insoumis, pas tant à cause de la drogue qu’à cause de la faiblesse de caractère démontrée par le député dans la circonstance.

  3. JLP dit :

    « On a besoin de ce débat sain et de savoir si les autres forces humanistes s’engagent vers la rupture ». Comment Bernard Morvan peut laisser passer cette phrase sans la souligner. L' »humanisme » de LFI ! Autant dire que Pétain était social-démocrate !

  4. Raymond Neveu dit :

    Ah on est loin de Nantes fief rouge, le PC et les Anar avec les Chantiers…et les « gens convenables » qui portaient avec des modérés une majorité de gens acceptables à la mairie!

  5. patphil dit :

    lfi fera partie de la coalition des gauches, malgré les dires des dirigeants actuels du ps! hypocrites et gamelards

  6. creoff dit :

    Nantes socialo-bobo-ecolo est devenue la caricature d’elle même. Une ville qu’on fuit autant que possible. Des embouteillages infinis, des agressions, de l’insécurité partout. L’ideologie et la dépense publique pour promouvoir la culture woke destructrice marquent la ville. En test, essayez la rampe d’accès à une seule file pour l’entrée au nouvel hopital..ou mourrez tout de suite, ça économise..

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

ARTICLES EN LIEN OU SIMILAIRES

Local, NANTES, Politique

Nantes : les écolos sont préoccupés par le « vent réactionnaire »

Découvrir l'article

Insolite, Politique

Le Havre : un étonnant ticket LFI pour les municipales !

Découvrir l'article

Ensauvagement, Local, NANTES, Société

Nantes : les policiers municipaux veulent être armés

Découvrir l'article

Politique, Sociétal, Société

La Meute : le livre choc sur l’horreur LFI (2-la cour et l’aveuglement)

Découvrir l'article

Politique

VA Plus se paie le leader de la France Insoumise avec « Mélenchon : itinéraire d’un DANGER public » [Vidéo]

Découvrir l'article

Politique

Tentative de censure de la presse et terreur rouge à l’Assemblée nationale : quand l’extrême gauche panique, elle exige l’interdiction

Découvrir l'article

Local, NANTES, Politique

Nantes / Les écologistes sont les « meilleurs » amis de Johanna Rolland (PS)

Découvrir l'article

A La Une, NANTES, Politique

Foulques Chombart de Lauwe, candidat à la mairie de Nantes en 2026 : « Pour Johanna Rolland, un délinquant est toujours d’abord une victime » [interview]

Découvrir l'article

A La Une, Local, NANTES

Nantes Métropole renie son géopoliticien vedette

Découvrir l'article

NANTES

Nantes : Coups de feu dans le quartier Bottière

Découvrir l'article

PARTICIPEZ AU COMBAT POUR LA RÉINFORMATION !

Faites un don et soutenez la diversité journalistique.

Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur Breizh Info. Si vous continuez à utiliser le site, nous supposerons que vous êtes d'accord.

Clicky