George Best, l’éternel prodige de Belfast : la BBC lui consacre un documentaire 20 ans après sa mort

Vingt ans après la disparition de George Best, la BBC s’apprête à diffuser un documentaire rendant hommage à l’un des plus grands génies du football, enfant de Belfast devenu icône mondiale. Le projet, intégré à la série True North de BBC Northern Ireland, promet un regard touchant et vivant sur l’héritage laissé par le célèbre numéro 7 de Manchester United et de l’Irlande du Nord.

Une légende toujours vivante

Décédé en 2005 à l’âge de 59 ans des suites de complications liées à un traitement immunosuppresseur après une greffe du foie, George Best n’a jamais quitté le cœur de ses admirateurs. Des milliers de fans entretiennent sa mémoire à travers des sites internet, des événements commémoratifs, des objets de collection… et des maillots à son effigie. Récemment encore, un trophée de joueur de l’année attribué à Best s’est vendu aux enchères pour 26 000 livres sterling.

Le documentaire va au-delà de la gloire des stades. Il revient aux racines du mythe : les réalisateurs ont suivi une équipe de jeunes footballeurs qui évoluent à deux pas de Burren Way, rue de l’enfance de Best, et qui portent fièrement des maillots ornés de son visage. Le réalisateur s’est également rendu à l’ancienne maison du joueur, aujourd’hui transformée en Airbnb à thème, où s’entassent souvenirs de famille, photos de vacances et bulletins scolaires.

Mémoire vivante et ferveur populaire

Les caméras de la BBC ont aussi capté l’émotion des fans venus célébrer ce qui aurait été l’anniversaire de George Best, au cimetière de Roselawn. Parmi eux, Andy Bowen, Gallois passionné qui se revendique « fan numéro un » du « Belfast Boy ». Il anime une page Facebook dédiée à la mémoire du joueur et continue de faire vivre sa légende auprès des nouvelles générations.

Les équipes du documentaire l’ont accompagné jusqu’à l’école primaire Nettlefield, dans l’Est de Belfast, là où tout a commencé. Elles ont également rencontré Darran Fee, entraîneur des moins de 13 ans des Cregagh Wanderers, une équipe locale fière de perpétuer l’héritage footballistique de leur héros.

Aucune date de diffusion n’a encore été annoncée, mais l’émotion est déjà palpable en Irlande du Nord, où George Best demeure une figure populaire, aussi aimée pour son génie balle au pied que pour ses excès et ses failles humaines. Véritable légende tragique, il incarne à lui seul tout un pan de l’histoire du football britannique — celui où le talent pur, souvent indompté, touche au sublime.

« When I die and they lay me to rest, I’m gonna go on the piss with Georgie Best ! »

George Best, génie flamboyant du football et légende indomptée de Belfast

Il était à la fois virtuose du ballon rond, enfant rebelle des quartiers populaires de Belfast, et icône tragique du sport britannique. Vingt ans après sa disparition, George Best reste l’une des figures les plus fascinantes de l’histoire du football. Entre grâce sur le terrain et dérives dans la vie, son parcours demeure inclassable et bouleversant.

Né en 1946 dans une famille ouvrière protestante du nord de l’Irlande, George Best est repéré à 15 ans par un recruteur de Manchester United. Le télégramme envoyé au légendaire entraîneur Matt Busby est sans équivoque : « J’ai trouvé un génie ». Il débute en professionnel à 17 ans et électrise rapidement les stades par son dribble irrésistible, sa vitesse et sa créativité. L’Europe découvre ce phénomène en 1966, lorsque Manchester écrase Benfica en Coupe d’Europe. Deux ans plus tard, Best devient Ballon d’or, consacrant une année exceptionnelle ponctuée par une victoire européenne.

George Best ne se contente pas de briller sur le terrain. Il incarne aussi, dès les années 60, une nouvelle ère du footballeur star : fringant, provocateur, adoré par la jeunesse britannique. Surnommé le « cinquième Beatles », il collectionne les unes de la presse à scandale autant que les buts. Son aura dépasse le sport : pub, cinéma, mode… Georgie Boy est partout, et les filles comme les photographes se battent pour un instant à ses côtés.

Mais derrière les flashs et les acclamations, les démons s’installent. Très tôt, Best glisse dans l’alcoolisme. Loin de l’autorité de Matt Busby, il s’isole, rate les entraînements, explose en plein match, parfois même en état d’ébriété. En 1974, à seulement 27 ans, Manchester United le congédie. Commence alors une errance sportive : Irlande, Afrique du Sud, États-Unis, Écosse, Australie… Partout, on espère un miracle, un éclair de génie. Il y en aura, mais de plus en plus rares.

Sa retraite sportive ne signifie pas la fin des excès. Emprisonné pour ivresse, ruiné, multipliant les rechutes malgré une greffe du foie, Best confiera lui-même avoir échoué à devenir l’homme qu’il rêvait d’être. Commentateur pour la télévision dans les années 1990, il tente de se reconstruire mais sombre à nouveau. Il s’éteint en 2005, à 59 ans, dans une chambre d’hôpital londonienne. À Belfast, son cortège funèbre rassemble plus de 300 000 personnes.

George Best n’a jamais disputé de Coupe du monde, et pourtant il a marqué des générations. Pelé le cite comme le meilleur joueur qu’il ait vu, Maradona en a fait une idole, et Cristiano Ronaldo, qu’il considérait comme son digne héritier, en a été honoré. Le stade de Windsor Park lui rend hommage, son ancienne maison est devenue lieu de mémoire, et l’aéroport de Belfast porte désormais son nom.

George Best n’était pas qu’un footballeur. Il était une étoile filante, brillante et douloureuse, dont l’ombre plane toujours sur les pelouses et dans les cœurs. Il avait résumé lui-même son destin avec une ironie féroce : « J’ai claqué beaucoup d’argent dans l’alcool, les filles et les voitures. Le reste, je l’ai gaspillé. »

Quelques phrases chocs (genre des phrases chocs) du célèbre joueur nord irlandais.

“Mon rêve, c’était d’éviter la sortie du gardien, de m’arrêter juste avant la ligne de but, de me mettre à quatre pattes et de pousser le ballon de la tête dans le but. J’ai failli le faire contre Benfica en finale de la Coupe d’Europe 1968. J’avais dribblé le gardien mais au dernier moment, je me suis dégonflé. J’ai eu peur que le coach fasse une crise cardiaque.”

“J’ai dit un jour que le QI de Gazza (surnom de Paul Gascoigne) était plus petit que le numéro de son maillot et il m’a demandé ‘Qu’est-ce qu’un QI ?’.”

“J’arrête de boire mais seulement quand je dors.”

“Si j’avais été moche, jamais vous n’auriez entendu parlé de Pelé.”

“EN 1969 j’ai arrêté les femmes et l’alcool, ça a été les 20 minutes les plus dures de ma vie.”

“Dix heures pour quarante pintes, j’ai battu mon record de 20 minutes.”

Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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