Il pleuvait des hallebardes et des promesses ce dimanche matin entre Lauwin-Planque et Boulogne-sur-Mer. Sur la carte postale : 209 kilomètres, des côtes en rafale, des pavés en embuscade, et la rumeur tenace d’un feu d’artifice pour puncheurs. Mais sur le bitume trempé du Boulonnais, c’est finalement un pétard mouillé que le peloton a offert aux amateurs de cyclisme incandescent. Le Tour avait préparé le soufflé, les coureurs l’ont servi tiède.
On avait annoncé la grande messe des audacieux : le duel des rois en petit comité, des relais assassins, des regards en coin et des jambes en feu. On espérait une corrida sauvage entre Pogacar, Vingegaard, Evenepoel et les siens, avec les Français Grégoire et Vauquelin en toreros téméraires. On a eu un ballet maîtrisé, millimétré, où chacun a dansé sans transpirer. Les routes détrempées ont anesthésié les ardeurs, et la météo a eu raison des velléités de panache.
La seule lueur venue percer la brume fut ce numéro clinique de Mathieu Van der Poel, vieux sorcier des pavés devenu maître de la discipline flandrienne sur route sinueuse. Il a jailli dans les derniers mètres comme un souvenir de Mûr-de-Bretagne en 2021, déposant Pogacar et Vingegaard avec la même assurance que le facteur distribue le courrier : proprement et sans bavure.
Pogacar, en bon gestionnaire de sa dynastie, n’a pas tenté de trône : il se contente du maillot à pois et d’un second souffle. Vingegaard, dans un style étonnamment offensif, a semé quelques frissons, mais la descente où il espérait glisser vers la gloire n’a débouché que sur un podium. Les Français ? Présents, vivants, vaillants : Grégoire 4e, Alaphilippe 5e, Paret-Peintre 7e. Mais l’étincelle du Tour ne s’enflamme pas avec des places d’honneur. Il manque encore l’imprévisible, la déraison, le poème.
Le quatuor de baroudeurs – Armirail, Fedorov, Leknessund, Van Moer – a pris le large comme on part à la pêche, mais n’a ramené que du vent dans les filets. Repris à 50 km de la ligne, ils auront au moins égayé les écrans embrumés de ce dimanche de juillet.
Le final autour de Boulogne n’a pas trahi sa réputation : un ensemble de mur déguisés, propices aux funambules de l’explosivité. Van der Poel en a fait son perchoir. Un jaune lui va bien au teint.
Demain, Dunkerque. Du vent, des rails et des sprinteurs en embuscade
Ce lundi 7 juillet, la troisième étape du Tour reliera Valenciennes à Dunkerque, sur 178 kilomètres de plaine, de faux plats et de guets-apens éoliens. Sur le papier, c’est le royaume des sprinteurs. En réalité, le vent décidera. Si Éole s’en mêle, on pourrait retrouver les bordures, les cassures, les noms qui s’éloignent au classement comme les mouettes à marée basse. Si le vent est timide, ce sera un long défilé, un train de plomb menant au sprint royal.
Tim Merlier, en homme du nord, guette l’occasion de se racheter. Jonathan Milan, frustré de la première étape, rêve d’un rattrapage à l’italienne. Jasper Philipsen, délesté de son jaune, pourrait retrouver ses jambes de feu.
Mais la courbe finale de Dunkerque, invisible jusqu’à 100 mètres de la ligne, pourrait couronner l’audacieux, le malin, le patient. Le genre d’arrivée où le timing pèse plus que les watts, et où la victoire se joue à l’intuition plus qu’à la puissance.
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Une réponse à “Tour de France 2025, deuxième étape. Van der Poel surgit d’un dimanche pluvieux, brumeux et un brin ennuyeux”
S’agit-il d’une Poêle à induction? Jadis nous avions l’équipe de France mais aussi des équipes régionales…les ancêtres doivent se souvenir? Robic qui finit gérant d’une brasserie à Montparnasse!